L'homme des arbres entretien avec Richard St Barbe Baker

Si on veut doubler son stock de nourriture, il faut consacrer vingt-deux pour cent du terrain dont on dispose à la plantation d’arbres, à des ceintures de protection placées de façon judicieuse. En Alberta, les résultats ont prouvé qu’en consacrant 22 % du quart d’une section, soit 60 hectares, aux arbres nous arrivions à doubler le volume des récol­tes. Les arbres créent des microclimats, réduisent la vitesse du vent, élèvent le niveau des eaux et per­mettent aux vers de terre de proliférer. Darwin a dit tout ce qu’il fallait savoir sur les vers, mais il ne nous a pas dit comment les contrôler. Si les pay­sans savaient comment les mettre à leur service, ils pourraient alors doubler leurs récoltes. Ce sont les arbres qui apportent la solution.

Georges Becker : L'Âme de la forêt

Mais les plus intéressants sont ceux qui ont réalisé avec les arbres une symbiose, en enveloppant leurs racines du feutrage léger de leurs mycéliums. Il ne s’agit pas du tout d’un parasitisme, mais d’une association à bénéfices réciproques. En effet, les champignons qui sont dépourvus de chlorophylle sont contraints de trouver des hydrocarbones tout faits dans la nature, puisqu’ils ne peuvent pas les synthétiser. Ce sont les arbres qui les leur fournis­sent par leurs déjections, ou par la cellulose de leurs débris. Mais les arbres de leur côté, sont incapa­bles de fabriquer les nitrites dont ils ont besoin absolument pour vivre, et justement les mycéliums des champignons savent les faire et en font profi­ter leurs hôtes.

Jean Markale : Bréviaire noirs pour les temps

Alors, que faire ? Devenir végétarien ? Un certain Adolf Hitler l’était, et cela n’a pas donné les résultats escomptés par certains théoriciens naturistes qui prétendent que le végétarisme rend pacifique. Manger de tout ? Illusion, pure illusion : il faut se rendre à l’évidence que nous devons manger avant tout ce qui est spécifique au pays où nous vivons. Cela rentre parfaitement dans le cadre de la lutte pour le droit à la différence. Il ne faut se laisser imposer par personne sa façon de manger, au même titre que sa façon de penser ou de faire l’amour. Il y a eu assez de tyrans pour nous enseigner « le bon choix ». Comme si quelque roitelet qui se prend pour un empe­reur du monde pouvait, sans arrière-pensée de domina­tion, enseigner un quelconque « bon choix » ?. Le choix, il est en nous, comme le Graal. Il suffit de le réveiller s’il s’est endormi. Notre époque est celle de la fuite devant les responsabilités. C’est rassurant de ne pas être res­ponsable, c’est rassurant d’être conseillé par un person­nage qui joue le rôle d’un père. Soyons adultes, que Diable… Le monde crève sous des puérilités que même des enfants désavoueraient.

Roland de Miller : Nature mon amour

C’est dans la mesure où les individus prennent conscience de leur intériorité, en eux-mêmes, qu’ils seront conduits à comprendre les richesses naturelles autour d’eux. L’absence du monde végétal et naturel peut parfois en activer le désir et l’intériorisation. (Les artistes citadins connaissent parfois cette sublimation solitaire). Jusque dans les prisons, le souvenir de la fleur ou les espaces vierges a un pouvoir de référence et de rédemption. Ce qu’il y a de plus important, c’est la communion de l’homme avec sa propre nature profonde. Il est probable que les paysages naturels seront sauvés in extremis non pour eux-mêmes mais pour les hommes, leur santé menacée, ou plus rarement, pour leur unité intérieure, retrouvée.

Roland De Miller : La mythologie des plantes

On a trop tendance aujourd’hui, sous l’influence d’une formidable désacralisation de la nature et de l’univers, à se gausser de ces mythes et légendes et à les rejeter comme des superstitions infantiles. Pourtant il est certain qu’ils recouvrent toujours plus ou moins des réalités existantes, soit dans les phénomènes naturels soit dans les lois cosmiques. C’est en fait notre perception qui s’est bien souvent altérée, en liaison avec tout le contexte socio-culturel. Mais alors que nous comprenons aujourd’hui dans une vue plus étendue l’anthropologie, l’histoire des religions et la genèse des mythes, il n’y a plus aucune raison de mépriser la vénération dont les plantes ont été l’objet dès l’aube de l’humanité.

Michel Jourdan : Les chemins de la montagne

Faut-il suivre les chemins ou ouvrir de nouveaux chemins ? Que ceux qui se disent « contemplateurs du réel » bien à l’abri dans la schizophrénie du milieu urbain, aient durant quelques mois une vie en plein dans la matière, en corps à corps avec la réalité du vent, de la pluie et du soleil. Les arbres des haies torturés chaque année par la serpe des hommes. Le réel est le nirvana, la vie ordinaire c’est la vie divine mais nous ne le savons pas…

Roland de Miller : Garder l'esprit sur terre

Si le mouvement écologique est depuis un an environ au creux de la vague, c’est peut-être la conséquence d’un manque de considération de la part de ses militants pour le « cosmique » qualifié par ces mêmes militants, avec dédain, de « mystique ». La faillite du mouvement écologique pourrait provenir de son projet qui demeure, en effet, uniquement économique et politique. Ici comme ailleurs, la question spirituelle ne pourra manquer d’être posée.

Gérard Blanc : Sagesse de l'eau

Tout ce qui existe sur Terre est une manifestation du flux et de l’organisation de l’énergie. Le système fermé de la thermodynamique classique — qui n’échange ni énergie ni matière ni information avec son environnement — totalement coupé du monde extérieur, est une abstraction des physiciens. Tout système sur terre est au contraire un système ouvert en relation permanente avec son environnement qui le modifie en permanence et qu’il modifie en retour.

Roland de Miller : L'écologie une science devenue une culture

L’écologique doit s’ancrer dans le plus vrai, le plus profond de la personne individuelle, du corps social et de la vie quotidienne, de la manière la plus concrète et la plus spontanée. De plus en plus de personnes venues d’horizons variés entreprennent de faire cette démarche de mutants. Les militants piétinent et les écologistes sont agaçants quand ils oublient les sources et les fondements de la pensée écologique, libertaire et non-violente.

Roland de Miller : Le Sentiment de la Nature

Les techniques du mieux-être ou de plus-être (concernant la santé physique et psychique) existent, relativement codifiées et transmissibles, mais le changement intérieur, au-delà des régimes alimentaires ou des recettes techniques, les qualités de cœur, l’ouverture spirituelle, ne sont pas facilement accessibles à un grand nombre d’individus. Les obstacles n’en soit pas politiques ni sociaux, mais idéologiques, psychologiques, spirituels. Tant que les scientifiques rejetteront dédaigneusement les « mystiques » et toute approche de type spirituel, on n’aura pas fait la rupture fondamentale avec l’idéologie de la société industrielle qui est le matérialisme. Celui-ci est le piège véritable de la technostructure toute puissante, l’atmosphère et la condition culturelle du totalitarisme technicien. Comme l’écrit d’une manière imagée et expressive Fritjof Capra dans Le Tao de la Physique : « Les mystiques comprennent les racines du monde mais non ses branches; les scientifiques analysent ses branches mais ignorent ses racines. La science n’a pas besoin d’une vision mystique et le mysticisme se passe de la science; mais l’homme a besoin des deux ».