Katia Barbérian : Balzac

Ce qu’il faut noter, c’est que l’intérêt de Balzac pour ce qui relève de la télépathie, de la claire vue, du somnambulisme, de la bilocation, des extases, des apparitions etc., relève de ce que nous appellerions aujourd’hui la parapsychologie, et est effectivement susceptible d’un traitement scientifique. Les phénomènes télépathiques relèvent d’une analyse de la pensée en termes d’ondes, en termes physiques comme le pressentait Balzac. La cosmologie balzacienne repose en définitive sur l’exigence d’unité, et sur le refus d’admettre des dualismes qualita­tifs au niveau ontologique. Il fallait donc revenir sur le magnétisme comme principe moteur du système…

Robert Powell : Si la conscience ne choisit pas, qui donc est conscient ?

Maharshi nous exhorte constamment à poursuivre l’enquête « Qui suis-je? », « À qui cela arrive-t-il ? », et ainsi de suite, non parce qu’un tel « Qui » existe, mais parce qu’au cours de cette même recherche nous découvrirons son irréalité et que cette découverte mettra fin à la prévalence de l’ego. Puisque l’observateur en tant qu’entité psychologique n’est rien d’autre qu’un flux de pensées activées et maintenues par le désir, on voit déjà qu’un examen de ce qui arrive à cette entité en poursuivant la recherche du « Qui suis-je ? » doit être essentiellement la même chose que le processus de connaissance du soi dans une prise de conscience sans choix. Les deux enseignements ont comme commun dénominateur l’injonction suivante : « Trouvez d’abord qui est l’observateur, et tout s’ensuivra naturellement. »

Katia Barbérian : Baudelaire

Qu’y a-t-il dans la parole de Baude­laire qui nous concerne tant que nous sommes pris, dans notre essence même, au cœur de cette parole ? Quelle magie du verbe, de cette poésie dont il ne suffit pas de faire l’analyse littéraire, parce que la création est beaucoup plus que la simple littéralité? C’est en ce sens, précisé­ment, que le « mythe » de Baudelaire peut nous intéresser : image du poète « maudit », de la solitude, des abîmes, de la mort… Mais à quoi renvoie ceci qui n’est qu’une image et qui, comme toute image, relève de l’apparence ?

Daniel Couty : Gérard de Nerval

L’œuvre nervalienne se déroule selon un ordre, une logique et une raison qui transgressent le sens habituel de cette triade. La vie même de l’écrivain, tout entière tournée vers l’expérimentation du destin, porte déjà les stigmates de l’inspiré : la folie, niée « et je ne sais pourquoi je me sers de ce terme maladie » (Aurélia, I, 1), en même temps qu’affir­mée — cet ultime récit de Gérard n’est-il pas à sa manière une lecture de la folie ? — la folie seule donc a pu lui permettre de lire ce qu’il appelait « l’alphabet magique » de l’univers. Dès lors l’ésotérisme nervalien n’apparaît plus comme une donnée brute, comme un élément bizarre : il appartient en totalité à la tentative démiurgique d’un écrivain dont la « Genèse » n’aboutit qu’à la création d’un mythe personnel.

Katia Barbérian : Ésotérisme et littérature

La poésie est un creuset où les élé­ments de l’univers se rencontrent dans une fusion essentielle. C’est pourquoi notre manière d’aborder le rapport de la littérature et de l’ésotérisme est double, c’est pourquoi la réflexion sur le langage comme tel était indispensable. Ce rapport, dont il est question ici, n’est pas extérieur à la littérature ; il lui est coexistant, parce que le langage est tel qu’il est le contraire de la contingence ; il y a une nécessité à l’œuvre dans la parole poétique, nous dirions alors prophétique.

Jean-Louis Victor : Victor Hugo et les tables de Jersey

La plupart des grands penseurs, la plupart des grands hommes d’action ont collaboré avec l’occulte mais peu ont eu le courage d’en parler ou de faire état des preuves qui les ont convaincus de la réalité du monde invisible par le canal de la médiumnité. Ce qui est certain, c’est que toute grande œuvre à effet collectif est le résultat d’une collaboration étroite (consciente ou inconsciente) avec les intelligences suprahumaines…

Le sentiment de présence. Entretien avec Nisargadatta Maharaj (1981)

Il est inutile de vous concentrer sur cette présence, elle est toujours là. L’essence de vos actions, peu importe les­quelles, est le corps-nourriture. Laissez le corps-nourriture faire son travail mais comprenez bien que ce qui effectue le travail n’est pas vous, vous êtes uniquement le sentiment de présence. Quels que soient vos efforts, physiques ou intellectuels, il s’agira essentiellement d’efforts du corps-nourriture. Pour vous il n’y a rien à faire. Tout ce qui doit se produire se produira de lui-même, accompagné de la conviction d’être totalement à l’écart du corps et de l’intellect.

Gérard de Sorval : René Guénon ou la voie métaphysique

Le retour à la connaissance intégrale n’est possible qu’en revenant aux sources universelles de la métaphysique. Tout redressement n’est en effet possible qu’à partir d’un retour à la métaphysique pure : ce qui est métaphysique, c’est ce qui ne change pas, et c’est encore l’universalité de la métaphysique qui fait son unité essentielle, exclusive de la multiplicité des systèmes philosophiques comme de celle des dogmes religieux, et par suite de sa profonde immutabilité. Il ajoute que la métaphysique pure étant par essence en dehors et au-delà de toutes les formes et de toutes les contingences, n’est ni orientale ni occidentale, elle est universel­le…

Nisargadatta Maharaj - Un entretien en 1980

La mort est considérée comme une expérience terrifiante,comprenez ce qui se passe réellement ! Ce qui est né – la connaissance « je suis » – va finir. Cette connaissance, qui a été limitée par le corps, va soudain devenir illimitée. Qu’y a-t-il là d’effrayant ?