Martine Belle-Croix : À propos de la musicothérapie

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La musicothérapie, tout le monde en parle, tout le monde en fait. Cependant, de quoi parle-t-on ? Que fait-on ? Poser ces deux questions, c’est déjà faire émerger un vaste flou, des imprécisions, de nombreu­ses confusions. Ces quelques lignes n’ont pas pour objet d’expliciter de façon très précise la musicothérapie, mais d’essayer de délimiter le champ professionnel dans lequel évoluent tous les praticiens de l’en­fance inadaptée qui utilisent la musique avec des personnes en difficultés. Leurs objectifs sont pédagogiques, thérapeuti­ques ? Qu’importe, de toutes les façons, la musique est bien là.


Carlo Suarès : Hommes impensables dans un monde invivable

| Catégories : Suarès Carlo

Si la crise était réellement constatée l’on ne chercherait pas à la résoudre au moyen de ses propres causes. Ces causes, dont on veut se persuader qu’elles sont matérielles (non psychologiques) échappent nécessairement à l’observation, en tant que faits concrets, car nos sociétés sont devenues si complexes et si interdépendantes, que toute action basée sur une idée y provoque des répercussions imprévisibles, infinies, dans les domaines les plus inattendus. Ce manque de concordance entre l’idée et son effet est une décompo­sition, un effritement social. Une civilisation à ses débuts construit, produit, organise, accumule des réserves. Mais depuis plusieurs décades nous sommes entraînés à accepter comme un fait inévitable la destruction des matières pre­mières en vue de maintenir leurs prix et la guerre comme moyen de résoudre ce que l’on appelle la « surproduction » industrielle. De telles erreurs de jugement résultent d’un des dogmes les plus nécessaires à nos psychés : le bénéfice, ou salut personnel. L’importance de ce dogme dans tous les registres de nos consciences, nous a conduits à l’idée de défendre jusqu’à la destruction du genre humain, une civi­lisation qui tourne le dos à tout ce qui la définit. À cet effet, l’armement verbal précède et accompagne l’autre. Son arsenal se compose de mots qui n’ont pas de contenu concret, mais dont l’action psychologique est un des facteurs les plus virulents de nos catastrophes. La première utilité de mots tels que « nationalisme » est de masquer le fait qu’il n’y a pas de compétence, qu’il n’y a pas de sécurité, qu’il n’y a pas de liberté. Ce sont là trois inventions de l’esprit, trois « caté­gories » : en langage philosophique, trois « concepts de l’entendement pur », trois abstractions qui n’ont pas de base concrète. Les objets qu’elles désignent n’existant pas et ne pouvant pas exister, ces « idées » sont fausses, donc nuisibles.


Dominique Dussaussoy : L'énergie des esclaves

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Jusqu’au XIXe siècle, il faut plusieurs semaines aux navi­res pour traverser l’océan. Les voiliers affectés à la traite son vieux, sales et lents. Ils restent parfois encalminés dans la torpeur intense des mers tropicales pendant des jours, subissent des tempêtes aux approches des côtes américaines. Enchaînés dans les soutes fétides, les hom­mes souffrent de la chaleur, de la soif, de la faim et meurent dans des proportions effroyables. Vendus sur leur terre, par leurs propres frères, sans espoir de retour, ignorants parfois du sort qui les attend, ils n’ont em­porté d’Afrique que leurs souvenirs et leurs chants. Et, pour vivifier leurs souvenirs, pour apaiser l’esprit de ceux qui meurent et pourrissent à leur côté, pour se donner à eux-mêmes la force de ne pas crever, ils chantent.


