Francine Kaufmann et Josy Eisenberg : Le judaïsme

Le terme même de « judaïsme » peut avoir une acception proprement religieuse : en tant que religion des juifs ; mais aussi socio-politique comme représentation globale de la po­pulation juive, c’est ainsi que l’on parle de judaïsme mondial ou de judaïsme français. Cette dualité exprime assez bien la complexité du destin juif, qui est tout ensemble civilisation et religion ou, simplement, communauté d’origine. Une telle ambiguïté provoque d’ailleurs parmi les juifs contemporains de nombreux débats autour de ce qu’on appelle communé­ment l’« identité juive ».

André Niel : Les grands appels de l'humanisme contemporain

Ce message est celui d’un humanisme qui rassemble tous les hommes dans une seule action, progressive, unitaire et harmonieuse. Cette vision de l’homme n’est limitée par aucune finalité, elle est un humanisme intégral. Il n’existe plus aucun but extérieur au rapport essentiel qui rattache, originellement, l’homme à l’univers et les hommes entre eux. Vivre ce rapport originel est la liberté, la spontanéité créatrice, où s’exprime enfin sans entraves le conscient-existant fondamental.

Pierre Crépon : La guerre sacrée chez les Aztèques

Le 13 août 1521, deux ans après avoir débarqué sur la côte mexicaine, Cortès et ses compagnons s’em­parent de la capitale de l’empire Aztèque, Mexico-­Tenochtilan. Ils pénètrent dans la ville après un siège de plusieurs mois : déjà plusieurs dizaines de milliers de Mexicains y sont morts de famine, et bien d’autres ne survivront pas à la frénésie meur­trière des assiégeants. Le reste sera marqué au fer rouge de l’esclavage, et la ville se verra détruite de fond en comble afin que ne subsistent aucun des mul­tiples temples qui s’élevaient à la gloire des dieux du Nouveau Monde. C’en était fini de Mexico, la cité royale, dont les Conquistadors eux-mêmes disaient qu’elle était « une ville plus belle que Grenade ou Venise ».

Hazrat Inayat Khan : La religion du soufi

Il est désirable avant tout, pour le croyant en Dieu, de faire d’abord sa propre conception de Dieu. Naturellement l’homme ne peut pas se faire une conception de ce qu’il ne connaît pas. Par exemple, si on vous disait de vous imaginer un oiseau que vous n’avez jamais vu, qui ne ressemble à aucun oiseau que vous ayez vu, vous lui donnerez d’abord des ailes, en­suite la tête d’une vache, puis vous imaginerez peut-être les pieds du cheval, la queue du paon ; mais vous ne pourrez imaginer une forme que vous n’aurez pas vue, ni connue. Vous devrez rassembler dans votre es­prit des formes que vous connaissez déjà. Vous ne pourrez faire une con­ception que vous n’avez jamais vue ni connue. Puis la chose la plus fa­cile et la plus naturelle à l’homme est de concevoir tout être sous la forme de l’homme. Quand il pense aux fées ou aux anges, il les voit sous une forme humaine. C’est pourquoi, si un être humain conçoit même l’Idéal-­Dieu, la conception la plus élevée et la meilleure sera la personnalité humaine la plus élevée et la meilleure. Il n’y a en cela rien de fautif…

Jacqueline Martin-Bagnaudez : Revivre en son corps la passion de Jésus-Christ

Un — ou une — stigmatisé(e) est un homme ou une femme dont le corps porte spontanément, de façon permanente ou temporaire, des blessures identiques à celles reçues par Jésus-Christ au cours de sa Passion, c’est-à-dire les marques des clous dans les mains et les pieds laissées par la mise en croix, ainsi qu’une blessure au côté provoquée par un coup de lance. Le mot « stigmate » est d’origine grecque ; il vient du terme stigma qui signifie, dans cette langue, « piqûre, point ». C’est dire qu’à l’origine le terme de « stigmatisé » n’implique aucune idée religieuse, encore moins chrétienne, malgré l’usage courant actuel. Bien plus, on connaît des cas — rares il est vrai — de stigmatisés musulmans, reproduisant en leur corps les blessures reçues par le Prophète Mahomet au cours des guerres qu’il dut soutenir. En outre, on a parlé aussi de « stigmates diaboliques », marques en forme de griffes ou de pattes d’animaux tels que crapauds, boucs, chats, etc…

