Dorion Sagan : Sexualité et créativité

Ce dernier point est très important. Il montre que quelque chose doit être en œuvre pour contenir, diriger, filtrer le flot incessant des associations qui germent dans l’esprit du créateur, et pour choisir parmi celles-ci. L’effet exercé par la logique sur le chaos indifférencié des idées artistiques et scientifiques en formation est presque semblable, à un point qui en est presque alarmant, à celui exercé par la sélection naturelle sur l’évolution des espèces vivantes. Peut-être que l’hémisphère gauche de notre cerveau, linéaire, digital, verbal, et conceptuel s’entraîne dans l’exercice de cette faculté sur l’hémisphère droit, analogique et non verbal.

Aimé Michel : Raymond Ruyer: restons sceptiques!

Les antiparadoxes les plus féconds encadrent notre avenir d’espèces. Ils fondent la seule eschatologie possible, qui est scientifique, car Ruyer récuse toutes les ratiocinations idéologiques : il n’accepte que les vérités modestes et limitées de la science. Exemple d’antiparadoxe eschatologique : qui ne se reproduit pas disparaît de l’avenir. Evidemment ! Eh oui, évidemment, mais qu’en pensent les déviants de toutes sortes ? Les prédicants du célibat, du couple stérile ou homosexuel, de l’enfant unique, de la dissolution familiale ? Plus ils ont raison et plus ils seront prompts à disparaître puisqu’ils s’effacent eux-mêmes de ce monde avec un entrain fanatique

Parapsychologie : Colloque autour d'un film

Je voudrais insister aussi sur un point : je ne nie pas ces choses-là, je n’ai pas à les nier, je dis simplement que je ne m’y intéresse pas outre-mesure, ma nature étant ainsi faite que je ne me sens pas attiré par elles. Je me dis aussi : à quoi cela peut-il m’avancer? S’il s’agit de découvrir une tranche de la réalité qui m’échappe actuellement, je crois qu’on finira par l’intégrer malgré tout dans la connaissance humaine, que l’on donne à ce mot connaissance telle ou telle définition que l’on voudra. Ce qui me préoccupe, moi (je suis positif à l’extrême, c’est presque maladif) c’est de savoir dans quelle mesure toutes ces recherches, le fait de se consacrer à ces problèmes, pourra m’aider à faire en sorte que l’homme arrive à se dominer, à être tout simplement un homme.

Lynn Margulis & James Lovelock : Le petit monde des pâquerettes - Un modèle quantitatif de Gaïa

Le modèle présenté ci-dessus se concentre sur la température moyenne à la surface. Une augmentation de l’intensité de la luminosité solaire tend à induire une augmentation de la température à la surface. Un mécanisme simple et plausible, basé sur quelques propriétés élémentaires et bien connues du comportement et de la croissance des êtres vivants, permet de montrer que la régulation de cette température peut émerger comme la conséquence logique de ces propriétés de la vie.

Les paradoxes de la complexité entretien avec Edgar Morin

Je suis parti de la théorie des systèmes et de la cybernétique en pensant que c’était nécessaire mais pas suffisant pour la théorie de l’organisation que je veux faire. Mais elle-même est nécessaire, comme théorie générale, mais insuffisante pour examiner une organisation spécifique comme le vivant. Il faut faire une théorie de l’auto-organisation. J’essaie de montrer à la fois l’unité et la diversité. Ensuite, certains phénomènes sont à la fois complémentaires et antagonistes.

Dimitri Viza & Christine Boucheix : Une coévolution spirale

Le concept de l’évolution a suivi les changements survenus dans notre représentation du monde. Ainsi, la Genèse, malgré une création apparemment instantanée, introduit l’idée d’évolution en six étapes consécutives. Cette évolution figée, linéaire et discontinue, dirigée par la rigueur d’un déterminisme absolu et divin sera à l’origine des principes qui vont régir et limiter les démarches de la science et de la philosophie occidentales jusqu’au XIXe siècle. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, la pensée judéo-chrétienne exerça et continue d’exercer son influence dévastatrice ; ses conséquences continueront de se faire sentir encore bien longtemps en politique et même en science.