Jean-Louis Siémons : La réincarnation : De l'animisme au spiritisme deux modèles « réalistes »

| Catégories : Siémons Jean-Louis

Avec les primitifs, on est « en présence d’hommes, et de femmes de chair et de sang », selon les mots de Jean Guiart, qui ont su construire une vision positive du monde qui les aide à affronter toutes les situations — en particulier la mort et ses conséquences. Pour nous, la mort c’est la fin absurde de tous nos efforts ; pour eux « la mort est à la fois un com­mencement, dans l’au-delà, et l’occasion d’un remplacement, chez les vivants »


Yvon Bec : Beethoven, La Missa Solemnis et l'esprit religieux

| Catégories : Arts

En fait, ses aspirations religieuses semblent le mener vers une entité proche de ce que Spinoza nomme Dieu. Et trop d’intuitions beethovéniennes sur la nature de l’éternité (cf. : la lettre au peintre Macco) et sur la na­ture du divin convergent avec le spinozisme pour n’être que fortuites. Ces intuitions que nous trouvons, non dans de vagues invocations de malade, mais lorsqu’il affirme sa pensée avec le plus de cohérence possible pour lui, c’est-à-dire lorsqu’il met en rapport la pensée du divin et l’acte de création


Dominique Dussaussoy : Musique et psychosomatique

| Catégories : Dussaussoy Dominique | Mots-clés : ,

Selon Altschuler, le stimulus sonore parvient simultanément au thalamus et au cortex, entre lesquels existe un mécanisme d’aller et retour (effet de balance). Cette liaison directe avec les centres thalamiques permet de comprendre pourquoi il est possible d’entrer en contact avec des patients qui ont rompu le contact verbal au cours d’un épisode confu­sionnel, hallucinatoire, dépressif ou autistique. Leur cor­tex ne réagit plus aux stimuli habituels : il semble être court-circuité au profit du thalamus qui devient le cen­tre principal de perception à partir duquel, indirecte­ment, le cortex peut être stimulé, permettant au patient de sortir de son isolement.


L’interprète face à l’œuvre avec Brigitte Engerer

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Et mon maître disait toujours : Quand vous êtes devant votre instrument et que vous jouez, je n’ai pas besoin d’être psy­chologue pour deviner ce que vous êtes, pensez, sentez, ce à quoi vous accédez ; vous êtes complètement nu à travers la musique que vous exprimez. Il est donc ridicule de vouloir être personnel en chan­geant ou en déformant la pensée de l’auteur. Vous l’êtes quoique vous puis­siez faire.


Michel Maffesoli : Rituels de l'ombre

| Catégories : Essais | Mots-clés :

la violence est toujours présente. Plutôt que de la condamner d’une manière par trop rapide, ou encore de dénier son existence, il vaut mieux voir de quelle manière on peut négocier avec elle. Quelle forme de ruse on peut employer à son égard. C’est à partir d’un tel principe de réalité qu’il est possible d’apprécier la qualité de l’équilibre plus ou moins grand qui caractérise toute société.


Joë Bousquet, René Daumal & Carlo Suarès : Dialogues sur la comédie psychologique

| Catégories : Suarès Carlo | Mots-clés :

Ainsi, d’une part, il se sait et se dit conditionné, d’autre part, il a la certitude que ce conditionnement-là, de ce côté-là de la barricade, entraîne comme conséquence, le privilège d’une lucidité objective ! Cette contradiction est si forte qu’en lisant ceci tu pourrais croire, à un renversement de positions si tu ne savais que cette cristallisation de l’Idée est, depuis que l’homme cherche à prendre contact avec lui-même, la barrière qu’oppose à la vérité la perception de la vérité. En effet, il ne semble pas qu’on ait encore proposé à la pensée de se fondre à la perception sans la représenter. Au lieu d’être le mouvement même de la perception, la pensée s’imagine fonctionner lorsqu’elle manipule des idées à la manière dont un maçon manipule des briques. Mais hélas, aussitôt qu’apparaît l’idée que je m’en fais, la perception s’arrête en admettant même qu’elle ait été authentique. Car chaque idée ou chaque représentation vient se greffer à la blessure-qui-s’ignore, à ce moi qui ne peut s’empêcher de faire que cette perception devienne « ma » perception et l’idée que je m’en fais le déguisement de sa Terreur ou de son avidité. Cet envoûtement n’est jamais en défaut, il nous définit et nous n’en sommes que le jeu, un jeu qui ne consiste qu’à tricher.


Michel Cassé : Sauvagerie cosmique

| Catégories : Essais

Le big-bang peut être conçu comme une transition de la phase prégéo­métrique purement indicible à la phase géométrique intelligible avec une libération titanesque d’énergie, chaleur latente, décharge, bascule­ment, explosion du destin…