Prenons garde ici qu’une telle conception du devenir cosmique n’entraîne nullement le désespoir chez ceux qui la professent. C’est même tout le contraire, car la nature, changeante, variée, déploie sans cesse la beauté et la chaleur bénéfique, heureuse de la vie. Il y a là une véritable « magie » (en sanskrit : mâyâ) dont les prestiges sont goûtés avec gourmandise par tous les vivants. C’est pourquoi les hindous appellent daïvam (« divin ») ce destin auquel toutes choses sont soumises…
Catégorie : V-Z
Georges Vallin : Philosophie occidentale et métaphysique orientale
Dans une Upanishad, il est dit que la dimension supra-personnelle, le para-brahma, est les trois quarts de la vérité; tout le reste, à savoir ce que nous avons l’habitude d’appeler Dieu, le monde et l’homme, est un petit quart. Et lorsque l’on s’aperçoit que la philosophie débute avec l’oubli des trois quarts de la vérité, le quart qui reste a une aventure qu’il est facile de baliser et de repérer. C’est au fond l’aventure de l’égo qui se détache de sa véritable nature et qui va être condamné à fantasmer des dualités…
le docteur Guy van Renynghe : L’énergie humaine
Dans la vision cosmique de Teilhard, l’Univers est issu d’une seule et même énergie psychique. Il distinguait l’énergie tangentielle ou l’aspect matériel des choses et l’énergie radiale ou force psychique qui induit la construction d’éléments plus complexes. De l’ambivalence de l’énergie première, il résulte que toute matière porte une part de psychisme ou de conscience, tout en admettant des degrés différents dans le monde inanimé et vivant. Teilhard poursuit en écrivant que matière et conscience évoluent suivant la loi de complexité-conscience. La qualité de conscience augmente avec la complexité du cerveau qui chez l’homo sapiens permet la pensée réfléchie.
Guy van Renynghe : A la Recherche d'une Intégration Psychobiologique
Le dilemme de l’âme a pu se formuler ainsi : si nous acceptons que les activités mentales sont des manifestations de l’âme, les modifications de ces activités, par une stimulation électrique du cerveau, reviendraient à manipuler l’âme par l’électricité ce qui est illogique puisque l’âme est incorporelle par définition. Si d’autre part, nous privons l’âme des toutes les fonctions mentales dont nous pouvons démontrer la dépendance par rapport à la physiologie cérébrale, nous la réduisons à une abstraction incorporelle, difficilement saisissable par l’esprit relativement pauvre de l’homme.
Frans Wittemans : Krishnamurti et l'Idée Religieuse
Avec la venue de Krishnamurti a commencé une période nouvelle dans l’histoire du monde au point de vue religieux, car il s’élève avec la plus grande autorité contre pareil sentiment qui, dit-il, n’a établi que confusion entre les hommes. « Chaque religion a eu son propre dieu, son ciel et son enfer. Dieu me garde d’ajouter quelque chose à cette confusion. Si vous me demandez ce qu’il faut entendre par Dieu, je vous répondrai que pour les uns c’est une puissance suprême; pour d’autres, l’intelligence suprême; pour d’autres encore, l’énergie créatrice. Pour moi, c’est la Vie Universelle, qui ne doit pas être adorée, mais dont nous sommes nous-mêmes les porteurs. »
Serge Young : Charles Morgan l'art et l'unité de l'esprit
Alors donc, il existe quelque chose en nous qui dialogue avec l’univers tout entier. Et notre solitude que nous croyons sans voix n’est qu’une solitude sans oreille. Quelque chose détient le secret que nous cherchons en vain. Et il suffit d’écouter, direz-vous ? Mais cela n’est pas si simple. La chair de l’homme a pris une importance extrême. L’homme est perdu dans cet univers des apparences qu’il a voulu à tout prix, concevoir et approfondir. L’homme qui se rue dans sa crainte d’être seul, les bras ouverts, dans sa soif d’étreindre les formes et les surfaces, alors que seule en lui quelque chose est là qui n’est séparé de rien ! La vie des aspects à laquelle il a donné crédit se boursouffle et l’entoure, le retient prisonnier sans parvenir à pénétrer en lui. Il est aveuglé par le temporel et le variable. Il se dispute avec des fantômes qui lui échappent. Il est semblable à celui qui, cherchant la porte de sa cellule, lui tournerait le dos et se heurterait en vain au mur opposé.
Jean Varenne : Haré Krishna, une upanishad inédite
Ce sont ces groupes de « fous de Dieu » (pour employer une expression de notre Moyen Age) que nous avons vus dans les rues de nos villes, vêtus de robes orange, le crâne rasé (sauf une mèche à l’occiput ), dansant et chantant au son de petites timbales. Ce qu’ils psalmodient, c’est le mantra (formule sacrée) de la secte qui n’est autre chose que les trois noms divins Hari (devenu, au vocatif, Haré), Râma, Krishna !
Jean Varenne : Questions à Jean Herbert l'introducteur en France de l'hindouisme
Eh bien, c’est tout à fait accidentellement que je suis arrivé en Inde au cours d’un voyage qui me ramenait d’Extrême-Orient en Occident. J’ai été orienté, sans savoir pourquoi (mais le hasard n’existe pas), sur l’âshram du Shrî Aurobindo. Avant d’y arriver, je n’avais même jamais entendu son nom et donc ne savais pas du tout qui il était. Or j’ai rencontré en lui un homme qui m’a passionnément intéressé et dont les œuvres m’ont paru et me paraissent encore de première importance dans le mouvement spirituel contemporain. A cette époque, j’avais déjà eu accès aux œuvres de Râmakrishna et de Vivekânanda. Il y avait là tout un ensemble qu’il m’a semblé urgent de faire connaître directement, c’est-à-dire en laissant la parole à ces maîtres eux-mêmes
Yvonne Nivarlet & R. Van Malder : Vivekananda
Comme l’avait prédit Ramakrishna, Vivekananda est un chef spirituel de l’humanité. Souvent les sages dont on parle, gardent quelque chose de mystérieux. Nous les voyons très hauts, lointains dans leur apogée. En suivre un dès sa jeunesse, c’est tracer à nous mêmes, un chemin possible.
Jean Varenne : La littérature française et l'Inde
À lire le gros ouvrage de Jean Biès, le public peut être tenté de penser, d’une part, que la France est la nation privilégiée dans le domaine des rapports entre l’Inde et l’Occident et, d’autre part, que notre littérature a été profondément affectée par ces contacts. Or ces vues sont fausses l’une et l’autre : il n’est que trop évident que c’est l’Angleterre qui joua le rôle principal au XIXe siècle, et l’on ne s’en étonnera pas en réfléchissant que c’était là pour elle un impératif majeur, car elle ne pouvait songer à administrer un pays dont elle eût ignoré la culture. Les traductions anglaises du sanskrit sont donc dix fois plus nombreuses que les françaises, et cent fois au moins celles des œuvres en langues indiennes modernes…