le pasteur A. De Zeeuw : Christianisme et Spiritualité

La formation physique de l’homme lui fait ignorer son essence la plus intime qui le distingue des autres êtres, de la pierre comme de la plante et de l’animal ; c’est son moi Divin, son âme, son étincelle Divine. Les Hindous l’appellent Manas, les Chrétiens Dieu. C’est par ce moi inexprimable et incommunicable que l’homme s’élève au-dessus de tous les êtres terrestres, des animaux et de toute la création. Et c’est par lui seul qu’il communique avec le moi infini, avec Dieu.

Marie-Madeleine Davy : Les Chartreux aujourd'hui comme hier, silence et solitude

La solitude est d’ordre alchimique. Elle est comparable au feu qui dans le fourneau provoque la fonte du plomb pour faire émerger l’or. Toutefois, il est une condition pour que l’opération soit réussie, c’est que tout soit jeté dans le chaudron. Si le solitaire conserve à part la moindre pensée, le plus infime désir, une affectivité privilégiante, rien ne se passe en dépit des apparences : tout est perpétuellement à recommencer. La solitude du corps apparaît inefficace, voire inutile, si elle ne se déploie pas au-dedans afin de décaper le corps et l’âme, dévorant par sa flamme les obstacles qui barrent l’entrée de la chambre du trésor. Le fond du fond — pour employer le langage de Maître Eckhart — n’est accessible qu’à ce prix.

Catherine Anne : Le symbolisme du tarot 8 : Le Chariot

C’est une des lames les plus importantes ; une des trois qui se détachent de l’ensemble des lames majeures. La première, le Chariot, la deuxième la Roue de Fortune, la troisième le Monde. La Lame montre le triomphateur sur son char. Il y a quatre piliers, les quatre éléments, il y a une sorte de boule au milieu des piliers, et la tête du triomphateur se trouve au-dessus ; c’est-à-dire qu’il a maîtrisé les quatre éléments et qu’il peut au niveau où il est arrivé, dominer les élémentaux. Ces quatre piliers tiennent une sorte de dais étoilé, de sept étoiles, lui-même couronné de trois étoiles d’or ; il tient à la main un sceptre et son char cubique est tiré par un sphinx noir et un sphinx blanc, coiffés de façon différente ; vous constaterez qu’il n’y a pas de rennes, rien pour conduire. Les roues vont dans deux sens différents, on ne peut pas avancer avec les roues… c’est l’utilisation des énergies contraires.

M. Lorenzini de Buttafoco : Spiritualisme et matérialisme dialectique

On saisit bien que, pour le matérialiste ce qui est à atteindre, la perfection ou « l’homme total », est une maturation de l’homme. Ce n’est pas quelque chose d’indépendant de lui, posé une fois pour toutes au-dessus de lui. Pour le matérialiste cela est l’homme même conditionnant son propre dépassement, mais non pas une perfection assise sur un trône et montrée comme un but métaphysique, c’est-à-dire différent de l’homme, de son propre être physique, de sa propre nature d’homme, une chose « Parfaite », toute faite, « immobile et donnée » une fois pour toutes. Or, nous qui sommes cependant Spiritualistes, nous ne disons (on le voit) pas non plus cela: « Ce qui est » n’est pas, en réalité, une chose posée au dehors que la conscience aurait à atteindre. Ce qui est, c’est nous, mais en tant qu’être non encore achevé.

Serge Brisy : L'Évolution ou le Grand Jeu de la Vie

Pour comprendre la profondeur du soi, ou mieux, pour y atteindre, il faut mettre en mouvement, non l’action en soi du pendule de la Vie, mais la compréhension subtile de ce mouvement : soi, non-soi, action qui les relie, ou balancement régulier du pendule, avec assimilation et rejet de certaines connaissances et, par le rythme même de la vie du pendule, le cercle toujours élargi qui se dessine en soi-même et qui parfait la sagesse, l’expérience et la compréhension.

