Jean Chevalier : 6 Livres pour redécouvrir les symboles

Le sens des symboles s’est atrophié dans la conscience contemporaine, du fait surtout de la prédominance des sciences exactes et des techniques. Comme des eaux souterraines comprimées, ils rejaillissent aujourd’hui. Le succès de l’exposition « le Symbolisme en Europe », à Paris, au Grand Palais, en 1975-1976, en fut un éclatant témoignage. Déjà, la psychanalyse, l’ethnologie, la linguistique, la secousse surréaliste, la révolution culturelle du désir, l’irruption des vagues orientalistes, l’apparition d’une nouvelle gnose, la rébellion des « nouveaux philosophes » et les déconvenues des prétentions positivistes quant au sens et aux finalités de la vie humaine ont remis en lumière l’importance méconnue des symboles.

A.-M. Cocagnac : De la pop-music au grégorien

Descendre dans l’abîme du son n’est pas une aventure extérieure. C’est une plongée dans l’espace intime du cœur. Tout ce que l’homme refoule et, bien au-delà, tout ce qu’il ne peut atteindre par la petite échelle du langage interne s’ouvre brusquement devant lui comme le gouffre sous les pieds d’un spéléologue à bout de corde. Le son apparaît alors non plus comme une vibration mesurable mais comme la tentation d’un voyage au plus profond de l’âme. Il y a tout lieu de croire, de craindre, que ce voyage soit sans retour.

A. - M. Cocagnac : L'église et les mystères perdus

L’homme connaît, au cours de sa vie, plusieurs âges critiques. « Critique » signifie ici « qui contraint à choisir ». L’adolescent, l’adulte, l’homme sur son déclin se trouvent acculés à de telles déterminations. Cette « critique » alors semble dure, elle suppose des éliminations douloureuses. Elle doit écarter le relatif pour découvrir l’essentiel. L’enfant abandonne un certain droit au jeu, l’homme mûr quelques illusions du pouvoir et le vieillard l’espoir d’être temporellement immortel. L’Eglise connaît aujourd’hui un âge critique : c’est la preuve de sa vie. Si le terme d’autocritique n’était pas, parfois, si malsonnant, il faudrait l’appliquer à l’urgent discernement qui s’impose maintenant à sa conscience.

Maryse Choisy : Symboles et mythes

Nous oublions que les mythes valent ce que valent les hommes qui les nourrissent. Nous oublions que le mythe est une projection extérieure du conflit entre les instincts de vie et les instincts de mort, du conflit amour-haine, au plus secret des âmes. Voilà pourquoi tous les mythes cultivent l’amour pour certains êtres et la haine pour les autres. Il leur faut des alliés et des ennemis. « Dans les ennemis ils rangent tous ceux qui s’opposent à la convention mythique, soit par leurs actes, soit par leur existence même, soit parce qu’ils ont le malheur de prouver que le système auquel on a besoin de croire, ne s’impose pas rationnellement à toutes les intelligences. »

Fritjof Capra : Physique moderne et spiritualité orientale

La vision mystique — et j’ajoute tout de suite qu’il y a des mystiques aussi bien en Occident qu’en Orient — semble néanmoins plus répandue en Orient qu’en Occident. Pour simplifier, j’appellerai donc la vision mystique la vision orientale. Celle-ci est une vision « organique » que l’on pourrait désigner comme « écologique ». Pour le mystique, toutes les choses et tous les phénomènes que nous apercevons avec nos sens sont interconnectés, interdépendants et ne sont en fait que des manifestations d’une même Réalité ultime.

Maryse Choisy : La psychologie du radja yoga et ses techniques mentales

Il est une expérience mystique naturelle de première importance : c’est la saisie de l’âme non seulement dans l’exercice de ses opérations spirituelles, mais dans son fond spirituel lui-même. Le grand paradoxe de la condition humaine, c’est que l’esprit y soit naturellement rendu mystérieux à lui-même par son incarnation et l’extraversion qu’elle entraîne. Le R. P. Gardeil a montré comment l’expérience mystique surnaturelle implique une radicale conversion, un passage de l’extra- à l’introversion.

A.-M. Cocagnac : Expérience spirituelle de la maladie

La science a imposé une image quasi mécanique de l’univers. De nos jours cette image est devenue si abstraite que l’homme ne sent plus sa place dans le cosmos, parce qu’il se perçoit lui-même comme une réalité concrète, organique, vivante. Il ne reconnaît plus sa place dans un ensemble dévitalisé, le ciel de Copernic ou celui des physiciens contemporains. Un signe de cette angoisse est l’intérêt surprenant que portent nos contemporains à la pluralité des mondes habités. Le goût des OVNI, des extra-terrestres, les mythes littéraires de la science-fiction constituent un document impressionnant. Ce dossier est celui d’un effort incroyable pour pallier le mal éternel qui est aussi celui du siècle : la peur.

Jean Chevalier : Déchiffrer les nouveaux philosophes

Ce pessimisme historique conduirait au nihilisme s’il n’était contrebalancé par une éthique, née de ce pessimisme même, qui ne se contente pas de rejeter le pouvoir, mais le dénonce, le débusque, le combat par la parole. Ce n’est pas non plus anarchie. C’est l’instauration d’une parole libératrice au cœur des citadelles de l’autorité, une dissonance criante dans la fausse harmonie des contraintes. Le logos stoïcien était un principe d’ordre dans un monde chaotique, le logos de la nouvelle philosophie est un principe de contestation dans un monde trop ordonné.