Jean Klein : Une autre perspective

Je vous propose une expérience intéressante qui vous fera mieux comprendre ce que je vous expose. Allez un soir à un concert écouter une musique qui vous plaît. Elle vous semble attrayante, merveilleuse, extraordinaire, elle vous bouleverse. Vous êtes donc pleinement attentif. — Le rideau se ferme. — Vous êtes alors renvoyé à vous-même puisque vous n’avez plus de prise, Tout dynamisme de saisir est éliminé et se perd dans votre conscience. On se sent être présence, sans pourtant l’appréhender, la fixer, on se sait intuitivement vivre en harmonie, dans la réalité. Je ne sais si vous me suivez ? Apprenons à regarder sans affects notre vie, notre environnement. Les situations, tout ce qui apparaît prend alors une tout autre signification, une autre perspective. Nos affectivités nous font bâtir un monde illusoire, en nous et autour de nous. Sans ces fantasmes, ce sont les choses qui nous saisissent, elles ne se rapportent plus à un point de vue, mais à la globalité et le changement se produira grâce à la compréhension ainsi obtenue. Si vous voulez vous libérer de la peur, de l’inconfort, regardez-les lucidement, sans fuir, acceptez ces perceptions afin de les traverser, les dépasser ; ne les refusez pas, afin de leur donner l’occasion de finalement vous révéler la présence qui est vôtre.

Michel Triet : Échos d'ailleurs

Et soudain, stupéfait, j’ai la révélation : je n’ai envie de rien. Pas la moindre envie d’avoir, de connaître ; pas le moin­dre désir, le moindre souhait, le moindre espoir. Je n’ai pas faim, je n’ai pas soif. Je n’ai besoin de rien, je suis plein. Quel étonnement de vivre ce bonheur comme étant solidaire du détachement. Tout est là et j’ai tout. Quelle merveille !

La découverte de la vie dans ma vie Un entretien avec Jeanne Guesné

Un enfant né à six mois et demi ne vivra pas; à sept mois on le mettra en couveuse et il vivra. De même pour un bouton de rose sur le rosier: si on sait quand et à quelle hauteur de la tige le couper et que l’on met cette tige dans l’eau, la fleur s’épanouira. Cela se situe précisément dans le temps et dans l’espace. Quelques millimètres en amont ou une journée plus tôt, la fleur serait morte. Et bien pour nous c’est pareil; c’est ici que le travail doit se faire. Seulement nous l’oublions constamment, préoccupés par des notions de rendement, d’efficacité, de techniques qui ont, certes, leur utilité. Mais servons-nous d’elles et ne nous laissons pas prendre par elles. N’oublions pas, encore une fois, que l’homme a un rôle à jouer, qu’il n’est pas là pour rien.

René Fouéré : Une parenthèse métaphysique

Quelque chose est là, éternellement là, caché sous le manteau des apparences, et qui est l’être même, la substance de l’être et l’essence de tout. Cette essence est là depuis toujours. Un « toujours » qu’elle a inventé, de même que l’espace, cette autre illusion de la fragmentation apparente de l’être. Mais ni le temps ni l’espace, qui sont ses fabrications engrenées, ne peuvent menacer son essentiel, son immuable « être-là ».

Robert Linssen : Importance de vivre au présent

Certaines expressions, telles « vivre l’instant » ou « vivre intensément », sont devenues des slogans à la mode. Mais qu’en fait-on ! Nombreux sont ceux qui n’ont pas la moindre idée de l’inspiration profonde qui préside à des expressions telles que « être présent au présent » ou « vivre intensément », « vivre l’instant », etc. La « vie véritablement intense » n’est pas seulement extérieure. Certes, il n’est pas impossible d’exercer une qualité d’attention d’une certaine acuité dans une vie active. Mais il est très probable que celle-ci soit « périphérique » et s’éloigne de la sérénité des profondeurs. Vivre intensément l’instant demande aussi le silence et une vacuité conférant à l’intensité un caractère intérieur.

Robert Linssen : Part d’effort, de détente et de spontanéité dans le yoga et la méditation

La tradition nous rapporte que les yoguis méditant au bord des torrents descendant des neiges himalayennes observaient attentivement les mouvements continuels d’avance et de recul des jeunes poissons dans l’eau. Les alevins remontaient constamment le courant rapide du torrent. Toute leur vie durant ils nageaient à contre-courant du sens de la descente des eaux. Les yogins ont transposé cette image dans l’enseignement de la pratique du yoga et de la méditation.