L'ésotérisme décrypté entretien avec Raymond Abellio

(Extrait de la revue Autrement : La science et ses doubles. No 82. Septembre 1986) Je vous laisse le soin de vous présenter aux lecteurs… Raymond Abellio. – Je vais avoir soixante-dix-huit ans. Ancien poly­technicien, ancien ingénieur des ponts et chaussées, j’ai d’abord été, en politique, un militant révo­lutionnaire. Une action complexe qui m’a valu certains […]

Jean Malye : Humanisme

On peut se sentir un homme libre et d’esprit humaniste dans n’importe quelle profession. Toutefois, celle du médecin paraît être privilégiée. Le médecin a dû faire de longues et difficiles études, se fami­liariser non seulement avec les sciences exactes mais encore — et pleinement — avec toutes les sciences naturelles. Car il s’agit de connaître l’homme, l’animal humain, sa structure la plus com­plexe — il s’agit de connaître tout ce qui venant de lui-même et de l’extérieur est capable de ruiner son équilibre, de le rendre « malade », et il s’agit enfin de connaître et de rechercher tout ce qui peut rétablir son équilibre et le guérir…

Paix n'est pas tranquillité. Entretien avec les frères Gilles et Siloane de l'abbaye cistercienne de Lérins

Car il y a un désir qui est trop grand. On vient trouver Dieu, on sait très bien que c’est là que l’on est en plénitude, que l’on trouve la paix établie et que tout ce qui est déséquilibre, tout ce qui est dispersion, tout ce qui est peur, inquiétude, disparaîtra. Entre le désir de vraiment aimer (on est là pour ça) et le concret de tous les jours, il y a une lutte. Seul, je crois que l’on ne s’en sort pas ; je crois vraiment que le moine qui veut s’en sortir tout seul s’il ne s’appuie pas sur Dieu est foutu. Et l’on en fait l’expérience vraiment quand on commence aussi à s’appuyer sur soi-même.

Bill Wapepah : Une relecture de la création

Ce dont je parle va bien au-delà des mots écologie ou environnement de la nature-mère : cette terre est une femme, toutes les plantes qui poussent sur elle sont ses cheveux. L’eau est son sang et nous sommes ses petits-enfants. Nous avons, nous aussi, des plantes sur la tête, de l’eau et des fleuves à l’intérieur de notre corps.

Le temps c'est la pensée, entretien avec Robert Powell

En somme, la conscience sans choix doit naître sans aucune pression de l’esprit, spontanément; autrement, elle n’est pas « sans choix ». Examinez tout d’abord la question de motivation, et voyez si votre conscience sans choix est le moyen d’arriver à une fin, ou si c’est une fin en soi pour vous. Si tel est le cas, vous serez en présence de justes assises. Ne tentez pas alors de « retenir votre jugement, » c’est impossible; si vous essayez de le faire, vous ne ferez que refouler la pensée et donner plus de force à l’esprit subconscient. N’essayez pas d’être conscient. Soyez-le. Faites-en l’expérience, jouez avec, et voyez ce qui se produit; personne ne peut vous le dire, et si quelqu’un vous le disait, cela n’aurait aucune valeur pour vous. N’en faites surtout pas un problème; nous en avons déjà assez comme ça !

Danielle Riche Monteillard : Pour qu'à l'école la joie demeure

Sans la connaissance de l’essence de l’être humain, l’adulte ne peut pré­tendre guider l’enfant. Ne peut être maître que celui qui est né à lui-même, qui a rencontré la loi du monde au-dedans, qui s’est exercé à sa propre unification. Rudolf Steiner disait en 1919 que le maître « doit être en mesure, lorsqu’il regarde un enfant, d’y voir le signe que cet enfant est descendu des mondes suprasensibles par la conception et la naissance, et que ce qui est descendu ainsi s’est revêtu du corps, s’appropriant ainsi quelque chose qui va l’aider à acquérir ici-bas dans le monde physique ce qu’il ne peut pas acquérir dans la vie entre la mort et une nouvelle naissance. Chaque enfant devrait apparaître à l’enseignant ou à l’éduca­teur comme une question que le suprasensible pose au visible »…

Zéno Bianu et Vincent Bardet : L'ivre livre

Ce n’est plus aujourd’hui un secret pour personne que le recours à des substances modifiant le champ de la conscience et provoquant l’émergence d’états de « réalité non ordinaire » est l’une des pratiques fondatrices de la culture humaine. Du chant chamanique universel aux univers déréalisants de Phi­lip K. Dick, du soma védique au moksha d’Huxley, de la dive bouteille à la grande beuverie, de la connaissance par les gouffres à l’algèbre du besoin, l’ivresse postule un voyage hors de l’horizontalité, une ouverture en deçà ou au-delà, vers ce que Ernst Jünger désigne comme le « Grand Passage », soit la destruction du temps par la complétude.

L'astrologie, entretien avec Arnold Waldstein

L’astrologie, en tant que science initiati­que, est une école de sagesse et de luci­dité ; elle peut aider en premier lieu des individualités à se réaliser, à mieux vivre dans une époque troublée et à certains égards très dangereuse, donc à réagir elle peut aussi avoir des applications mé­dicales importantes. En aucun cas, elle ne peut suppléer à la volonté de la person­ne. Toute application « séduisante » de l’astrologie est « satanique ». Le véritable astrologue est un poète : l’astrologie est l’articulation sensible du Verbe, elle joue les ragas de la trame des astres. Elle est recherche de la qualité, de l’harmonie : comment pourrait-elle être prédiction d’une machine pour des êtres sans être ?

Christian Charrière : J'ai peur de mon ombre

J’avais peur de mon ombre, j’avais peur de tout ce qui en moi n’était pas présentable : faiblesse, instinctivité, émotion et, tendues vers l’autre, jusqu’aux deux mains qui s’ouvrent sur le petit lapin blanc d’un amour. Je voulais avancer dans la vie d’une démarche impitoyable et sans rien qui me fît chanceler. C’est pourquoi, tel le héros de Chamisso, je m’étais séparé de mon ombre au premier carrefour. Mais on ne peut vraiment la répudier. À pas de loup elle revient vous assassiner au coin des bois. Mieux vaut l’accueillir en notre demeure et lui offrir ce qu’elle demande…