Les hypothèses fondamentales de la physique sont des images archétypiques, c’est-à-dire énergie, particules, etc. Ce sont donc en dernière analyse des images psychiques (mentales). Au contraire, si l’on descend dans les couches les plus profondes de l’inconscient, on parvient à une couche qui n’est plus purement psychique, mais semble miroiter des faits physiologiques, ou plutôt atomiques. C’est comme si l’on s’approchait d’une réalité unique (que Jung appelle unus mundus) par deux côtés différents, qui n’est plus psychique et pas davantage matérielle, le « mystère de l’être ou de la vie » qui transcende notre compréhension.
Catégorie : B
Jean Biès : Mystères du cerveau, splendeurs de l’esprit
Le fait est que, de plus en plus, de nombreux scientifiques ne se contentent plus de l’approche déductive du rationalisme, ni de la démarche inductive de l’empirisme, mais tendent vers une certaine «imagination créatrice» qui les rend fraternels à des poètes comme Blake, Héraclite, Rûmi. On ne peut plus nier que si la volupté est l’extase du corps, et le satori, celle de l’esprit, il est d’autres extases, mentales celles-là, qui surgissent on ne sait d’où, brisent les conditionnements, telles de brusques incursions de printemps dans la grisaille des automatismes, de soudaines descentes d’une grâce singulière, des visitations exquises, imprévues, incandescentes, les épanchements d’une autre conscience: ce sont les sourires du cerveau.
Mircea Eliade : L’or et l’immortalité
On peut dire que l’alchimiste a achevé la dernière phase d’un projet très ancien qui naquit quand les premiers hommes entreprirent de transformer la Nature. Le concept de la transmutation alchimique est donc la dernière expression de cette croyance immémoriale de l’action humaine sur la transformation de la Nature. Le mythe de l’alchimie est un des rares mythes optimistes : en effet, l’opus alchimicum ne se contente pas seulement de transformer, de parfaire ou de régénérer la Nature ; elle confère la perfection à l’existence humaine, en lui donnant santé, jeunesse éternelle et même immortalité.
Jean Biès : A propos du cinquième évangile entretien avec Émile Gillabert

L’incompréhension ne pouvait être que totale : un dialogue de sourds, avec des disciples infantiles, interprétant les paraboles dans un sens quantitatif et historique, et fermés à toute notion d’intériorité et d’éternité. L’aventure du Royaume est intérieure et individuelle ; elle a été comprise comme extérieure et collective. L’éveil de la conscience a été confondu avec la « résurrection des morts ». Manger le pain de la Parole, s’abreuver à la coupe de l’Enseignement est devenu la Cène (alors que Jean lui-même n’identifie nullement la chair et le sang du Fils de l’Homme au corps et au sang d’une victime offerte en sacrifice : le rachat par le sang est une idée de Paul…). L’épreuve salvatrice de celui qui se prend en main a dégénéré en salut par la Croix de celui qui se fait prendre en charge. Le dévoilement de l’Esprit, lorsque cesse notre cécité, a été pris pour l’apparition de Jésus post mortem. Le retour à l’Un, à l’Etre intemporel, la fin de tout dualisme sont devenus la « fin des temps »…
Un continuateur de Jung alchimiste: Étienne Perrot. Entretien avec Jean Biès
Une voie intérieure authentique est un organisme vivant qui assimile ce qui est bon pour lui et rejette les corps étrangers. Il n’y a là aucun mépris pour ceux-ci, mais c’est l’expression de la loi biologique, l’affirmation d’une originalité et d’une authenticité. En revanche, le syncrétisme est stérile. Le spectacle des œcuménismes de tout genre est là pour l’attester. Un coup de chapeau donné à une autre voie que la mienne ne signifie pas que je doive lui faire des emprunts. Ce serait une sorte de vol. Encore une fois, c’est l’intérieur qui décide.
Claude Barbat : Les échecs en alchimie (Petit entretien entre un Curieux de l'Art et le couple Elie-Artistia)
Les Echecs exotériques que vous évoquez ont perdu l’aura du Jeu Royal et de la Tradition d’Or pour être devenus le jouet du rationalisme ou le hochet de cerveaux voués au dieu Hasard. Cependant, ils peuvent offrir une materia prima aux plus riches potentialités. Il n’est que de les sublimer !…
Serge Brisy : Les élites devant la troisième guerre mondiale
Comprendre que, dans la période présente, l’individu est au premier plan et décide des événements futurs qui le concernent directement — vie ou mort de sa civilisation —, souligner l’importance de l’individu, de son attitude, de son choix qui, toujours et à chaque moment de son existence, se représente sous une forme ou sous une autre, c’est placer l’homme devant ses propres responsabilités et lui faire réaliser que c’est de lui et par lui que surgiront le progrès ou la régression de l’humanité.
Serge Brisy : L'ère nouvelle devant l'actuelle déshumanisation
Le monde n’est pas un cirque où certains chefs, — une petite minorité qui a pu s’emparer d’une majorité par des coups de force, — dressent les autres à n’accomplir que ce qui plaît à leurs dirigeants ; ce monde est une terre d’expérience où la Vie, patiemment, inlassablement, éveille dans l’homme les forces cachées et les pouvoirs qui sont indistinctement en chacun. Admettre la déshumanisation, c’est redescendre vers l’animalité. Et ceci est indigne de n’importe quel humain.
État intermédiaire et induction de la lucidité onirique Par Christian Bouchet
Nous avons posé que l’état intermédiaire n’appartient franchement ni à la veille ni au sommeil mais que la conscience y persiste depuis la veille et mène éventuellement au rêve lucide. Deux façons d’envisager cet état nous sont apparues : le sentiment d’être éveillé alors que se produisent des phénomènes qui ne peuvent appartenir qu’au rêve et celui de s’endormir sans être encore pour autant dans le rêve. Une telle classification a sans doute une valeur pratique puisqu’elle nous permet de reconnaître la diversité d’accès au rêve lucide, mais elle ne rend pas compte de tous les aspects de l’état intermédiaire lui-même.
Charles Burniaux : La pensée d'Héraclite
Il était surnommé l’OBSCUR et, bien que la concision et la densité de sa pensée fussent inimitables, comme le souligne DIOGENE LAERCE, il en avait volontairement atténué la transparence et l’éclat afin que seuls puissent y avoir accès, ceux qui étaient capables de le comprendre. C’est ainsi qu’il disait : « Ceux qui recherchent de l’or remuent beaucoup de terre et trouvent peu de métal » (22); ou encore : « Les ânes préfèrent la paille à l’or » (9).