Et la Kabbale ne met-elle pas justement sur la voie de cette évidence première en soulignant que Dieu se nomme ainsi « quand les sentiers sont barrés et ne conduisent nulle part », c’est-à-dire quand toute évidence banale, quand tout « cela va de soi » en vient à s’évanouir à la première réflexion critique ? Nous avons là un exemple particulièrement frappant des rapports de la Kabbale et de la philosophie : le philosophe, sachant par la Tora que Dieu fait l’homme à son image et, par le Zohar, que Je suis engendre toute chose, se voit, au commencement de sa philosophie, guidé vers son propre Je suis.
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L'avènement de la pensée rationnelle, entretien avec Jean-Pierre Vernant
Il y a toujours eu, à la fois, rationalité et irrationalité, et de façon absolument solidaire, Les Babyloniens ont leur mode de rationalité, les Chinois ont leur mode de rationalité. Bien sûr, la rationalité grecque, que les Ioniens vont instituer, va permettre de progresser sur un certain plan. Elle va permettre, par exemple, à la science occidentale d’avancer dans des voies où les autres ne pouvaient pas aller. En revanche, comme Joseph Needham l’a montré, certains domaines d’études ont été barrés, certaines hypothèses interdites.
Solange De Mailly-Nesle : Astrologie/science: chiens de faïence
L’astrologie est avant tout science de l’âme, science de l’être humain, et s’appuie sur le fait que l’image de l’homme est symbole à part entière ; elle ne se réduit pas à des concepts, des définitions, de longues chaînes de raison, car elle ne peut être saisie que par l’homme lui-même, l’homme de chair et de sang. Si elle se sert comme support de principes ou de corps physiques tels que les signes ou les planètes, elle ne les voit pas comme « objets » de démonstration, mais comme références de sens, d’abord collectif puis individuel. La plupart des personnes qui prennent rendez-vous avec un astrologue viennent quérir une assurance sur le destin, alors que l’événement extérieur n’a d’importance que dans la mesure où il nous renvoie à nous-mêmes, à la saisie de nous-mêmes dans notre relation avec l’universel.
Alexandre Armel : Rendez-vous planétaires
Doublement hérétique. Pour avoir voulu démonter l’astrologie et l’avoir, malgré lui, démontrée. Pour avoir, ce faisant, renvoyé dos à dos le scientisme et l’horoscopisme. Telle est, entre chien et loup, la position de Michel Gauquelin. Astro-psychologue ? Astro-statisticien, astro-logicien ? Tout à la fois, puisque sa recherche aura vérifié par une improbable approche quantitative le flou d’une intuition millénaire. Et lui aura donné statut épistémologique. Au sens le plus exigeant de la logique des sciences : « falsifiable », donc vérifiable, l’astrologie apparaît a minima comme « un ensemble d »‘absurdités » susceptibles d’être scientifiquement étudiées ».
Les sociétés secrètes modernes : 4 Les méthodes initiatiques et l'évolution des sciences
En réalité, le sacré ne repose ni sur l’intelligible, ni sur le sensible, ni sur la science, ni sur la métaphysique. Le monde du sacré est fondé éternellement sur l’incarnation du mystère, c’est-à-dire sur l’ordre de l’inconnu et de l’inconnaissable, sur l’ordre du non-humain et non pas sur la seule raison humaine. Et s’il n’y avait pas de transcendance à la base même des mystères, alors il n’y aurait pas non plus de mystères et toutes les sociétés secrètes traditionnelles ne seraient que des écoles de philosophie et des systèmes de morale qui passeraient comme tous les systèmes et comme toutes les écoles. Mais si elles sont fondées sur la transcendance, alors les mystères initiatiques sont réels et non seulement réels mais éternels comme leur principe universel. D’autre part, la voie traditionnelle vers le divin se propose de changer l’homme tout entier et non pas de développer des pouvoirs humains particuliers. Le processus de cette lente métamorphose, c’est l’initiation, et ses méthodes ne présentent aucun rapport avec celles de l’enseignement et de la pratique des sciences…
Hubert Reeves : Vérité et conception du monde
L’erreur fondamentale, c’est précisément de penser qu’au niveau de l’interprétation, on peut arriver à une vérité générale en fait, chacun a sa vérité, qui est la bonne pour lui. C’est sa vie, c’est sa façon de vivre, et c’est très important que cela soit développé. C’est son parcours intérieur — dont il aura besoin quand il devra prendre des décisions, puisque notre vie est telle que nous sommes sans cesse confrontés à des situations dans lesquelles nous devons prendre des décisions morales devant la souffrance.
Le champ unitaire causal, entretien Émile Pinel et Christine Hardy
Par conséquent, m’attaquant à la cellule vivante, je me suis trouvé devant un problème très particulier (au point de vue mathématique), à savoir que l’on a l’habitude de fixer la position de quelque chose par rapport à trois dimensions (hauteur, largeur, profondeur). Or je ne pouvais pas trouver des axes fixes, puisque le noyau bouge tout le temps et que le cytoplasme, lui aussi, se déforme. J’ai donc été amené à investiguer en mathématiques un domaine dans lequel les phénomènes se présentent dans des espaces mouvants, et c’est ce calcul, qu’on appelle calcul tensoriel, que j’ai utilisé, celui dont Einstein s’était servi pour faire sa relativité physique.
Une logique à trois termes, entretien Stéphane Lupasco et Chrisitne Hardy
Nous sommes dans un univers physique et biologique ; nous avons également en nous une matière psychique. Il se peut que l’anti-univers soit une dominante biologique sur un dominé physique, alors qu’ici nous sommes une dominante physique sur un dominé biologique. On peut donc imaginer un troisième univers qui serait l’équilibre des deux autres dans un état précisément de semi-actualisations, et de semi-potentialisations, physiques et biologiques. Il serait constitué de deux matières, mais comme dans le cerveau ou dans le noyau atomique, il se tiendrait dans un état d’équilibre. Ce serait donc un troisième univers essentiellement psychique.
La redécouverte de l'alchimie dans les chromosomes, entretien Étienne Guillé et Christine Hardy
On pense qu’au cours de l’évolution, l’ADN fonctionnait d’abord avec ces sept métaux, et que peu à peu, par manque notamment d’argent, de mercure, d’or, il s’est adapté, à des prix très élevés (en ce sens que beaucoup de cellules sont mortes, cela nous le savons pour d’autres raisons) à fonctionner avec des métaux voisins, c’est-à-dire des métaux ayant des propriétés voisines comme par exemple zinc, cobalt, manganèse. Mais ce qui est important, c’est que ces sept-là provoquent dans la molécule d’ADN des variations extrêmement caractéristiques et différentes les unes des autres.
Pierre-Sylvain Filliozat : Les Veda et la rationalité hindoue
L’hindouisme invite les hommes à se détacher du monde mais ne leur interdit pas de chercher à le comprendre. Ce qui explique que l’esprit scientifique ait toujours existé chez les Hindous qui, depuis les temps les plus reculés, ont su faire clairement la différence entre connaissance naturelle et surnaturelle. La prédilection des lettrés pour tout ce qui concernait la parole et la dialectique les a amenés à développer une véritable linguistique et à s’intéresser à l’homme plus qu’à la nature.