Pascal Ruga : La fin d'un désir

Je ne tardai pas à réaliser que le désir de voir dans ma propre nature n’était qu’un leurre de plus dès l’instant où cet état était voulu. D’avoir espéré atteindre ce que je pensais être la vérité, même en croyant me dépouiller du désir de la posséder, ne pouvait que me jeter dans une impasse ; car une vérité que l’on peut atteindre n’est pas la vérité, mais une nouvelle cristalli­sation de la poursuite du moi.

Robert Powell : Si la conscience ne choisit pas, qui donc est conscient ?

Maharshi nous exhorte constamment à poursuivre l’enquête « Qui suis-je? », « À qui cela arrive-t-il ? », et ainsi de suite, non parce qu’un tel « Qui » existe, mais parce qu’au cours de cette même recherche nous découvrirons son irréalité et que cette découverte mettra fin à la prévalence de l’ego. Puisque l’observateur en tant qu’entité psychologique n’est rien d’autre qu’un flux de pensées activées et maintenues par le désir, on voit déjà qu’un examen de ce qui arrive à cette entité en poursuivant la recherche du « Qui suis-je ? » doit être essentiellement la même chose que le processus de connaissance du soi dans une prise de conscience sans choix. Les deux enseignements ont comme commun dénominateur l’injonction suivante : « Trouvez d’abord qui est l’observateur, et tout s’ensuivra naturellement. »

l’Advaita Moderne Traditionnelle : Les gourous de l’Advaita Moderne Non Traditionnelle et leurs critiques

Le courant Moderne de l’Advaita s’est divisé en deux camps : l’un reste fidèle à une expression plus traditionnelle de l’Advaita Vedanta tandis que l’autre s’écarte clairement de ce système spirituel traditionnel. Ces quinze dernières années, le camp de l’Advaita Moderne Traditionnelle a critiqué largement et fermement les enseignants et l’enseignement de l’Advaita Moderne Non-Traditionnelle.

Un objet unique rechercher ce que Jésus a dit. Entretien avec Émile Gillabert

La science contemporaine remet en cause la réalité des objets. Cette table, ce cendrier apparaissent comme des objets solides alors que le chercheur en micro­physique voit de l’énergie en mouvement. Cette vision du monde va dans le sens de la non-dualité gnostique. C’est par suite d’une illusion que je vois les choses séparées. Le savant et le métaphysicien sont d’accord sur l’interdépendance de toute chose ; l’un et l’autre comprennent cette parole de Jésus : « Il y a de la lumière au dedans d’un être lumineux, et il illumine le monde entier » (log. 24).

Houei-Neng : La réalisation

En cherchant à comprendre, il faut faire l’introspection de votre propre esprit, indépendamment des choses et des phéno­mènes. La distinction de ces quatre véhicules n’existe pas dans le dharma lui-même, mais dans la différenciation que fait l’esprit des gens. Voir, entendre et réciter le sûtra, c’est le petit véhicule. Connaître le dharma et comprendre sa signification, c’est le véhicule moyen. Mettre le dharma en pratique, c’est le grand véhicule. Comprendre à fond tous les dharmas, les avoir complè­tement en nous, être libre de tous attachements, être au-dessus des choses et des phénomènes et n’être en possession de rien, c’est le suprême véhicule.

Wolter A. Keers : Jnana yoga - Questions & Réponses

La réponse à toutes ces questions est analogue à la solution du cercle carré. Il importe de se demander d’où procèdent de telles questions et quel genre de réponses on désire obtenir. La question naît dans l’esprit et la réponse qu’on attend doit être dans les termes de la raison. Mais la question est-elle « raisonnable » ? En la posant on oublie que l’esprit lui-même fait partie du monde et qu’il est impossi­ble d’expliquer un tout dans les termes de sa partie. Imaginez un gâteau rond. Partagez-le en huit morceaux. Supposons que chaque morceau représente un individu. Comment s’y prendre pour expliquer à l’un de ces morceaux ce qu’est le gâteau en entier ? C’est une tâche impossible car le morceau ne pourra jamais comprendre ce qui le dépasse, ce qui est plus grand que lui.

Que cela vous plaise ou non, rencontre avec Arnaud Desjardins

Certes, il est le contraire d’un être blindé, endurci et sans cœur et éprouve donc des sentiments : amour, compassion, participation aux souffrances des autres… Mais vous imaginez vous constatant : « J’ai rencontré Ma Ananda Mayî, elle était très inquiète », « J’ai rencontré Bouddha, il ne se sentait plus de joie » ? La réponse est non, bien sûr. Vous ne pouvez concevoir un sage soumis à ces mécanismes.

Jacques May : La philosophie bouddhique de la vacuité

J’ai parlé tout à l’heure d’une exigence de réalité et d’une exigence de rationalité. Cette double exigence, qui détruit la réalité de surface, manifeste en elle la réalité absolue. Elle ne trouve pas son origine en l’homme, être pensant ; elle est dans la réalité, elle est la réalité même. En son essence, elle est impersonnelle, universelle. Elle parvient à son exaltation dans la connaissance de l’absolu, adéquate et homogène à son objet, et qui pourrait se définir : connaissance rationnelle abolie adéquate à un réel annulé. Double à son point de départ relatif, l’exigence est une à son terme : le réel et le rationnel fusionnent en s’effaçant, en « s’arrêtant », dit le sanscrit. C’est ainsi que le Mâdhyamika souscrirait, à sa manière, à l’axiome hégélien : « tout ce qui est rationnel est réel, et tout ce qui est réel est rationnel ».

B. Lahiry : La recherche de la vérité

De même que le silence peut être expérimenté directement entre deux notes consécutives, et que l’écran tel qu’il est peut être vu direc­tement entre deux images projetées consécutivement, Cela, le témoin, peut aussi être directement expérimenté entre deux pensées qui se suivent. La question est de savoir comment saisir le témoin pendant cet intervalle extrêmement court ; et l’intervalle peut-il être allongé ? Toute méthode supposant un processus mental est en principe inutile car elle exercerait un effet contraire sur l’intervalle. Un effort pour arrêter la pensée est également inutile, car cet effort est accompli par un auteur ou par un acteur, cachant immédiatement le témoin.

Guy Bugault : Aux sources du zen

L’absence de pensée. Ce qu’elle n’est pas: On pourrait croire, à en juger par les mots, qu’elle est une privation de pensée pure et simple. Il n’en est rien. L’absence de pensée, telle qu’elle est vécue par le saint, n’est nullement un néant de pensée. Là-dessus les textes sont formels. Déjà, le Buddha déclare que si la sainteté, la domination de soi-même et des sens consistent à ne pas sentir, à ne pas penser, les sourds, les aveugles et les simples d’esprit seront des saints…