le Dr Grall : L’Acupuncture

Pour les chinois, la base de l’acupuncture était la circulation d’énergie. Cette énergie circule sur douze méridiens, deux méridiens sont doubles, certains acupuncteurs en comptent donc quatorze, à droite et à gauche du corps humain. Il faut admettre ce postulat au départ, ou ne faire que de l’acupuncture de « médecins aux pieds nus » ne connaissant après un enseignement rapide que des « recettes » d’urgence qui ont quand même rendu de grands services dans d’immenses régions sans médecin. Chaque méridien représente un organe ou une fonction physiologique. Certains méridiens sont Iang et d’autres Inn. Chacun d’eux a des points spécifiques qu’on doit tonifier pour renforcer l’énergie faible, ou disperser pour diminuer l’énergie trop forte, par exemple dans une trachéite ou une bronchite pour diminuer une congestion par excès d’énergie. Il y a aussi le point source qui complète, dans le sens voulu, l’action de points de tonification ou de dispersion. Un point de passage fait passer l’énergie dans un autre méridien. Il y a aussi des points spéciaux, hors méridiens.

Les apports orientaux aux systèmes de numération Interview de M. George Ifrah

D’une manière générale, les Orientaux ont beaucoup contribué à l’essor des sciences ; aussi ont-ils été très tôt amenés à développer un outil mathématique pratique. On retrouve ainsi leur influence au niveau des nombres : toutes les grandes civilisations orientales (Egyptiens, Babyloniens, Chinois, Indiens) ont élaboré un système de numération original — Certes, ces systèmes n’ont pas tous atteint le même degré de perfection — La numération égyptienne, par exemple, comptait même parmi les plus rudimentaires…

Marceau Felden : Le Cerveau, l’Intelligence artificielle et le futur

Depuis ma jeunesse un problème m’intriguait : Comment fonctionne le cerveau? Cette question fait partie d’une nouvelle famille de problèmes qui ont été détecté récemment et que peu de gens connaissent; ce sont les problèmes autoréférentiels. Un exemple de ce genre de problèmes est le suivant : Les mathématiques sont elles capables d’analyser et de justifier ses bases? Un tas de problèmes de ce genre existe. Vous savez que les mathématiques sont passées par une phase cruciale à la fin du 19e siècle. La question était de savoir si on pouvait réduire toute la mathématique à l’arithmétique et ensuite si on pouvait réduire l’arithmétique à la théorie des groupes. Le problème si on se limitait à l’arithmétique était le suivant : Est que les postulats de base de l’arithmétique sont complets, cohérents et non contradictoire? Gödel a montré que s’ils étaient complets, on ne pouvait pas démontrer qu’ils étaient non contradictoires; et s’ils étaient non contradictoires on ne pouvait pas démontrer qu’ils étaient complets. On a cherché la raison pendant longtemps et on s’est aperçu il y a peu de temps que cela fait partie d’une classe particulière de problèmes : les problèmes autoréférentiels. C’est-à-dire qu’un système ne peut s’étudier de l’intérieur sans sortir du système. Pour étudier les mathématiques, il faut faire des métamathématiques. Mais à nouveau se pose le problème des métamathématiques. Donc on ne s’en sort pas car on fait une régression infinie et le problème est toujours transposé à un étage supérieur.

Aimé Michel : Les « nouveaux » philosophes entre le goulag et la ciguë

Mais peut-être faudrait-il se demander ce que c’est qu’une idée ? Feynman, le physicien théoricien, affirme que c’est ce qu’il y a de moins cher, qu’on en fait en science une consommation énorme, qu’il faut en essayer mille pour en trouver une qui serve, et encore, pour un temps. Bien entendu, on jette au rebut les 999 autres, qui sont souvent très belles, très compliquées, et sur lesquelles un homme et généralement plusieurs ont médité des années durant. On se rappelle aussi Lorenz disant qu’en se levant chaque matin il commence, comme d’autres font leur gymnastique, par défenestrer ses deux ou trois dernières idées favorites…