La magie est anthropomorphique dans son essence, mais non pas anthropocentrique comme on le suppose généralement. En effet, l’homme n’est pas le centre de l’univers dans les systèmes magico-religieux primitifs ; il occupe dans le monde la place qui est la sienne par rapport à la hiérarchie des forces et des formes ; s’il ne peut entrer en relation avec celles-ci qu’en fonction de l’analogie universelle qui relie la partie au tout et l’élément à l’ensemble, ce n’est pas en raison de sa nature privilégiée par rapport aux autres êtres, c’est qu’il ne dispose pas d’autre critère expérimental ni d’autre étalon de mesure que celui de sa propre situation initiale dans le monde. C’est en tant que rayon et non pas en tant que foyer qu’il mesure magiquement les distances qui le séparent du centre ou bien de la circonférence du cercle d’existence où il est situé. Dans ces conditions, la hiérarchie primitive des forces a été conçue selon le rayonnement de l’énergie vitale dont le plus haut degré correspond à la puissance suprême : celle du Créateur.
René Alleau : Les sociétés secrètes dans les sociétés primitives 2