Guitta Pessis Pasternak : La Bible en son sens entretien avec André Chouraqui

Les Septante ont été, non seulement les premiers traducteurs de la Bible, mais aussi les premiers traducteurs de l’Histoire : c’est la première fois qu’on a entrepris la traduction d’un grand texte d’une langue dans une autre langue, c’est-à-dire passer d’un contexte culturel déterminé dans un autre. Les Septante ont fait œuvre de pionniers : ce fut l’un des plus grandioses monuments de l’aventure spirituelle de l’humanité. A cette fin, les Septante optèrent pour une technique de traduction résolument syncrétiste et apologétique. Saint Jérôme, en écrivant la Vulgate, a essayé de faire une traduction révisée, avec ce qu’il appelle la « veritas hebraicas », un retour aux sources aussi radical que possible. Au fond, il a tenté de faire au IVe siècle ce que j’ai tenté de faire au XXe siècle. En l’appelant « vulgate » c’est-à-dire pour le vulgum, pour le peuple, il a offert la première Bible de « poche » en Latin. Les Septante et la Vulgate sont deux grands monuments de la culture universelle et ces deux grandes traductions ont inspiré toutes les autres. L’importance de ma traduction, d’après les critiques, est justement ce retour radical aux vraies sources bibliques d’avant les Septante.

Jean Markale : Un druidisme actuel est-il possible ?

Dieu — peu importe le nom ou le sexe qu’on lui donne — est gênant. C’est la raison pour laquelle on l’enferme dans des sanctuaires. C’est la raison pour laquelle on a établi la distinction entre la vie religieuse et la vie profane. Il faut bien dire que Dieu est devenu gênant parce qu’on s’en est servi abondamment pour lui faire dire ce qu’il n’avait pas dit, pour opprimer tant et plus au nom du Ciel. Toutes les Eglises, toutes les religions institutionnalisées portent, dans ce domaine, une responsabilité accablante. Mais le fait est là : on a coupé l’être humain en deux, et il ne s’en est pas remis.

Jean Biès : La crise spirituelle : de la religion de Dieu à la religion l'homme

La « mort de Dieu » a pour corrélatif la « divinisation » de l’homme, qui n’est que la contrefaçon de sa « déification » dans l’Esprit-Saint. Il s’agit bel et bien d’une substitution de l’humanité à la divinité, une humanité qui se prend elle-même pour objet de sa propre adoration, et où l’Homme, pour reprendre l’expression de Protagoras, est devenu la « mesure de toutes choses ». Tel un second Créateur, il repense et refait le monde ; s’enivrant de sa puissance, il s’applique à lui-même les paroles du Christ « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse, XXI, p. 5). L’animal raisonnable s’auto-divinise et s’absolutise dans un logos qui n’est plus le Verbe, mais la seule raison raisonnante ; son envol vers la Lune est pris pour l’Ascension de l’humanité. La « sainte Matière » nie Dieu en tant que « Moteur immobile » qui meut l’univers ; la « sainte Evolution » fait que Dieu se trouve lui-même entraîné par le « cyclone » montant de la Matière : il est un Dieu « cosmogénèse », captif de l’Existence et du Devenir qu’il a créés.

La réalité de Satan, entretien avec le Dr. Alain Assailly

Envoûtement, j’y crois, mais auto-envoûtement d’abord. Je leur dis « Si vous n’entreteniez pas vous-même ce que vous êtes censé recevoir, vous pourriez commencer à lever la tête et à respirer. » Lorsqu’on leur fait comprendre cela, c’est considérable. Je précise bien que l’auto-envoûtement fait partie du mécanisme, mais qu’il n’est pas la cause. Puis, j’essaie de les mettre dans un état auquel me poussent mes convictions catholiques. Comment vous expliquer la chose ? Dans les Evangiles, le Christ dit bien que l’on doit pardonner aux ennemis, qu’on doit prier pour eux. Lorsqu’il s’adresse à ses apôtres, il leur dit cette phrase mystérieuse : « Quand vous entrez dans une maison, dites « La paix soit avec vous ». » Si cette paix n’est pas reçue ou acceptée, elle reviendra donc sur votre tête. Je vois là une espèce de choc en retour bénéfique pour les malades. Leur ayant parlé de ces questions, je les envoie à tel prêtre qui connaît ces problèmes et qui collabore avec moi…

Charles D'Hooghvorst : Sarah et Abraham

Le texte biblique et les commentaires rabbiniques insistent sur le fait que Sarah était stérile et Abraham très vieux, afin de nous faire entendre qu’il ne s’agit pas d’une génération charnelle, mais d’une génération qui se réalise par l’Esprit Saint. Cet enseignement hébraïque nous parait fort semblable à celui qui est contenu dans l’Évangile, à propos de Marie, qui, exactement comme Sarah, reçut la visite d’un ange. A toutes deux fut annoncée la naissance messianique.