Jacqueline Kelen : La femme, le désir et la peur

Il est difficile d’entrevoir des solutions à cette violence, à cette peur, car elles renvoient au cœur humain et non à une quelconque loi de sécurité. Au lieu de se construire un abri antiatomique, l’être humain a pour tâche urgente de s’ouvrir, de s’éveiller, de lâcher prise. Car avoir peur c’est presque toujours avoir peur de perdre, avoir peur de mourir.

Michel Triet : Meurtre à l'étouffée

Par une suite d’expériences directes, voici une mise en relief de peurs incarnées. Michel Triet est un artiste peintre : son œil sait observer la nature en œuvre. Au travers de son texte il souligne à quel point un exemple banal de prédation d’insectes peut réveiller chez les spectateurs la peur jusqu’à l’horreur.

docteur Bernard Pernel : Moi, la violence et les autres

Pourquoi cette violence ? Il n’y a pas de violence sans peur ou sans souffrance. PEUR ET SOUFFRANCE sont les racines de la violence. D’où naissent cette peur et cette souffrance ? Probablement à l’aube de notre existence, dès la première phase de la naissance, quand exilé du paradis perdu de l’unité primordiale avec notre mère, nous tombons dans l’enfer de la dualité dès les premières contractions utérines.

docteur Jacques Vigne : Psychologie de la violence dans notre société

La meilleure prévention contre une éventuelle manipulation de notre esprit reste de retourner à soi-même : savoir se désidentifier des circuits émotionnels tout faits qui viennent s’interposer entre nous et les autres, entre nous et la réalité. Savoir remettre en question ses croyances automatiques, ses préjugés, avant que d’autres viennent les remettre en question…

le docteur Pierre Wiltzer : Survivre à ses parents

La violence n’est pas seulement intrafamiliale ; il existe une violence qui s’exerce vis-à-vis du sujet lui-même et la pathologie mentale nous en offre des exemples caricaturaux, tant dans la mélancolie où, comme le souligne J. Nadal « la perte de l’objet conduit le Moi en s’identifiant à l’objet perdu à se dévorer lui-même par la pression du Surmoi destructeur », que dans les conduites automutilatrices chez l’enfant et la toxi­comanie chez l’adolescent. Dans l’anorexie de la jeune fille on retrouve une auto-affirmation narcissique de toute-puissance à l’image de cette même « toute puissance » dont parle B. Grunberger, à laquelle participe le chasseur qui abat sa victime.

L’ambigüité humaine entretien avec le professeur Maurice Auroux

L’animal est agressif pour survivre. Tandis que dans notre agressivité… toutes les structures cérébrales sont représentées. Il n’y a pas une structure cérébrale qui ne soit en relation avec les autres. Alors notre agressivité va passer par notre néocortex et c’est paradoxal puisque notre néocortex est le siège de la raison, de la réflexion, de l’imagination, bref, de ce qui nous caractérise. Notre agressivité n’est pas celle de l’animal vis-à-vis d’une proie qui s’échappe et qu’il poursuit parce qu’il a faim : nous, nous sommes capables d’agresser parce que notre imagination, l’idée que nous avons de nous-même peut nous entraîner, via l’affirmation de soi, à devenir violent.

Marc De Smedt : Sotie sur la peur

D’abord, le silence peut cacher la crainte, quelle qu’elle soit. Et en la dissimulant aux yeux du monde, il couvre divers états qui ont pour nom : faiblesse, appréhension, affolement, effroi, voire panique… Les expressions populaires ne disent-elles pas qu’on peut se retrouver muet de terreur, sans voix, plus mort que vif, avec le souffle coupé ? Mais, silence gardé n’empêche ni l’émotion ni ses signes divers : boule dans l’estomac, jambes flageolantes, sueurs froides, yeux égarés, blêmissement très net… sans oublier les fameux cheveux qui se dressent sur la tête et les poils du corps qui se hérissent. Tout cela pouvant mener soit à l’évanouissement chez des natures chichiteuses, donc à un silence total, soit à la fuite, silence poltron, soit à une réaction de défense plus ou moins contrôlée, auquel cas le silence se mue en paroles plus ou moins criardes et, parfois, en coups et glapissements divers.

Michel Fournier : La grande peur de M Teste

M. Teste se nourrit uniquement de produits naturels. Il mange sans sel et pas trop épicé ; il a l’estomac fragile. Il ne boit que des grands crus, modérément, les autres vins sont trafiqués. Il a lu des choses épouvantables sur les conservateurs, les colorants et les renforçateurs de goût. Les revues de consommateurs le font frémir. Il a vendu sa voiture à cause des chauffards, des assurances, des voleurs et des vandales, des contraventions et autres tracasseries administratives ; d’ailleurs il ne sort plus que par obligation. Il ne voyage jamais : on est toujours déçu. Mauvaise alimentation, climats éprouvants, populations bizarres. Il n’a pas d’animaux, c’est sale, envahissant, on s’attache et cela implique des obligations fastidieuses. Préserver sa dignité est déjà une exigence à haute responsabilité, qui nécessite une vigilance de chaque instant.

Howard Brabyn : L'émotion dans le cerveau

On a pu constater que le cerveau était capable de détecter les caractéristiques structurelles des sons et que ces dernières déterminaient la dominance de l’hémisphère droit ou de l’hémisphère gauche. Ainsi les sons vocaliques humains, les sanglots, le rire, la stridulation des insectes et d’autres bruits naturels, qui comportent tous une modulation de fréquence et des combinaisons harmoniques, induisaient chez les sujets japonais une dominance de l’oreille droite (hémisphère gauche).

Carlo Suarès : L'évolution du subjectif dans la nature

La naissance de la liberté, est la naissance de ca­ractères isolés, individuels, qui affranchissent le sujet des réactions rigoureusement déterminées de l’espèce. Cela ne veut dire aucunement que ces réactions individuelles ne sont pas déterminées, mais elles le sont par des causes qui sont devenues individuelles. Ce je se met à avoir des réactions qui lui sont propres, il devient à lui tout seul une nou­velle espèce. Mais du fait qu’il s’applique dès lors à protéger et à faire durer son équilibre, (son je, ses réactions particulières), il s’oppose à l’équilibre plus général qu’il désire atteindre, il s’oppose à sa propre essence, et sa liberté devient cela même: qui l’enchaîne.