Pensées de Krishnamurti

Si nous comprenons que le processus de la pensée ne commence que lorsque le moi devient important, et que le moi n’est important que lorsqu’il désire se sauvegarder, nous verrons que nous passons la plus grande partie de notre vie à nous sauvegarder.

René Fouéré : Krishnamurti, L'homme et sa pensée

En dépit de tous ses efforts vers une condition immuable, l’individu s’interroge avec angoisse. Cette chose immortelle qu’il désire, est-ce sa conscience banale ? Hélas ! Si fortement qu’il la veuille corseter, elle n’est que fluctuations. De plus le sommeil, la syncope lui imposent des éclipses évidentes. Il va chercher quelque chose d’invariable au-delà de ces mouvements incessants et de ces interruptions. Alors il imagine — ou plutôt on imagine pour lui — un noyau permanent et abstrait, une âme substantielle, dont la conscience vulgaire est l’expression intermittente. Et, avec l’âme, voici Dieu et ses interprètes infaillibles, les crédos et l’exploitation religieuse; tout cela est entretenu par la soif de l’immortalité individuelle. Voici la foi et la haine du doute, du doute qui crée le sentiment que le moi est un assemblage mal fait, incohérent et précaire. L’individu mécanisé s’endort dans son rêve de survie statique et de permanence…

Robert Linssen : Le Nirvana

Le Nirvana est l’état d’émerveillement qui s’empare de ceux qui, ayant brisé leur « moi », parviennent au seuil d’une vie nouvelle s’écoulant au rythme d’un amour tellement émouvant que l’univers entier semble se réjouir dans le cœur de celui, qui étant devenu comme rien EST TOUTES CHOSES. Mais l’accès de ces cimes exige de notre part une transparence de cristal. Il s’agit pour nous d’atteindre l’état de la plus parfaite spontanéité. C’est ici que les mots nous trahissent. Car en fait, la spontanéité est peut-être tout, sauf un état.

Robert Linssen : Part d’effort, de détente et de spontanéité dans le yoga et la méditation

La tradition nous rapporte que les yoguis méditant au bord des torrents descendant des neiges himalayennes observaient attentivement les mouvements continuels d’avance et de recul des jeunes poissons dans l’eau. Les alevins remontaient constamment le courant rapide du torrent. Toute leur vie durant ils nageaient à contre-courant du sens de la descente des eaux. Les yogins ont transposé cette image dans l’enseignement de la pratique du yoga et de la méditation.

René Fouéré : De l'évolution formelle à l'évolution réelle

Depuis que l’homme est sur cette planète, et depuis qu’on tente de le perfectionner, on lui a présenté un certain nombre de modèles. On lui a dit : « Vous êtes très imparfait, vous êtes pourri de défauts, il vous faut essayer de ressembler à telles personnes, à tels modèles, nous allons vous brosser un tableau de ce que vous devriez être pour être un homme « bien ». C’est ce que vous devez essayer de devenir ».

René Fouéré : Personnalité fixe et devenir personnel

Un moi aussi vulnérable à l’action de la moindre drogue, un moi qui ne subsiste que grâce à la complicité des hasards matériels, n’est-il pas une dérision ? Quelle et la valeur d’une personnalité dont les résolutions conscientes et prétendues raisonnables, dont les agissements coutumiers et caractéristiques peuvent être battus en brèche par quelques milligrammes ou quelques grammes d’un réactif approprié ?