Jean Biès : Questions à Arnaud Desjardins

Il est très vrai que nombreux en Occident sont ceux qui n’envisagent la Voie que comme un effort pour avoir l’Être, tout en sauvegardant leur ego. Le soi, l’âtman, ne se conquiert pas, il se révèle comme leur nature ultime à ceux qui se donnent à lui. Combien sont ceux pour qui le yoga, « science sacrée », est la fin de tous les désirs et de toutes les ambitions, le grand sacrifice, l’œuvre de toute une vie, et qui, au lieu de vouloir avoir un maître, veulent être des disciples ? Combien sont ceux qui, au lieu de lire des livres de spiritualité, aspirent à vivre réellement, à mettre en pratique ce qu’ils lisent et se sentent intimement concernés par « l’ignorance » et « l’illusion » dont leur parlent ces livres ?

Marcel Hennart : Le désespoir existentialiste

Par son reniement même de toute transcendance, JEAN-PAUL SARTRE nous incite à expérimenter l’état du monde en la méconnaissance de son sens profond. Nous trouvons chez lui une vue presque bouddhique : « la diversité des choses, leur apparente individualité n’était qu’une apparence, un vernis ». Mais une fois que Sartre prétend gratter ce vernis, nous voilà bien loin de trouver l’Être dont la Mayâ n’est que le reflet. « La vraie mer est froide et noire, pleine de bêtes; elle rampe sous cette mince pellicule verte qui est faite pour tromper les yeux ».

Annick de Souzenelle : Arbre de vie et schéma corporel

L’Adam récapitule toute la création : il contient, il « est », totalité des énergies créées. Il est appelé à intégrer celles-ci, peu à peu, au fur et à mesure de son évolution, de sa marche vers la ressemblance. C’est cela, « se relier à lui-même », là est le sens de sa vie, de son histoire. Le temps lui est donné pour intégrer ses espaces intérieurs. Entre sa naissance et sa mort, ces deux pôles connus de la vie, les temps diffèrent selon les qualités des espaces intérieurs — champs de conscience — qu’il aborde.

Catherine Anne : Le symbolisme du tarot 7 : L’amoureux

L’Amoureux a les bras croisés sur la poitrine, croisés au niveau des poignets, à la hauteur du chakra du cœur ; il y a la femme couronnée dite de beauté, la connaissance, qui lui pose la main sur l’épaule, c’est-à-dire qu’elle va lui insuffler sa force. Dans toutes les initiations et dans tous les ésotérismes, l’épaule est un symbole de puissance, « porter le monde sur ses épaules », un acteur a « toute la pièce sur ses épaules » ; quand on adoubait un chevalier, c’est d’un coup du plat d’épée sur l’épaule. Le fait de poser la main sur l’épaule de quelqu’un est un symbole d’amitié : avec la paume de la main et par l’épaule, on transmet sa force à l’autre. Elle lui pose donc la main gauche spirituelle sur l’épaule.

Mahatma Gandhi

Pendant 30 ans et plus, l’immense majorité des Occidentaux n’a vu en Gandhi qu’un original, un exalté, ou pour mieux dire qu’un fou. On riait de bon cœur quand on apprenait qu’il avait refusé de mettre des pantalons pour aller voir le roi d’Angleterre, qu’il passait son temps à filer la laine ou qu’il voyageait accompagné d’une chèvre dont il buvait le lait. Son action politique paraissait chimérique aux plus avisés, démente ou incompréhensible à la plupart. Vaincre le plus puissant empire colonial du monde par des paroles ironiques ou par des jeûnes ? Proclamer la non-coopération pour quelques jours après la contremander ? Provoquer bagarres et émeutes pour le plaisir d’aller puiser un seau d’eau dans la mer ? Risible, pour le moins. Quant à son attitude religieuse et morale, elle ne provoquait que soupçons ou vertueuses condamnations. Notre plus grand indianiste, Sylvain Lévi, avait déclaré au Collège de France, du haut de la chaire, que la religion de Gandhi, c’était le culte de la vache. On racontait avec un frisson, que malgré sa connaissance du christianisme, il ne reniait pas le culte de ces abominables idoles hindoues sur lesquelles nos dévoués missionnaires nous rapportaient tant d’horreurs. Et l’on s’indignait de ce qu’au moment d’une guerre mondiale où l’Angleterre, la France et leurs alliés étaient en péril, il se fût permis de mettre en doute la justesse absolue de notre cause et le droit que nous avions de la défendre en enfreignant systématiquement le commandement: Tu ne tueras point. Faire une conférence sur Gandhi, j’en fis souvent l’expérience entre 1932 et 1939, était s’exposer à bien des sarcasmes, pour ne pas dire plus.