Du moment que ce mystère a été dévoilé à tes yeux, que tu n’es pas autre qu’Allah, tu sauras que tu es le but de toi-même, que tu n’as pas besoin de t’anéantir, que tu n’as jamais cessé d’être, et que tu ne cesseras jamais d’exister, jamais, comme nous l’avons déjà expliqué. Tous les attributs d’Allah sont tes attributs. Tu verras que ton extérieur est le Sien, que ton intérieur est le Sien, que ton commencement est le Sien et que ta fin est la Sienne, cela incontestablement et sans doute aucun. Tu verras que tes qualités sont les Siennes et que ta nature intime est la Sienne, cela sans que tu sois devenu Lui ou que Lui soit devenu toi, sans (transformation) diminution ou augmentation quelle qu’elle soit.
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Devarao Kulkarni : Différents aspects des trois états suivant le vedanta
L’on croit communément être né dans ce monde en tel lieu, tel jour de telle année, qu’on a grandi dans un environnement spécifique. Le monde, ou univers, est dit exister depuis des temps immémoriaux et, pense-t-on, continuera d’exister à jamais. Toutes les créatures naissent puis meurent, et chacun de nous est destiné à mourir un jour ou l’autre. Nous possédons un corps, des organes sensoriels, un mental, etc. Nous sommes assoiffés de connaître les bienfaits que nous offre le monde extérieur, mais voulons échapper aux choses et aux circonstances indésirées de l’existence…
Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka - Upanishad: Le sage et son épouse
O bien-aimée, l’époux n’est pas aimé pour lui-même mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, l’épouse n’est pas aimée pour elle-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les fils ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, la richesse n’est pas aimée pour elle-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, le brahmine n’est pas aimé pour lui-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimé, les mondes ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les Dieux ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les êtres ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, il n’est rien qui soit aimé pour soi-même, c’est pour l’amour du Soi qu’on l’aime.
Mawlânâ Djalâl Od-Dîn Rûmî : Ode mystique
J’étais le jour où les Noms n’étaient pas ;
Il n’y avait nul signe d’existence d’un nommé.
C’est par nous que Noms et Nommés furent manifestés,
Ce jour où n’étaient ni « Je », ni « Nous ».
Shankaracharya : Le saint dédain du non-soi (anatma-shri-vigarhanam)
On acquiert un savoir honoré par le roi, et après ? On devient riche et influent, et après ? On se divertit avec une jolie femme, et après ? Certes, ce n’est pas ainsi que le Soi est perçu. On se pare de bracelets et autres joyaux, et après ? On revêt des habits de soie, et après ? On se régale avec des mets exquis, et après ? Certes, ce n’est pas ainsi que le Soi est perçu.
Jean Klein : Une attention ouverte

Remarquez ce geste automatique qui vous conduit à vous éloigner de vous-même. Sans pensée, sans représentation, vous êtes dans votre gloire. Libérez-vous à tout prix de ces coutumes néfastes instaurées par la société, vous agirez d’une façon positive pour la collectivité qui commence par vous-même ; mais voyez-le sur le vif, non en tant qu’idée, conviction, croyance et constatez que nous sommes toujours conditionnés par un centre, le moi.
Wolter A. Keers - L’identification

Nous avons défini l’égo comme l’automatisme qui revendique une activité, une perception, une pensée ou un sentiment et qui nous fait dire : j’ai vu, j’ai entendu, j’ai fait, j’ai pensé, j’ai senti. Un examen plus approfondi nous a permis de voir qu’il faudrait dire plutôt : il y a eu activité, perception, pensée ou sentiment. Cela est totalement différent, car une pensée ou un sentiment ne peuvent plus jamais nous lier du moment que nous avons compris qu’il ne s’agit que de phénomènes accidentels qui se manifestent dans la conscience. En principe, chaque pensée ou sentiment peut donc se manifester en moi, qui en suis l’essence pure; et cela s’étend du plus vil jusqu’au plus noble, de la plus basse vulgarité à la sainteté.
Jean Gontier : Connaissance et pensée
Savoir c’est acquérir des idées, des concepts, soit pour les conserver tels quels en mémoire, soit pour les présenter sous une forme originale, soit enfin pour en faire dériver de nouveaux concepts, de nouveaux systèmes. On peut très bien devenir un spécialiste du bouddhisme parce qu’on a lu quantité d’ouvrages traitant de cette tradition, entendu maintes conférences et conversé avec de nombreux bouddhistes, sans jamais avoir été soi-même bouddhiste et ainsi juger de ce qu’en fait on ignore. Connaître ce n’est pas seulement penser et encore moins savoir, c’est recevoir un donné ! Connaître découle de l’expérience directe, on ne connaît pas par personne interposée. Connaître la Réalité c’est la vivre et ce ne peut être que cela. Précisons que lorsque nous employons ici le terme d’expérience, il s’agit d’une tout autre chose que ce qu’on entend généralement par ce qui reste confiné dans les limites de la structure individuelle.
Jean Klein : Au-delà du connu

Comment faut-il concevoir le silence et son opposé ? Si vous voulez vous défaire de l’agitation en vue d’un état de silence, vous rejetez, vous agressez, vous vous défendez, par contre, si vous l’acceptez, l’agitation qui fait partie du silence se perd et se fond en lui; vous atteignez le silence du soi, au-delà du silence et de l’agitation. Il ne faut pas vouloir se défaire de l’agitation, en restant à son niveau, il faut en avoir une écoute totale, elle se meurt alors dans le silence, car elle n’est rien d’autre que silence.
Georges Vallin : Difficultés d'approche de la non–dualité
Le caractère fondamental des modèles théoriques que nous offrent les diverses formulations du Non-dualisme oriental consiste dans l’affirmation simultanée et paradoxale de la Transcendance radicale de l’Absolu et de son immanence intégrale au monde ou à la manifestation. Cette transcendance à la fois radicale et intégrative de l’Absolu nous paraît constituer l’expression la plus authentique et la plus achevée de ce que Nietzsche appelait « l’affirmation originaire », se situant au-delà du « nihilisme » et de la fuite vers les « arrière – mondes », mais dont la philosophie même de Nietzsche ne nous offre qu’une expression mutilée.