André Niel : Message krishnamurtien et doctrine marxiste

Vous parlez de la « complexité de la vie », et des contingences où elle s’exprime. Mais cette complexité n’est justement qu’apparente. La vie des individus est d’une effarante simplicité, car elle se réduit pour chacun à n’être qu’un rouage dans l’immense superstructure de la contradiction de l’homme par l’homme. Chacun de nous ne pense et ne vit encore — tout à fait primitivement — que par contradiction à ceci ou à cela, à ceux-ci ou à ceux-là : on est contre la religion ou contre l’athéisme, contre la bourgeoisie ou contre le prolétariat, etc… La tendance est universelle et sans doute spontanée. C’est pourquoi il est si difficile d’y échapper ! Et pourtant, là serait notre seule chance de salut.

André Niel : L’humain absolu

Adorer ou condamner, c’est, en effet, également diviser l’humain. Et le plaisir qu’on y prend, c’est toujours celui de la division. Car diviser, puis condamner l’un des termes de la contradiction, cela donne à bon compte l’illusion et la satisfaction d’agir — et même d’accomplir de grandes choses ! Quelle perte de saveur pour l’existence, si nous ne pouvions plus ni juger ni honnir, respecter ou condamner, adorer ni brûler !

André Niel : Krishnamurti et la révolution fondamentale

Ainsi donc y a-t-il, d’une part, l’homme faible et mortel et, d’autre part, l’homme aveugle sur les moyens de se rendre moins faible et moins mortel. Seulement notre révolte n’avait encore jamais concerné que notre état de faiblesse et de finitude. Or, l’homme, ayant tout de suite déclaré la guerre à sa misère, n’a fait que s’élancer contre lui-même. Si, donc, nous sommes conséquents avec nous-mêmes, notre révolte doit, aujourd’hui, dénoncer une telle contradiction…

Le déploiement de la matière et de la conscience, interview de David Bohm

Dans le domaine psychologique, la chose à réaliser ne peut pas être distinguée de celui qui veut la réaliser. Lorsque vous êtes impliqué dans une situation que vous ressentez fortement comme la colère et la peur, l’esprit qui essaie de regarder est profondément affecté par ce qu’il est en train d’essayer de voir qui l’emporte sur la rationalité. Par conséquent, dans l’effort pour résoudre ce problème de séparation par l’introspection, ou en regardant, ou en posant un problème pour essayer d’obtenir un résultat, vous ne faites que continuer l’approche dichotomique qui cause le problème de départ.

Pierre D'Angkor : Itinéraire 6: Noms et symboles divins

Quoiqu’il en soit, au niveau spirituel ou nous nous tenons, il semble que le Divin représente un ordre de réalité dont l’accession, ou la simple approche même, demeure encore fort ardue pour notre esprit comme pour notre cœur. Principe, Essence ou Souverain Bien, quel que soit le nom que l’on imagine, la plupart des esprits religieux eux-mêmes n’ont de la Divinité, nous l’avons vu, que la notion la plus vague, loin d’en avoir la moindre perception réelle. Il semble d’ailleurs que l’immense majorité des croyants, aujourd’hui comme hier, éprouve encore le besoin d’adorer un Dieu personnel, un Etre suprême, et que pour aimer Dieu, ils doivent aimer un Dieu, et non une formule abstraite comme le Souverain Bien ou la Suprême Réalité.

Radha Burnier : La théosophie et Krishnaji

La pleine signification et les implications du fait d »‘inconditionner » le mental étaient apportées aux grands auditoires partout dans le monde auxquels Krishnaji, puissamment mais patiemment, dévoilait les processus secrets du soi et la mystérieuse influence du temps. Il a montré, comme dans un clair miroir de cristal, que le conditionnement est connaissance, habitude, temps ; croyance, conformité, plaisir ; soif de pouvoir, solitude, et dépendance ; en fait, une hydre aux mille têtes. Le miroir montre en profondeur ce que l’esprit de l’auditeur, non accoutumé à soutenir la vigilance, a besoin d’apprendre au sujet de lui-même afin de se libérer.

P. Krishna : Krishnamurti était-il un théosophe ?

Nous n’avons pas besoin de croire en une chose lorsque nous ne savons pas si elle est vraie. Nous ne « croyons » aux murs qui entourent notre chambre : nous voyons qu’ils existent ! Mais nous n’avons pas vu Dieu, ainsi certains croient en l’existence de Dieu, et d’autres ne le font pas. Pour une personne qui est en quête de la vérité, les croyances sont comme des théories au sujet de l’inconnu. Être en accord ou en désaccord avec une croyance a très peu de valeur pour l’homme qui cherche la vérité. Le fait même qu’on cherche la vérité implique le fait qu’elle n’est pas connue. Un esprit vraiment religieux pose en principe que Dieu, la Vérité et la Réalité sont l’inconnu, et cherche à le découvrir

Trân-Thi-Kim-Diêu : Entrer dans le courant

Il vaut la peine de remarquer qu’un véritable chrétien reconnaîtra dans les enseignements de K l’essence de l’Evangile, tandis qu’un bouddhiste y retrouvera le sens profond des sermons du Bouddha. Ou, plus précisément, le bouddhiste Mahayana qui écouterait Krishnamurti pourrait percevoir dans ses paroles la quintessence du message de Hui-Neng, le Sixième Patriarche du bouddhisme (chinois) Chan, qui a été à l’origine du bouddhisme japonais Zen, plus tardif. En outre, un poète reconnaîtra que — en dépit, ou peut-être à cause de la simplicité, de la précision et de l’absence de forme strictement technique de leurs mots — la plupart des textes de Krishnamurti décrivant la nature, les paysages environnants, les gens, ou faisant état d’observations intimes, sont de la poésie pure.

H. van der Hecht : Vivre plus intensément la théosophie avec Krishnamurti

Il émane de Krishnamurti, même en vidéo – à défaut de sa présence vivante que nous n’avons plus – une force et un rayonnement de sagesse qui touchent profondément. Il incite efficacement chacun à mettre de l’ordre dans sa vie intérieure, à trouver l’harmonie, à vivre véritablement. Il enseigne en interrogeant, en obligeant à trouver soi-même les réponses…

Léon Bensimon : Deux expériences intérieures en inde

Ce que nous éprouvons réellement dans les profondeurs de notre âme ne peut être reproduit d’une manière authentique par le moyen de l’écriture ou du discours. Ceci parce qu’il existe un monde des idées sans forme et c’est là qu’il nous faut pénétrer, si nous désirons saisir ce qui est derrière et au-delà des paroles. Là existe un plan dont la dimension n’est pas communément saisie par le mental, le rationnel, le mécanisme courant du cerveau avec ses possibilités actuelles limitées. D’ailleurs la voie de l’Intelligence n’est-elle pas de voir au-delà des mots ?