Wolter A. Keers : Jnana yoga - Questions & Réponses

La réponse à toutes ces questions est analogue à la solution du cercle carré. Il importe de se demander d’où procèdent de telles questions et quel genre de réponses on désire obtenir. La question naît dans l’esprit et la réponse qu’on attend doit être dans les termes de la raison. Mais la question est-elle « raisonnable » ? En la posant on oublie que l’esprit lui-même fait partie du monde et qu’il est impossi­ble d’expliquer un tout dans les termes de sa partie. Imaginez un gâteau rond. Partagez-le en huit morceaux. Supposons que chaque morceau représente un individu. Comment s’y prendre pour expliquer à l’un de ces morceaux ce qu’est le gâteau en entier ? C’est une tâche impossible car le morceau ne pourra jamais comprendre ce qui le dépasse, ce qui est plus grand que lui.

Jean Klein : « Je » n'est pas un concept

Vous avez profondément ancrée en vous l’idée que chaque objet, votre environnement, sont distincts de vous, hors de vous. De même, la sensation, votre corps sont des objets parmi les autres pouvant être regardés comme séparés de vous. De ce poste d’observation purement mental, votre ego perd alors son opacité. Vous verrez ensuite que vos pensées, la pensée moi, vos émotions, sentiments de sympathie-antipathie, ne sont également que des objets perçus. Cette distancia­tion vous amènera à vous situer spontanément comme Ultime Connaisseur, et votre notion du moi perdra ainsi ce qui lui reste de substance. L’environnement conçu auparavant comme un amas d’objets se trouve transmuté. L’objet n’est plus un objet, il est désormais une prolongation, une extension, expression de la Conscience, du Soi. C’est le résultat d’une compréhension totale, d’une saisie instantanée. Cette expérience est d’une autre nature que l’assimilation qui procède par étapes.

Archaka : Bénédiction de l’abîme : Livre I

Ainsi donc du voyant. Sa conscience n’est plus enfermée dans son corps. Fini le donjon de la pensée. Les murs en ont disparu, dissous dans la Lumière. Le prisonnier meurt-il une fois échappé de son cachot ? Comment le sage mour­rait-il en franchissant l’enceinte mentale qui nous limite ? Il est libre, il est illimité, il n’a plus de limites ni dans l’Espace ni dans le Temps. Et si nous continuons de lui voir un corps devant lequel d’aucuns tiennent à se prosterner, nous devons comprendre que ce corps est en lui, à l’inverse du nôtre où nous sommes pour le moment détenus. C’est là, probablement, la chose la plus difficile à comprendre. Ce renversement des structures de l’être qui fait que l’intérieur passe à l’extérieur, et l’extérieur à l’intérieur, est pour notre raison plus improbable encore que les mondes d’au-delà. Et pourtant, c’est à partir d’une telle métamorphose que nous ont parlé les plus grands Inspirés. Et c’est parce que nous ne pouvons en saisir le mécanisme que nous nous méprenons sur le sens de leurs paroles. Leur expérience a cessé de ressembler à la nôtre. Et le plan où ils vivent n’a que de lointains rapports avec celui de nos jours.

Archaka : Bénédiction de l’abîme : Livre II

Même le plus abject des hommes est promis à cette trans­figuration de la semence aveugle en créature visionnaire. Et la plus épaisse ténèbre doit se transmuer en le Soleil éternel. Le voyant n’a pas besoin de le penser pour le savoir. Et il sait qu’un jour viendra où les Pouvoirs obscurs et que nous disons diaboliques seront eux aussi rendus à la Lumière. À eux aussi, va son amour. À eux qui semblent lutter contre la Beauté et la Vérité, à eux qui se servent de nous pour instituer le règne du Mal, mais n’y arrivent jamais complètement, à eux qui, plus que nous encore, ont oublié leur origine et ne peuvent même pas aspirer à la revoir un jour, à eux, les plus affligés de la manifestation universelle, va l’amour illimité de l’homme de Dieu.

Initiation au dharma non-duel

Quand les Bodhisattvas eurent parlé, ils demandèrent à Manjoushri quelle était son opinion sur le Dharma non-duel. Manjoushri dit : « À mon avis, quand toutes choses ne sont plus accessibles à la parole ou au langage, à toute formulation et à tout savoir et au-delà de toute question et de toute réponse, ceci est une initiation au Dharma non-duel. »

Shankaracharya - La perception de la non-dualité

Bien qu’il n’y ait qu’un seul rayon de soleil, plusieurs semblent traverser les trous formés par la corde du lit [Le lit hindou est constitué par des cordes entrelacées et tendues sur un cadre] : ainsi, dans tous les champs de connaissance, Je parais indéfiniment multiple, étant omniprésent.

Jean Klein : L'état méditatif

L’état méditatif, notre vraie nature, n’est pas à proprement parler un état, il est la substance, le support même de tout état, d’où rien ne s’anticipe, rien ne se projette, où il n’existe aucun dynamisme tendu vers un but, un résultat. Toute Présence silencieuse, il n’est ni intérieur, ni extérieur, il est non localisé physiquement ou psychiquement, hors de l’espace et du temps, il est Être.

Paroles recueillies

À l’instant même où l’objet du désir est obtenu surgit une brève explosion de joie intense dont la cause est attribuée à tort à l’objet désiré, qu’il s’agisse d’une chose, d’un être, d’une situation ou d’une réussite. Mais cette joie s’émousse, alors qu’on la voudrait perma­nente. La répétition des conditions qui, croit-on, l’ont initialement procurée, n’apporte plus la même intensité, la même saveur exaltante. Ainsi est-on amené à chercher une autre source de joie. Ainsi s’égare-t-on dans la dans la poursuite sans fin des êtres et des choses.

Wei Wu Wei : Impératif

Il ne dit pas que ‘quand nous transcendons la dualité nous revenons à notre Nature Originelle’ mais, au contraire que ‘quand nous revenons à notre Nature Originelle, nous transcendons la dualité’. Cela n’implique pas, Comme dans le premier ‘nous’, qu’il y a quelque chose pour ‘nous’ à ‘faire’, mais que le dernier `nous’ est ce que nous sommes. Les deux ne sont pas deux incidents temporels, mais un seul. ‘Notre’ urgence à ‘faire’ quelque chose est ce qui ‘nous’ tient liés à la Relativité.