Jean Biès : A propos du cinquième évangile entretien avec Émile Gillabert

L’incompréhension ne pouvait être que totale : un dialogue de sourds, avec des disciples infantiles, interprétant les paraboles dans un sens quantitatif et historique, et fermés à toute notion d’intériorité et d’éternité. L’aventure du Royaume est intérieure et individuelle ; elle a été comprise comme extérieure et collective. L’éveil de la conscience a été confondu avec la « résurrection des morts ». Manger le pain de la Parole, s’abreuver à la coupe de l’Enseignement est devenu la Cène (alors que Jean lui-même n’identifie nullement la chair et le sang du Fils de l’Homme au corps et au sang d’une victime offerte en sacrifice : le rachat par le sang est une idée de Paul…). L’épreuve salvatrice de celui qui se prend en main a dégénéré en salut par la Croix de celui qui se fait prendre en charge. Le dévoilement de l’Esprit, lorsque cesse notre cécité, a été pris pour l’apparition de Jésus post mortem. Le retour à l’Un, à l’Etre intemporel, la fin de tout dualisme sont devenus la « fin des temps »…

Swami Hridayananda Sarasvati : Retour à la source

Ce titre, « Retour à la Source », donne l’impression que la source est éloignée et qu’il faut parcourir une grande distance pour l’atteindre. Ce n’est pas vrai. La source est partout; elle est en nous et autour de nous. Nous n’en sommes jamais séparés mais sommes toujours en continuité avec elle. Nous faisons partie de cette source. Dire « Retour à la Source » n’est qu’une façon de parler, car si l’on n’a pas conscience de la Vérité, on a l’impression que la source est éloignée de soi. Tant qu’on n’en est pas devenu conscients, on peut dire que l’on chemine vers elle. Ce cheminement est néanmoins différent de tout autre voyage car on ne peut rien emporter avec soi. En fait il faut tout abandonner. Il faut même s’abandonner soi-même. Ce que l’on appelle toute la journée le « moi », il faut l’abandonner afin d’arriver à la source ou devenir pleinement conscient de cette source.

M. P. : Le regard neuf

Aucun raisonnement dialectique ne peut conduire à cette claire perception. La synthèse, qui établit une conciliation des contraires, thèse et antithèse, tente de surmonter leur opposition par un point de vue nouveau, un arrangement du connu; mais elle demeure sur le même plan, horizontal, et la contradiction peut ressurgir. Tandis que la vision de la fin est reconquête de l’unité; elle a une saveur nouvelle, elle introduit une autre dimension.

R. Linssen : La perception globale immédiate

A chaque instant, des pensées se présentent dans le champ de notre esprit. Elles se présentent sous forme de mots, d’images. Très souvent, ces pensées n’ont pas été choisies de propos délibéré pour répondre adéquatement aux circonstances. Ce sont les pensées que S. Freud et St. Zweig appelaient les pensées « intruses ». En bref, elles sont là. Elles sont là comme autant d’échos constants, automatiques, rapides du passé dont l’ombre portée masque la clarté du Présent

Robert Linssen : Voies spirituelles progressives et abruptes

L’origine des Voies spirituelles Non Duelles se situe dans l’antiquité lointaine de l’Inde. Parmi les textes les plus connus, il importe de mentionner le « Yoga Vashishta » attribué, selon la tradition indienne, au maître indien Vashishta précepteur du roi Daratha. Le « Yoga Vashishta » était la source d’inspiration préférée du célèbre maître indien Ramana Maharshi (1870-1950) de Tirunamavalai. Celui-ci est considéré comme l’un des représentants les plus purs de la sagesse indienne « non duelle”. Il en était une incarnation vivante.

Roger Gunther-Jones : L'ici est vide

Quiconque a la volonté de « voir son vide essentiel » et ainsi de devenir « illuminé » peut le faire maintenant sans gaspiller son temps sur les chemins traditionnels, ceux du bouddhisme ou de toute autre foi; ces démarches-là pourraient être appréciées plus tard, avec profit peut-être, si le besoin de formes religieuses survivait à la pratique de l’état de non-dualité.

Georges Vallin : Philosophie occidentale et métaphysique orientale

Dans une Upanishad, il est dit que la dimension supra-personnelle, le para-brahma, est les trois quarts de la vérité; tout le reste, à savoir ce que nous avons l’habitude d’appeler Dieu, le monde et l’homme, est un petit quart. Et lorsque l’on s’aperçoit que la philosophie débute avec l’oubli des trois quarts de la vérité, le quart qui reste a une aventure qu’il est facile de baliser et de repérer. C’est au fond l’aventure de l’égo qui se détache de sa véritable nature et qui va être condamné à fantasmer des dualités…

Maurice Lambilliotte : Le Sens de la Création

La connaissance — et peut-être est-ce ce mot qui est ambivalent — doit donc pouvoir nous conduire effectivement hors de la dualité. Même dans l’état d’individu et pourtant sans que cette dualité dépassée, soit absurde ou niable pour tout ce qui concerne le « plan ». Une telle contradiction ne peut paraître irréductible que pour l’intelligence rationnelle et objectivante. Elle ne l’est certainement pas, du point de vue de certains états d’évidence, de communion consciente et d’effective reliance.

Robert Linssen : Le regard Intérieur

Ces textes proviennent des « Voies Abruptes » indiennes, de l’Ad-vaïta, de l’École « Ch-An Tsung » chinoise, de la Para-Bhakti indienne, des Adeptes du « Sentier sublime Tibétain, des « Praja-Patis » Seigneurs de l’Être » et des Maitres Mongols.

Louis Liébard : La hiérarchie divine

C’est en toutes lettres qu’écrivait le Prophète Isaïe (XV, 7) : « C’est Moi, Dieu, qui fais le bonheur (le bien) et qui provoque le malheur (le mal), c’est Moi, Dieu, qui fais tout cela ». Tandis que l’homme, image de Dieu, mais n’en possédant ni sa toute-puissance, ni sa toute-liberté, est obligé de dire avec Saint Paul : « Je fais le mal que je ne voudrais pas faire et je ne fais pas le bien que je voudrais faire ».