Pierre D'Angkor : Le Christianisme originel et l'hérésie romaine

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Au Dieu qui se manifeste dans la Nature et dans la conscience de l’homme fut donc opposé le Dieu qui se manifestait dans l’Église. Et celui qui prétendait y résister fut taxé d’orgueilleux et de révolté contre Dieu. On confondit délibérément l’humilité du cœur qui est une vertu avec la servilité de la pensée qui est indigne de l’homme. Au nom de l’une, on exigea l’autre. Une fausse conception de l’humi­lité engendra une fausse vertu. La conscience publique en fut oblitérée, souvent annihilée. Tout ce qu’ordonnait l’Église fut le bien. N’était-elle pas inspirée sans cesse du St-Esprit, selon la promesse de Jésus-Christ ? L’asservissement des cons­ciences étant ainsi assuré, les pires crimes contre l’humanité purent être perpétrés, sans amener de réaction dans l’âme des fidèles. Une réaction n’eût pu être que l’œuvre du démon !


Robert Amadou : Gurdjieff et le soufisme

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Si Gurdjieff n’a jamais prétendu être soufi, il a soutenu qu’il enseignait, à sa manière, ce que les derviches en­seignent. À première vue, il n’en est rien, dans un contexte non seulement muet sur l’islam, mais a-religieux. Dans le travail, néanmoins, des traces d’influence se dessinent : comment pourrait-il en aller autrement ? Les « exercices », les « mouvements » constituent Gurd­jieff en « maître de danse », à la Rumi. Mais des tech­niques respiratoires et gestuelles analogues existent dans le christianisme oriental et dans le chamanisme, dont l’islam et le christianisme des pays de Gurdjieff ont subi l’influence, quand ils ne se sont pas seulement rencontré avec lui. Il paraît que certains traits spécifiques, d’ailleurs accessoires, des rites derviches reviennent dans le travail de Gurdjieff. Une influence soufie est certaine, d’autres aussi, probablement plus faibles, la réinvention ne l’est pas moins. Je n’ose plus avant…


René Alleau : Les sociétés secrètes du Moyen Age et de la Renaissance: 2 Les gardiens de la Terre sainte

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Après le concile de Troyes, en 1128, la règle du Temple, d’inspiration bénédictine, est fixée. L’éloquence de saint Bernard oppose l’humilité de la nouvelle chevalerie, sa pau­vreté volontaire, son esprit de pénitence au « courroux déraisonnable, à la soif de la gloire et à la convoitise des biens temporels » de la noblesse du siècle. Saint Bernard salue avec espoir ce signe de la présence d’un nouvel idéal chrétien « dans la Terre de l’Incarnation ». Avec la deuxième croisade, l’ordre reçoit sa tenue, fixée par le pape : un man­teau blanc et une croix rouge sur le cœur, ainsi que des pri­vilèges importants : droit de percevoir des impôts locaux, indépendance à l’égard du clergé séculier de l’endroit, pos­sibilité d’établir des églises avec des chapelains relevant directement de Rome…


G. I. Gurdjieff : Première initiation

Vous n’avez pas de mesure pour vous mesurer. Vous vivez uniquement d’après « cela me plaît » ou « cela ne me plaît pas ». C’est dire que vous n’avez d’appréciation que pour vous-même. Vous ne reconnaissez rien au-dessus de vous — théoriquement, logiquement peut-être, mais réellement, non. C’est pourquoi vous êtes exi­geants et continuez de croire que toutes les choses sont bon marché, que vous avez dans votre poche de quoi tout acheter si vous le désirez. Vous ne reconnaissez rien au-dessus de vous, ni au dehors ni en vous-même. C’est pour cela, je le répète, que vous n’avez pas de mesure et vivez passivement selon votre bon plaisir. Oui, votre « appréciation de vous-même » vous aveugle ! Elle est le plus grand obstacle à une vie nouvelle…


