Dr. Dimitri Viza : Réflexions sur les paradigmes en biologie

Il faut se rappeler comment un paradigme se crée et vit dans la société actuelle, incarné par des hommes. Sa maturation, c’est-à-dire son épuisement, suit un chemin similaire à la « maturation » du scientifique et peut rappeler certains aspects de la différenciation cellulaire pendant le développement de l’embryon. Ainsi, au cours des divisions cellulaires successives s’opère une restriction, une diminution progressive de l’éventail des possibilités. Aux « mitoses créatrices » (mitose : division cellulaire) capables de donner naissance à quelque chose de nouveau, succèdent les « mitoses monotones » reproduisant des copies conformes des cellules qui ne se divisent que pour résister à l’usure du temps. L’instabilité, créée par une division, doit toujours précéder toute différenciation cellulaire : il en va de même pour la différenciation du paradigme.

Gérard Fourez : Comment travaille la science occidentale ? La notion de paradigme

Cela signifie qu’une discipline scientifique ne s’organise pas autour d’un objet qui serait donné par la nature, mais autour d’une certaine manière de structurer une vision restreinte et particulière d’une partie du monde que l’on découpe. En gros, on appelle « paradigme », une série de règles acceptées par un groupe de chercheurs et admises comme telles ; elles donnent une certaine organisation à la manière de voir les choses suivant une discipline ou une philosophie — une manière de vivre.

Daniel Verney : Quelques hypothèses de recherche à propos du psychisme dans le monde et dans l'homme

La première révolution copernicienne – celle de Copernic – n’a pas consisté uniquement (comme on le répète trop souvent) à remplacer une conception « fausse » du monde physique (centrée sur la Terre) par une conception « vraie » (centrée sur le Soleil), mais à relativiser le géocentrisme de sorte qu’il devint insoutenable en tant que dogme et qu’il apparut enfin comme ce qu’il était, c’est-à-dire un point de vue. Point de vue privilégié, certes, puisqu’il est jusqu’à nouvel ordre celui auquel nous oblige notre situation d’hommes sur la Terre, mais justement point de vue sur une réalité qui n’est pas centrée sur ce point : nous, ou moi.

Solange De Mailly-Nesle : Concordances de l'astrologie et des théories de Stéphane Lupasco

A partir de ces exemples concrets, mais il y en a beaucoup d’autres, nous avons essayé d’aller plus loin, afin de voir quels ponts on pouvait jeter entre la logique de Lupasco et celle de l’Astrologie. Tout d’abord, prenons les signes : on remarque tout de suite que les éléments et les qualités qui les composent, s’ils sont pris deux à deux, tels qu’ils s’opposent dans le Zodiaque, sont à la fois antagonistes et semblables.

Jean E. Charon : Vers l’humain du double plan rationnel et intuitif

Malgré les immenses avancées de la connaissance, conduisant à cette « maîtrise » du monde extérieur dont nous sommes si fiers, grâce à la Science actuelle et son langage rationnel, n’est-on pas enclins à nous demander si cet énorme développement de la Culture ne nous a pas fait « oublier » ce langage intuitif qui prévalait au début de l’humanité ? Ce langage qui est cependant seul à permettre à notre pensée de s’ouvrir vers une dimension essentielle, celle de notre appartenance « corps et âme », qu’on le veuille ou non, à un Réel cosmique ?

Vintila Horia : Sur l’imminence de la découverte d’un langage anagogique

Le langage scientifique n’est donc pas capable de se confondre avec la réalité, mais seulement de la dire, en laissant à la poésie la tâche d’aller plus loin (plus haut, anagogiquement). […] Le discours rationnel serait donc condamné à traiter des choses qui n’ont aucune relation avec la signification de la vie, et à se limiter au monde des faits, tandis que ce serait au langage poétique d’aller de l’avant, jusqu’au fond du monde des valeurs, là où la morale se confond avec l’esthétique, le beau avec l’éthique, sous une lumière que Platon avait déjà pressentie.

Romano Rezek et Kâroly Golen : Les fondements gnoséologiques et épistémologiques de la vision du monde de Teilhard

A prendre dans sa totalité l’édifice d’ondes et de particules monté par notre science, il devient manifeste que cette belle architecture contient, au moins autant de « nous-mêmes » que de l’« autre ». Parvenus à l’Extrême de leurs analyses, les hommes de sciences ne savent plus trop si la structure qu’ils atteignent est l’essence de la Matière qu’ils étudient, ou bien le reflet de leur propre pensée; et par un choc en retour de leurs découvertes, eux-mêmes se trouvent engagés, corps et âme, dans le réseau des relations qu’ils pensaient jeter du dehors sur les choses : pris dans leur propre filet… « Objet et sujet s’épousent et se transforment mutuellement dans l’acte de connaissance. »

Guy Beney : Le temps du Psi

L’étude de la dynamique psi ramène donc, là encore et paradoxalement à celle de l’articulation psychosomatique ; d’où l’actualité de cette réponse du Comte de Gasparin (en 1855) à ses détracteurs : « quand vous m’aurez expliqué comment je lève la main, je vous expliquerai comment je fais lever ce pied de table » (par PK).

Léon-Jacques Delpech : Les nouvelles épistémologies

Pour Bachelard la science dans son histoire et dans ses processus de construction est l’affirmation de la dialectique. Une connaissance n’est qu’un moment sur l’axe du devenir. Au niveau de l’activité scientifique, l’homme est donc l’être de la dialectique. Il est dans le monde, mais il cherche à le réduire à l’expression qu’il en a. Son rapport au monde est dialectique, c’est-à-dire que le monde est sa représentation. Celle-ci est consécutive à sa façon de le penser, autrement dit aux moyens mis en œuvre, c’est-à-dire les cadres de l’intelligibilité.