René Fouéré : Conscience intemporelle et futur psychologique ou technique

On pourrait dire que, dans et par son action instantanée, la conscience intemporelle du libéré, qui est aussi énergie, engendre le futur. Un futur qu’elle fait arriver — pour elle-même comme pour autrui — mais qu’elle n’attend pas, dont elle ne ressent pas le « besoin » car elle est déjà tout entière là. Dans l’ordre vital, au regard de sa perception totale des choses, le futur ne peut être pour elle qu’un présent auquel elle fait face quand, chronologiquement survenu, il est là. Elle n’espère pas en sortir agrandie et ne redoute pas d’être, par sa venue, diminuée.

René Fouéré : Le désir de sécurité, la pensée et ses images

Krishnamurti dit, en substance, que si la pensée forme des images, c’est parce que ces images, possédant une stabilité dans le temps, satisfont chez l’individu humain un besoin de sécurité que les êtres ou objets réels, qui sont toujours instables, ne parviennent pas à satisfaire au même degré. L’image, en somme, serait un masque rassurant, construit avec les éléments du passé, qui aurait pour objet de nous dissimuler les fluctuations réelles, souvent déconcertantes, sinon inquiétantes, des êtres et des choses présents. Il est certainement vrai que les images jouent ce rôle et que, par leur intermédiaire, la pensée, créatrice et manipulatrice d’images, est mise par l’individu au service de sa recherche d’un sentiment de sécurité.

René Fouéré : La vérité ne se conquiert pas

Si nous ne découvrons pas d’abord notre propre vérité, le sens de nos propres actions et intentions, toute autre vérité que nous essaierons d’appréhender sera faussée, pervertie, par nos tensions internes, nos préoccupations secrètes. Or, la découverte authentique de la vérité sur nous-mêmes n’est qu’un autre nom de cette illumination spirituelle qui éveille en nous un autre regard. Une telle illumination est donc la condition préalable à la découverte de toute autre vérité qui ne serait pas simplement formelle ou d’ordre purement technique.

René Fouéré : On peut porter jugement sur un acte mais non sur son auteur

C’est saint Augustin et saint Thomas d’Aquin qui, à des siècles de distance, se sont accordés pour dire — dans l’esprit des préceptes rapportés au chapitre 5, versets 38 à 48, de l’évangile selon saint Mathieu — que nous devions détester le péché, parce qu’il est haïssable à Dieu, mais aimer le pécheur, parce qu’il est notre prochain. Sans pour autant me référer, ni vouloir obéir, à des textes ou à des commandements bibliques, je m’accorderais, en un sens, avec ces docteurs de l’Eglise quant à cette double attitude, si difficile à observer, qu’ils demandaient aux chrétiens d’adopter à l’égard de la faute commise et de son auteur.

René Fouéré : Psychologiquement, ce n'est pas autrui qui me fait mal, c'est moi qui me fais mal avec autrui

Si nos contacts avec le monde n’ont pas le caractère irrémédiable, implacable, des phénomènes objectifs, si c’est la manière dont nous accueillons les incidents de notre destinée qui décide si, après les avoir traversés, nous nous retrouverons enrichis ou appauvris, libérés ou asservis ; si c’est, en dernière analyse, notre attitude intérieure qui déterminera le caractère que ces incidents auront finalement pour nous, alors, nous pouvons à tout le moins concevoir qu’emprisonnés par notre interprétation actuelle de notre expérience, nous pourrions être libérés par une interprétation neuve et insolite

René Fouéré : Liberté et amitié : caricatures et réalités

Quand on sait qu’un acte est malsain, dangereux pour son auteur, et pas seulement pour lui, on ne saurait aider cet auteur, même sous prétexte de lui être agréable — et avec l’insidieuse arrière-pensée de se concilier ses bonnes grâces — à y persévérer, à s’y asservir, s’y enliser. Ce n’est pas manifester, se donner une vraie liberté ; c’est contribuer, socialement, à donner un mauvais exemple, c’est se faire le complice d’un esclavage, d’un désordre générateur de morts et de graves souffrances.

