Jean-Louis Siémons : La science et le problème de l’après-vie

Au début, mes études au lycée m’ont porté vers la médecine, qui est une manière d’être humaniste, mais j’ai bifurqué vers la chimie biologique et finalement vers la physique sans renoncer à mes autres intérêts. La science ne nous oblige pas à renoncer à étudier ce qu’est l’homme et ce qu’il fait sur la terre. Donc, avec mes études scientifiques — j’ai deux doctorats — j’ai continué mes études spirituelles. J’ai étudié de très prés des livres comme la Bhagavad Gîta qui est considéré comme l’évangile de l’Inde, et pour mieux étudier ce livre profond, j’ai commencé à apprendre le sanskrit. De nos jours, il n’est plus surprenant de rencontrer des scientifiques qui s’intéressent à autres choses aussi. Oppenheimer a été pour nous l’un des premiers en Occident à s’intéresser à l’Inde et à la Bhagavad Gîta. De nos jours, on trouve des gens comme Fritjof Capra et d’autres. On n’a plus besoin aujourd’hui, en tant que scientifique, de justifier son intérêt pour des idées philosophiques et spirituelles.

Carlo Suarès : Entretien avec Krishnamurti

Nous savons tous que notre époque est explosive, que les moyens de l’homme, demeurés à peu de chose près constants pendant des millénaires, sont tout à coup multipliés des millions de fois ; que les calculateurs électroniques, pour ne mentionner que cela, deviennent d’heure en heure plus fantastiques ; que demain on ira dans la Lune ou ailleurs ; que la biologie est en train de découvrir le mystère de la vie et même de créer la vie. Nous savons que les données les mieux établies de la science s’écroulent ; que tout est constamment remis en question et que les cerveaux sont contraints et forcés de se mettre en mouvement. Nous savons tout cela ; il n’est donc pas nécessaire de revenir sur cet aspect de notre époque. Dans la confusion actuelle, l’homme est à la recherche d’une sécurité matérielle qui ne peut être trouvée que par des connaissances technologiques. Les religions sont devenues des superstructures qui n’ont guère une réelle importance dans les affaires du monde, cependant que les questions fondamentales demeurent sans réponse: le Temps, la Douleur, la Peur…

Robert Linssen : L'éveil ?

Les présentes réponses sont destinées à ceux qui sont sérieusement engagés dans le domaine de la recherche intérieure. Nos commentaires pourraient donner l’impression d’un caractère exceptionnel et des difficultés de l’Éveil. Rien ne devrait être plus simple et naturel que l’obéissance à la nature profonde de soi et des choses. Parce que nous sommes trop compliqués, il nous semble « compliqué » de réaliser la suprême simplicité.

Certains y arrivent spontanément sans le recours aux informations qui sont présentées ici. Tout simplement la « divine surprise » leur est arrivée parce que le moment était venu.

L’ère nouvelle est celle de la Plénitude de l’état sans ego…

Robert Linssen : À propos de J. Krishnamurti

J’ai rencontré Krishnamurti pour la première fois en 1928 au Camp International d’Ommen en Hollande. J’ai eu le sentiment de l’avoir toujours connu. Son extrême simplicité et la spontanéité de l’accueil affectueux qu’il me témoignait m’avaient fort ému. D’autres amis ont eu cette impression. Mais au-delà de cette simplicité, la présence d’un rayonnement spirituel et la pénétration d’un regard semblaient scruter les profondeurs de mon être et n’avoir aucun secret. Krishnamurti avait alors 33 ans. Entre 1931 et 1938, nous nous liâmes d’une profonde amitié. En 1931, je fondais à Bruxelles avec quelques amis le premier « Centre Belge Krishnamurti », transformé plus tard, en 1983, sous la dénomination « Comité Belge Krishnamurti » dont j’assume toujours la vice-présidence.

Robert Linssen : Robert Linssen et les maitres des voies abruptes

L’expression « voies abruptes » évoque le caractère soudain et spontané de l’éveil intérieur. L’exemple des événements qui se présentent au cours d’un rêve est souvent donné pour l’expliquer. Lorsque nous examinons le passage d’une situation de rêve à l’éveil normal, nous voyons qu’il se fait de façon instantanée.

L’éveil spirituel fondamental est comparable à la foudre, qui frappe à l’improviste: en un instant, elle révèle la plénitude de sa lumière, de sa chaleur, de son intensité. Nous ne pouvons pas « inviter la foudre ». Krishnamurti déclare à ce sujet: «You cannot choose Reality, Reality must choose you.» (Vous ne pouvez pas choisir la Réalité, la Réalité doit vous choisir)

Roger Godel : Entretien: Le corps comme image

Que le corps soit une image mentale, c’est une évidence que nous avons à tout instant, et que, pourtant, nous manquons de réaliser, nous manquons de reconnaître, pourquoi ? parce que, de notre corps, nous avons une expérience par le toucher, une expérience par la vue, une expérience par la douleur que nous lui attribuons — les douleurs dont nous prétendons du moins qu’il est l’origine —, et il est pour nous une constante sollicitation, de telle sorte que cet ensemble — cette imagerie, pouvons-nous dire, cette construction de l’esprit — nous revêt comme s’il était attaché à nous par des liens indissolubles.

René Fouéré : Entretien avec René Fouéré (1986)

Il y a des gens qui sont arrivés à cette conscience presque accidentellement. Parce que si l’on cherche à s’y entraîner par des voies techniques, on ne l’atteint jamais. Car cette conscience n’a pas de caractère technique. C’est justement – et au contraire – lorsque l’on perçoit la stupidité de tout ce que l’on fait dans le processus du moi que, tout à coup, un autre état apparaît.

René Fouéré : René Fouéré à Beauquinès (Entretiens enregistrés)

Je serais tenté de dire que de vraies relations humaines ne pourraient être établies qu’entre des libérés. Je n’ai pas la prétention d’appartenir à cette catégorie. On disait autrefois qu’en dehors des héros il y avaient les braves gens. En dehors des libérés il y a les gens de bonne volonté. Je suis un homme de bonne volonté devant vous. J’essaie de comprendre le point de vue des autres autant qu’il m’est possible. Nous essayons de nous défaire de tous les conditionnements que nous avons subis depuis notre naissance.