Jean Klein : La vraie réponse

L’univers n’a pas d’existence, à part vos sensations : vision, audi­tion, toucher, etc. Il n’est que cela, donc rien d’autre qu’une pensée née de la conscience. Ce qui surgit d’elle et meurt en elle n’est forcé­ment rien d’autre qu’elle. Ainsi, l’univers n’est rien d’autre qu’une pro­longation de cette conscience. Si cette démarche se déroule dans une très grande intimité avec vous-même, qu’une pensée se perde dans la suivante sans que ce soit vous qui provoquiez ce déroulement, qui l’actionniez, vous aboutirez à l’Être qui, bien entendu, n’est ni une expé­rience, dans le sens que nous lui donnons généralement, ni un sentiment.

Wolter A. Keers : Jnana yoga: Introduction

Celui qui veut distinguer ce qu’il est de ce qu’il n’est pas doit d’abord analyser sa notion du « moi ». Dans des phrases comme : je marche, je m’assieds, je suis grand ou petit, mince ou gros, je travaille, je me repose, etc., le mot « je » signifie le corps. Quand je dis : comme c’est doux… c’est délicieux…, j’entends du bruit, je vois tel ou tel objet, ça sent bon…, le mot « je » signifie le fonctionnement d’un des sens. Et dans des remarques comme : je pense à … ou, je me sens triste ou gai, le mot « je » signifie le fonctionnement de l’intelligence ou des sentiments. Toutes ces expériences ont « je » en commun. Il est donc clair que je ne suis pas déterminé par une de ces expériences, mais que, par contre, le « je » est quelque chose qui s’identifie tour à tour au corps, à une perception sensorielle, à une pensée ou à un sentiment.

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka-Upanishad : Accès

L’homme qui croit aux dieux en tant que puissances autonomes est d’espèce médiocre. Selon le Véda, les dieux ont cependant besoin de lui car il les « alimente » par le moyen du rituel védique. L’homme supérieur sait par contre que les dieux ne sont autres que des facettes du Suprême. Le Suprême « est lui-même tous les dieux » : ils sont composantes dynamiques du monde, aspects de la Manifestation. Ici se présente le thème védantique de la connaissance, la sagesse, le haut savoir : la révélation authentique, spontanée de « je suis Brahman » met fin à l’illusion qui enchaîne à la vie « animale ».

Jean Klein : Être sans qualification

La première pensée est celle du « je ». Elle est sans objet, et si nous dirigeons notre attention sur elle, elle se résorbe immédiatement dans une lucidité silencieuse, ce qui signifie être, sans qualification, absolument non-duelle. Ce je est ce que nous sommes. Il est suprême sujet et absolument non saisissable, il n’est ni une image, ni un objet. La différence entre le sujet suprême conscience et l’objet est seulement apparente, elle est due à la dualité : percipient-perçu. Ce que nous croyons être, l’extension dans un espace-temps, le monde, les objets ne sont rien d’autre que des expressions, des prolongements de ce « je » ultime.

connaitre votre terrain : Débutez

Habituellement, nous dressons « un opposé » au conditionnement qui nous choque : coléreux, nous nous efforçons de devenir paisibles, nous engageant ainsi dans un autre conditionnement, ou bien encore, nous avons recours à diverses évasions. Grâce à de tels procédés, nous sommes contraints de parcourir éternellement le même cercle vicieux. Il ne nous reste donc plus qu’une attitude de pure observation, qui nous permettra de connaître notre terrain en question, de saisir sur le vif les activités de notre corps, de notre psychisme, les démarches de notre pensée, nos motivations.

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka-Upanishad: Lumière et libération

Certains rêves de grande paix baignent dans une béatitude inexprimable, laquelle subsiste quelquefois alors que les formes du rêve proprement dit se sont effacées. Dans cet état, le rêveur ne participe à nulle fantaisie onirique; il vit intensément une satisfaction. Yâjnavalkya y voit la « jonction » avec le sommeil profond qui vient l’effacer.

Jean Klein : Être dans la perspective de vérité

L’ultime désir est d’être le Soi. Dans les moments de plénitude l’état de non-désir, la notion d’un moi — comme d’ailleurs de tout autre objet — est complètement absente. La cause de la plénitude est souvent attribuée à un objet, aussi nous consolidons de plus en plus la conviction, suscitée en nous par un réseau d’habitudes où nous nous complaisons, que l’état de plénitude est quelque chose à acquérir, à posséder, à cultiver.

Wolter A. Keers : Le rôle de la mémoire dans l'identification

C’est en adoptant ce point de vue insoutenable que la mémoire réussit à se créer une réalité, à avoir une densité tout à fait imaginaire. Elle s’infiltre lentement et insidieusement dans la personnalité et devient une des ancres les plus solides de l’égo. Car… « c’est tout de même vrai que j’ai passé mes vacances à Nice cet été…, n’est-ce pas ? » Un tel raisonnement revient à vouloir prouver l’existence de la mémoire par le seul recours à la mémoire. C’est comme si, dans un rêve, on faisait apparaître un personnage pour prouver que tout ce qui se passe dans ce rêve est vrai, est réel. Au réveil on découvre que ce n’était qu’un rêve et que tout ce qu’on a vu et entendu se situait dans un monde imaginaire, n’ayant aucune existence autonome et dépendant uniquement de la conscience dans laquelle il se manifeste, qui en est toute la substance. La mémoire est comparable au déroulement d’un film cinématographique et consiste à projeter une série d’images sur l’écran de la conscience…

Jean Klein : Dépasser la dualité

Le corps et le mental ne contiennent jamais la réponse. Ce sont eux qui créent la question et ainsi nous ne pouvons jamais espérer une réponse de ce côté. Elle devient claire, lorsque ces derniers sont complètement résorbés dans le silence. Alors, le corps et le mental se sont intégrés dans le silence, il n’y a plus de question.

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad -Aranyaka-Upanishad: Débat sur le Brahman

L’Inde ancienne appréciait les joutes philosophiques, disputées en public par plusieurs maîtres de la pensée, ou, pour mieux dire, de la révélation. Il était coutumier qu’intervînt dès l’abord une convention, selon laquelle le perdant abandonne sa propre position, adhère à celle du vainqueur et se fasse désormais son disciple. La supériorité reconnue n’était pas alors celle de la pure dialectique, mais celle d’une saisie plus profonde portant sur les problèmes spirituels. Qui les résout le mieux de par sa pénétration due à son expérience est par là même qualifié pour conduire autrui sur la voie.