Wolter A. Keers : Jnana yoga - Questions & Réponses

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La réponse à toutes ces questions est analogue à la solution du cercle carré. Il importe de se demander d’où procèdent de telles questions et quel genre de réponses on désire obtenir. La question naît dans l’esprit et la réponse qu’on attend doit être dans les termes de la raison. Mais la question est-elle « raisonnable » ? En la posant on oublie que l’esprit lui-même fait partie du monde et qu’il est impossi­ble d’expliquer un tout dans les termes de sa partie. Imaginez un gâteau rond. Partagez-le en huit morceaux. Supposons que chaque morceau représente un individu. Comment s’y prendre pour expliquer à l’un de ces morceaux ce qu’est le gâteau en entier ? C’est une tâche impossible car le morceau ne pourra jamais comprendre ce qui le dépasse, ce qui est plus grand que lui.


D.T. Suzuki : Histoire de chats

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Ce que vous avez appris c’est la technique de l’art. Les anciens Maîtres nous l’ont léguée pour que nous possédions une bonne méthode de travail, parfaitement efficace en elle-même à condition de ne pas négliger le point essentiel que, précisément, les disciples oublient presque toujours, trop occupés qu’ils sont à améliorer leur adresse technique et leur habileté manipu­latoire. Cette maîtrise ne suffit pas pour vaincre tous les obstacles. L’adresse est une activité de l’esprit qui doit être en parfaite harmonie avec la Voie (Tao). Quand la Voie est négligée et que l’adresse pure devient le but unique, le mental dévie et s’abuse. C’est là le point essentiel qu’il ne faut jamais oublier dans l’art du combat



Ruysbroeck l'admirable : Cantiques

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Celui qui connaît la vérité et qui a la science de l’habitation intérieure, indépendant des amours et des douleurs de la terre, celui-là est heureux, et il est préservé du mal, tant que ses sens extérieurs sont recueillis sur la montagne. Jouir de Dieu ! ô joie des joies ! Quant à moi, suivant les conseils du sublime amour, j’ai si profondément pénétré les choses accidentelles, que j’ai trouvé la liberté et l’absolution des liens. Gloire à l’amour ! Il délivre de la misère, il affranchit de l’extérieur. Il fait don de la nudité, de la flamme et de la fusion.


James Moore : Gurdjieff et Katherine Mansfield

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Et voilà que, tout à coup, — c’était le bouquet —, surgissait Katherine Mansfield. « M. Gurdjieff n’est pas du tout comme je pensais », écrit Katherine, « il est comme on veut vraiment le trouver. Mais je suis absolument sûre qu’il peut me mettre sur la bonne voie en toutes circons­tances… » Et maintenant qu’il l’avait acceptée, quel poids pour Gurdjieff : le terrible diagnostic des médecins, le problème des soins intensifs, à lui assurer la mise en péril de son Institut par la mort d’une femme célèbre… Évidemment, il avait prévu ces difficultés, les avait mises en balance avec le besoin de Katherine et, tout bien pesé, les avait écartées. « Pour cela », écrit Ous­pensky, « il a reçu, au cours des années, et avec les intérêts, son plein salaire de mensonges et de calom­nies ». (Fragments d’un Enseignement inconnu.)


Jean Klein : « Je » n'est pas un concept

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Vous avez profondément ancrée en vous l’idée que chaque objet, votre environnement, sont distincts de vous, hors de vous. De même, la sensation, votre corps sont des objets parmi les autres pouvant être regardés comme séparés de vous. De ce poste d’observation purement mental, votre ego perd alors son opacité. Vous verrez ensuite que vos pensées, la pensée moi, vos émotions, sentiments de sympathie-antipathie, ne sont également que des objets perçus. Cette distancia­tion vous amènera à vous situer spontanément comme Ultime Connaisseur, et votre notion du moi perdra ainsi ce qui lui reste de substance. L’environnement conçu auparavant comme un amas d’objets se trouve transmuté. L’objet n’est plus un objet, il est désormais une prolongation, une extension, expression de la Conscience, du Soi. C’est le résultat d’une compréhension totale, d’une saisie instantanée. Cette expérience est d’une autre nature que l’assimilation qui procède par étapes.