René Fouéré : Tortionnaires conscients et inconscients

On insiste beaucoup sur l’ignominie des tortionnaires militaires désignés, dont on fait volontiers des « criminels de guerre »… quand ils se sont trouvé être dans l’autre camp ! Ces tortionnaires pouvaient d’ailleurs avoir eu l’« excuse » de s’être donné pour objectif de chercher à épargner les vies de leurs compatriotes, en arrachant à leurs victimes, par la torture délibérée, des aveux, d’ordre stratégique ou tactique, précieux pour la conduite de la guerre dans leur propre camp. Mais on est étrangement muet sur la culpabilité humaine des simples combattants, ces tortionnaires inconscients qui tiraient des obus ou lançaient des projectiles sur l’ennemi catalogué. Lesquels obus ou projectiles désarticulaient, brûlaient atrocement, détruisaient les corps sur lesquels ils s’abattaient.

René Fouéré : Les amours et l'amour – conditionnement et prise de conscience

Non seulement l’amour, tel que nous le connaissons, conduit à l’attachement, mais encore notre esclavage à l’égard d’autrui ou l’esclavage d’autrui à notre égard sont communément pris pour mesures de l’existence, de la force, de l’authenticité de l’amour. L’attachement dont nous sommes l’objet de la part d’autrui a d’autant plus de prix à nos yeux qu’il nous flatte, qu’il témoigne de la valeur qu’on nous attribue. Ce qui est très rassurant pour ceux d’entre nous qui sont assez attentifs pour se rendre compte qu’en profondeur ils ne se sentent jamais tout à fait sûrs d’être quelque chose. Au regard d’une notion pure de l’amour, d’un amour qui serait lumière, offrande et dévouement inconditionnels, il serait inconcevable qu’on pût se réjouir d’enchaîner autrui, de le rendre dépendant de soi, esclave de soi ! Un tel « amour » carcéral, qui ferait injure à la liberté, à la plénitude de l’autre, à son rayonnement, à son épanouissement, ne serait pas digne de ce nom.

Carlo Suarès : Entretien avec Krishnamurti

Nous savons tous que notre époque est explosive, que les moyens de l’homme, demeurés à peu de chose près constants pendant des millénaires, sont tout à coup multipliés des millions de fois ; que les calculateurs électroniques, pour ne mentionner que cela, deviennent d’heure en heure plus fantastiques ; que demain on ira dans la Lune ou ailleurs ; que la biologie est en train de découvrir le mystère de la vie et même de créer la vie. Nous savons que les données les mieux établies de la science s’écroulent ; que tout est constamment remis en question et que les cerveaux sont contraints et forcés de se mettre en mouvement. Nous savons tout cela ; il n’est donc pas nécessaire de revenir sur cet aspect de notre époque. Dans la confusion actuelle, l’homme est à la recherche d’une sécurité matérielle qui ne peut être trouvée que par des connaissances technologiques. Les religions sont devenues des superstructures qui n’ont guère une réelle importance dans les affaires du monde, cependant que les questions fondamentales demeurent sans réponse: le Temps, la Douleur, la Peur…

Robert Linssen : L'éveil ?

Les présentes réponses sont destinées à ceux qui sont sérieusement engagés dans le domaine de la recherche intérieure. Nos commentaires pourraient donner l’impression d’un caractère exceptionnel et des difficultés de l’Éveil. Rien ne devrait être plus simple et naturel que l’obéissance à la nature profonde de soi et des choses. Parce que nous sommes trop compliqués, il nous semble « compliqué » de réaliser la suprême simplicité.

Certains y arrivent spontanément sans le recours aux informations qui sont présentées ici. Tout simplement la « divine surprise » leur est arrivée parce que le moment était venu.

L’ère nouvelle est celle de la Plénitude de l’état sans ego…