Le mandat céleste de l'homme primordial, un entretien avec Jean Hani

Le roi doit, sur un autre plan que l’autorité spirituelle, mais en accord avec elle, aider l’homme à réaliser sa destinée la plus haute. Et ceci va très loin : il s’agit, en principe tout au moins pour tous, et, à coup sûr, pour une élite, de permettre aux membres de la communauté d’atteindre l’état d’«homme parfait», c’est-à-dire, en somme, de récupérer, autant que faire se peut, l’état de l’homme primitif. Le sens final de la royauté, c’est ce qu’on peut appeler la «royauté intérieure» : l’homme est appelé à retrouver, je le répète, l’état primitif, dans lequel il était, par la volonté divine : «roi de la création», «roi du monde», appelé à régner sur le monde mais en régnant d’abord sur lui-même; c’est ce que l’on peut appeler son «mandat céleste».

Henri Atlan & Jean-Pierre Dupuy : Amour, violence, différences

La différence et la non-différence jouent un rôle clé dans l’œuvre et la pensée de René Girard. Il ne s’agit pas simplement de considérations théoriques sur l’origine de la société ou l’interprétation du message des Évangiles. Face à la violence de plus en plus généralisée du monde contemporain, ses réflexions débouchent sur des perspectives qui nous concernent tous. Henri Atlan et Jean-Pierre Dupuy les ont exposées et commentées au cours d’un débat organisé par l’AFCET (Association Française de Cybernétique Économique et Technique) en novembre 1978, dans le cadre du groupe « analyse de système » animé par Jean-Pierre Dupuy.

Du bon usage de l'Apocalypse. Un entretien avec Jean Biès

J’ai constaté depuis longtemps que de nombreux auteurs s’appliquaient à dénoncer l’époque que nous vivons, mais qu’il y en avait fort peu pour proposer des solutions à nos problèmes. Une fois admise la doctrine du temps cyclique situant l’humanité dans une phase inversée et caricaturale de son histoire, il s’est agi pour moi de répondre à la question: Que faire en une telle conjoncture, comment l’assumer aux moindres frais et souffrances possibles ?…

Au-delà du scientisme, Au-delà de l'occultisme Entretien avec René Alleau

Il ne s’agit pas ici de littérature, mais de l’art par excellence, de « l’art des arts », de l’art de vivre. Vous pouvez constater que c’est aussi le seul qu’aucune université n’enseigne à personne alors qu’il est le plus nécessaire à tous. On éveille une élite intellectuelle à tous les doutes, mais on ne donne à son paléo-psychisme aucune certitude profonde. Et l’on s’étonne de l’aggravation constante de l’angoisse et des troubles mentaux de nos contemporains ! Ce serait plutôt leur équilibre et leur santé qui constitueraient des phénomènes proprement miraculeux. Le fait que tant de jeunes gens cherchent désespérément des issues du côté des sagesses orientales, souvent mal comprises, des mysticismes aberrants ou des drogues les plus redoutables suffit, me semble-t-il, à condamner sans appel toute la pédagogie occidentale contemporaine.

Jean-Charles Pichon: Il s’agit de renverser les croyances

Les dieux sumériens, les dieux tauriques ont tendu à une plus grande universalisation que les dieux géméliques et ils sont arrivés à l’universalisation par cette idée de création qui est quand même commune à tous les hommes ; Jehova, Brahman, et les dieux de justice ont tendu à aller plus loin dans la pénétration de l’humanité et ils y sont arrivés en restreignant la cité à la tribu, à la famille, au foyer. Les dieux d’amour ont encore tendu à une universalisation plus grande et ils y sont arrivés par une restriction de la tribu au couple. Actuellement, si l’on veut aller à une universalisation cosmique, on a l’impression qu’il faudra atteindre à l’individu. C’est l’individu qui doit être au niveau de l’univers, qui doit s’intégrer et se réaliser dans l’univers.

Jean Biès : Questions à Arnaud Desjardins

Il est très vrai que nombreux en Occident sont ceux qui n’envisagent la Voie que comme un effort pour avoir l’Être, tout en sauvegardant leur ego. Le soi, l’âtman, ne se conquiert pas, il se révèle comme leur nature ultime à ceux qui se donnent à lui. Combien sont ceux pour qui le yoga, « science sacrée », est la fin de tous les désirs et de toutes les ambitions, le grand sacrifice, l’œuvre de toute une vie, et qui, au lieu de vouloir avoir un maître, veulent être des disciples ? Combien sont ceux qui, au lieu de lire des livres de spiritualité, aspirent à vivre réellement, à mettre en pratique ce qu’ils lisent et se sentent intimement concernés par « l’ignorance » et « l’illusion » dont leur parlent ces livres ?

Paul Chauchard : Du cerveau à la neuropédagogie

Je suis en désaccord avec Descartes qui disait : « Je pense donc je suis », aussi
avec Sartre qui a écrit dans Les mots que, depuis son enfance, il avait horreur de la nature
et qu’il s’enfermait dans une bibliothèque pour lire, penser et écrire. Pour la
neuropédagogie : Je sens donc je suis, j’agis donc je suis, j’imagine donc je suis, je désire
donc je suis ; et le « je » qui apparaît dans ces phrases implique le contrôle cérébral de
tout cela. Et, en vérité, contrôle cérébral signifie volonté. Mais on n’ose plus parler de
« volonté », car nous avons changé la volonté en « volontarisme » qui est une sorte de
force spirituelle pour mater la chair. Comme la volonté est donc une fonction cérébrale, il
s’agit de faire le calme en soi.

Jean Biès : Un homme de la Tradition : Frithjof Schuon

Tous les réflexes de l’homme moderne vont contre les exercices spirituels : prendre un journal, se saisir du téléphone, conduire une voiture sont autant d’automatismes destructeurs… Il faut les éviter par tous les moyens, comme aussi les philosophies et idéologies actuelles : il ne nous a jamais été demandé d’absorber des poisons et des saletés. Il faut acquérir l’esprit d’un métaphysicien et garder l’âme d’un enfant ; garder le contact avec la nature, aimer les fleurs, lire de vieux livres comme la Légende dorée… Pour le reste, choisir le moindre mal. L’essentiel est au fond de soi : « Le Royaume des Cieux est en vous. »

Michel Random : Abdus Salam : L'unité des quatre énergies de l'univers

La physique du vingtième siècle a donc démontré que la vision organique du monde devient très utile au niveau subatomique. Il sera donc possible de démontrer l’unité organique du monde. Quelles sont les conséquences philosophiques et spirituelles d’une telle démonstration ? Nous avons une sorte de correspondance entre le plus grand et le plus petit. Il nous semble qu’on peut percevoir l’unité organique du monde.

Jean Varenne : Questions à Jean Herbert l'introducteur en France de l'hindouisme

Eh bien, c’est tout à fait accidentellement que je suis arrivé en Inde au cours d’un voyage qui me ramenait d’Extrême-Orient en Occident. J’ai été orienté, sans savoir pourquoi (mais le hasard n’existe pas), sur l’âshram du Shrî Aurobindo. Avant d’y arriver, je n’avais même jamais entendu son nom et donc ne savais pas du tout qui il était. Or j’ai rencontré en lui un homme qui m’a passionnément intéressé et dont les œuvres m’ont paru et me paraissent encore de première importance dans le mouvement spirituel contemporain. A cette époque, j’avais déjà eu accès aux œuvres de Râmakrishna et de Vivekânanda. Il y avait là tout un ensemble qu’il m’a semblé urgent de faire connaître directement, c’est-à-dire en laissant la parole à ces maîtres eux-mêmes