Parmi les Vérités que nous propose Krishnamurti, il en est une qui, si elle nous semble juste du point de vue qu’il nous dit, présente apparemment quelque équivoque si, l’étendant au-delà du bon sens restreint qu’il lui assigne, nous voulions lui donner une portée absolue. Krishnamurti incrimine notre mémoire en tant que formatrice de notre mentalité et qui, à ce titre, déforme souvent notre jugement en l’empêchant de nous prononcer avec un esprit libre sur les problèmes toujours nouveaux avec lesquels la vie nous confronte journellement. C’est là un écueil sur lequel nous butons tous en effet, en raison de notre éducation même qui nous a rendus prisonniers des conventions familiales et sociales au sein desquelles nous vivons et qui déforment nos jugements. Ce serait une grave erreur toutefois d’en conclure que la mémoire est une faculté inutile et dangereuse : car la mémoire n’est pas le jugement et c’est le jugement qui doit précisément nous permettre de réagir, contre cette préformation ou cette déformation que la mémoire du passé tend à faire prévaloir dans nos jugements du présent. Cette déformation existe, et, de ce point de vue, la mémoire apparaît réellement comme un obstacle possible à une juste perception de la Vérité.
Étiquette : mémoire
René Fouéré : Réincarnation indienne, survie et liberté
Je dirais, en d’autres termes, que si, dans cette vie, je n’ai pas conscience d’avoir vécu auparavant et ailleurs ; d’être, sous une enveloppe corporelle différente, une nouvelle manifestation, une réapparition, d’un moi-même antérieur qui a vécu en d’autres circonstances et qui a repris présentement, dans ce nouveau décor, possession de ses anciens souvenir; si j’ai, au contraire, le sentiment que ma conscience actuelle de mon identité et mes souvenirs ne remontent pas au-delà de ma naissance en cette vie, je n’ai aucune raison de penser que, si je me réincarne de façon analogue dans un autre corps, pour vivre une autre vie, j’aurai alors le sentiment de me perpétuer, de retrouver, dans de nouvelles conditions, le personnage que j’ai conscience d’être ici et maintenant, avec ses souvenirs.
Robert Linssen : L'Eternel Présent et la Mémoire
S’il est vain de spéculer sur l’Eternel Présent, il est plus utile de découvrir les obstacles qui s’opposent en nous à son expérience directe. Le plus puissant de ces obstacles est formé par les AUTOMATISMES de la MEMOIRE. Ces associations mémorielles constituent le conditionnement à la loi le plus subtil et le plus accablant de l’esprit humain. Ainsi que l’exprime le professeur Ellenberger (Genève), « la plénitude de la conscience ne peut être que dans le Présent ».
Robert Linssen : Cerveaux électroniques et spiritualité
La complexité des enregistrements mémoriels humains, les jeux inouïs que permettent les accords de leurs différents registres et leur nature infiniment plus fluide, nous empêchent de prendre immédiatement conscience de leur caractère fondamentalement répétitif, habituel.