Jean Klein : « Je » n'est pas un concept

Vous avez profondément ancrée en vous l’idée que chaque objet, votre environnement, sont distincts de vous, hors de vous. De même, la sensation, votre corps sont des objets parmi les autres pouvant être regardés comme séparés de vous. De ce poste d’observation purement mental, votre ego perd alors son opacité. Vous verrez ensuite que vos pensées, la pensée moi, vos émotions, sentiments de sympathie-antipathie, ne sont également que des objets perçus. Cette distancia­tion vous amènera à vous situer spontanément comme Ultime Connaisseur, et votre notion du moi perdra ainsi ce qui lui reste de substance. L’environnement conçu auparavant comme un amas d’objets se trouve transmuté. L’objet n’est plus un objet, il est désormais une prolongation, une extension, expression de la Conscience, du Soi. C’est le résultat d’une compréhension totale, d’une saisie instantanée. Cette expérience est d’une autre nature que l’assimilation qui procède par étapes.

Frédéric Lionel : La géométrie sacrée

La Géométrie Sacrée fait partie des sciences hermétiques puisqu’elle est la science des mystères de la nature. Or, l’un des grands mystères de la nature est la proportion d’extrême raison. Rendons-nous à l’évidence que cette proportion que Pacioli, ami de Léonard de Vinci, baptisa divine, et que Kepler nomma le « joyau de la Géométrie », se retrouve dans toutes les formes vivantes, mais aussi dans l’art de toutes les époques, dans l’architecture, fut-elle grecque, romaine ou gothique, ainsi que dans le Cosmos, nom grec pour ordre et harmonie. Rien n’est plus étonnant que la redécouverte de la science hermétique, également nommée science mystériale par la science contemporaine.

Jacqueline Kelen : Amour, acte de transfiguration

Tout se passe comme si, dans notre société occidentale, et dans une société patriarcale, les hommes parlaient du corps de la femme, de sa sensualité, de son plaisir, pour éviter de dire leur propre corps, leurs propres sensations. Le corps de la femme paraît renvoyer, plus qu’un miroir, une interrogation, voire une provocation à leur propre corps, à leur sensibilité. On sait comment, dans les religions monothéistes où la divinité revêt un aspect masculin et dans les sociétés gouvernées par des valeurs masculines, la femme, et d’abord dans son corps, a été étouffée, domestiquée, niée…

Une logique à trois termes, entretien Stéphane Lupasco et Chrisitne Hardy

Nous sommes dans un univers phy­sique et biologique ; nous avons également en nous une matière psychique. Il se peut que l’anti-univers soit une dominante biologique sur un dominé physique, alors qu’ici nous sommes une dominante physique sur un dominé biologique. On peut donc imaginer un troisième univers qui serait l’équi­libre des deux autres dans un état précisément de semi-actua­lisations, et de semi-potentialisations, physiques et biologiques. Il serait constitué de deux matières, mais comme dans le cerveau ou dans le noyau atomique, il se tiendrait dans un état d’équi­libre. Ce serait donc un troisième univers essentiellement psy­chique.

Jean-Yves Leloup : Une immense nostalgie

« Au moment de t’engager sur une voie, demande-toi si cette voie a un cœur », disait Don Juan, l’initiateur de Carlos Castaneda. Il ne s’agit pas ici du cœur physique, ni même du cœur affectif et émotionnel, mais du cœur comme centre d’intégration de toutes les facultés de la personne, ce cœur — « centre » de l’homme — dont témoignent à peu très toutes les grandes traditions religieuses de l’humanité.

Louis Lallement : Les mystères du Christ

Ce qu’on est convenu d’appeler la « vie mixte », définie idéalement comme faisant la synthèse de la contemplation et de l’action, trouve alors sa réalisation parfaite, les deux étant désormais aussi solidaires que la vie humaine et la vie divine en l’Homme-Dieu. Dans ces conditions, une pleine participation aux mystères du Christ peut être vécue au cours de la vie quotidienne et c’est ainsi qu’on en acquiert une pleine connaissance, recevant en même temps du Fils celle des secrets correspondants de la divine Sagesse.

Jean Klein : Qui suis-je ?

La question « Qui suis-je » est posée par un moi dans un état de conflit, et découle directement du Je Suis. La réponse existe avant que l’on ne se la pose, elle surgit de cette réponse. La question formulée ne comporte aucune réponse sur le plan où elle a été posée, car elle s’avère non formulable, impensable, et le dynamisme qui pousse à trouver la réponse sur le plan de la pensée, en fin de compte, se résorbe, s’éteint dans l’éternel présent du Je Suis, toute réponse.

Jean Klein : L'état méditatif

L’état méditatif, notre vraie nature, n’est pas à proprement parler un état, il est la substance, le support même de tout état, d’où rien ne s’anticipe, rien ne se projette, où il n’existe aucun dynamisme tendu vers un but, un résultat. Toute Présence silencieuse, il n’est ni intérieur, ni extérieur, il est non localisé physiquement ou psychiquement, hors de l’espace et du temps, il est Être.

Jean Klein : Le motif de l'existence

Le véritable motif de notre existence est d’être le Soi, seule perspective contenant une promesse de joie, de liberté, de paix. Beaucoup de démarches tendent vers ce vécu et l’une plutôt que l’autre convient à notre tempérament, mais il faut que la voie adoptée vise ce vécu réel, qu’on ne perde pas de vue que le Soi n’est pas une expérience mentale, psychique.