E. Lester Smith : Comment nous pensons

Alors pensons-nous uniquement avec le cerveau, uniquement avec l’esprit, ou avec le cerveau et l’esprit travaillant ensemble ? Puisque penser est l’activité la plus caractéristique de l’homme et sans doute la plus intéressante, nous devrions vraiment connaître les réponses à ces questions. Il y a en effet beaucoup de gens qui sont certains de connaître la réponse, mais d’autres sont en fort désaccord avec eux. Si nous acceptons que ces questions restent ouvertes, comment les résoudre ? Où pouvons-nous trouver des informations sur tous les aspects de la controverse ? Comment aborder la tâche passionnante de penser sur la pensée ?

« Au-delà des limites » Conversation avec le professeur David Bohm

Donc, en combinant plusieurs points de vue sur le cercle avec cet objet, nous obtenons la notion de cercle. En la combinant avec le point de vue scientifique, nous obtenons un autre point de vue, un cercle qui est fait d’atomes… Mais ensuite, un autre point de vue est que les atomes sont constitués de particules plus petites, et ainsi de suite… Plus nous obtenons de points de vue, que nous pouvons intégrer et rendre cohérents, plus notre compréhension de la réalité est profonde… Mais, je dis que la réalité, l’essence serait appelée l’être véritable… C’est ce que nous n’arrivons jamais à saisir, n’est-ce pas ? C’est illimité. Tout… toute vision est limitée. C’est comme un miroir qui regarde de ce côté-ci, de ce côté-là, de nombreux autres miroirs qui donnent chacun une vue, mais une vue limitée, n’est-ce pas ?

Krishnamurti : L'identification, la peur, le temps et la liberté

Donc, pouvez-vous ne pas vous identifier et pourquoi vous identifiez-vous ? Vous comprenez ma question ? Pourquoi ? Est-ce que, par l’identification avec un autre, vous vous évadez de vous-même ? Approfondissez cela, s’il vous plaît ! Vous évadez-vous ? Ou, vous pouvez vous identifier avec un autre, parce que vous êtes solitaire, ou vous avez peur de n’être rien. Vous comprenez ? Être absolument vide, psychologiquement, je ne veux pas dire biologiquement, s’agissant de la nourriture. Est-ce que ce sont là les raisons ? Ou le fait que vous ne vous êtes jamais posé cette question et, est-ce que, si vous vous la posez, vous avez peur de vous voir en face, tel que vous êtes réellement ? Par conséquent, l’identification avec un autre devient un moyen de vous évader de ce que vous êtes. Donc, vous demandez alors ce que vous êtes ?

La nature de la vie religieuse III. Discussion avec Krishnamurti

La pensée peut-elle être arrêtée, et qui va l’arrêter ? S’il existe une entité capable de l’arrêter, cette entité est soit extérieure au champ de la pensée, soit créée par la pensée elle-même. Je suis un acteur extérieur et je vais l’arrêter. Si cet acteur est extérieur — le ciel, Dieu ou autre — alors cet acteur extérieur est créé par la pensée. Notre problème est donc le suivant : la pensée peut-elle se rendre compte qu’elle est limitée et, étant limitée, se restreindre à une certaine activité dans la vie quotidienne ?

James Carmody : Un simple déplacement de l’attention

La méditation consiste à prendre le temps d’observer son expérience intérieure. Les traditions diffèrent quant à la meilleure façon de procéder, mais il s’agit essentiellement d’être témoin des pensées, des sensations et des sentiments qui s’unissent pour former le récit qui préoccupe normalement l’attention. C’est une simple déconstruction qui déplace l’intérêt des histoires et de leur charge émotionnelle vers les éléments qui charge. Au lieu d’être emporté par le courant, on commence à s’intéresser à l’eau.

R.P. Kaushik : L’origine de la pensée

Ce moi, ce penseur, n’a donc rien de noble ni de merveilleux ; ce n’est qu’une pensée limitée. Mais, dès que la pensée se préoccupe de sa propre survie, celle du penseur ou de l’âme, le chaos et la confusion commencent. Certains s’investissent dans leurs enfants, d’autres dans leur église ou leur temple, d’autres dans leur pays, d’autres encore dans des credo, comme le communisme ou le fascisme. Soit vous mourez pour vos enfants, soit vous mourez pour votre pays ou votre religion, et alors vous aurez la vie éternelle. La pensée est si rusée ; elle ne meurt que pour survivre. L’aspect le plus dénué d’intelligence de la pensée est qu’elle détruira le corps pour survivre elle-même.

Krishnamurti : Être libre, c’est ne pas s’identifier

Nous nous demandons s’il y a une chose telle que la liberté. Et, aussi longtemps que l’esprit, la pensée, la sensation, les émotions, s’identifient à un objet particulier, un meuble, un être humain ou une croyance, y a-t-il liberté ? Évidemment non ! Du moment que vous vous identifiez à quelque chose, vous niez la liberté. Si — parce que j’aime l’idée de quelque être suprême, avec tout ce qui s’en suit — je m’identifie avec cette chose, et je prie cette chose et je l’adore, y a-t-il liberté si peu que ce soit ? Donc, nous découvrons qu’il n’y a pas de liberté aussi longtemps qu’un processus d’identification se poursuit. D’accord ? S’il vous plaît, les mots sont dangereux ; si je puis le suggérer, ne traduisez pas ce qui est dit avec vos propres mots, dans votre propre langage, selon votre propre opinion, mais écoutez réellement les mots dont nous nous servons, parce que nous sommes alors en communication directe.

Krishnamurti : À propos de la guerre

Est-il possible d’avoir la paix sur cette terre ? C’est un cri qui résonne depuis des millénaires. Il y a deux mille cinq cents ans, le Bouddha parlait de paix, bien avant l’avènement du christianisme. Et nous en parlons encore aujourd’hui. Alors, en prenant conscience de tout cela, que pouvons-nous faire ? Les efforts individuels pour vivre en paix n’ont pas d’effet sur le monde entier. Vous pouvez vivre paisiblement dans cette belle vallée, tranquillement, sans trop d’ambition, sans trop de corruption, sans trop de compétition, simplement en vivant ici tranquillement, peut-être en vous entendant bien avec votre femme ou votre mari. Mais cela aura-t-il un impact sur la conscience humaine dans son ensemble ?

R.P. Kaushik : Le processus créatif

Si vous avez un but, il n’y a pas de mouvement, pas de vie d’instant en instant, il n’y a que la poursuite d’une fin. Avec une approche métaphysique de la réalisation de Dieu ou de la fusion avec la réalité suprême, toute cette vie devient dénuée de sens. Les mots deviennent alors importants. C’est ainsi que fonctionne la pensée : de sa limitation, elle projette une dimension illimitée. À partir de son impermanence, la pensée projette une structure permanente et essaie ensuite de rechercher le permanent. Elle cherche l’illimité, s’identifie à lui et dit : « Je suis rentré chez moi ». La pensée considère la structure permanente comme l’opposé de l’impermanent ou du temporaire. La pensée ne sait pas ce qu’est l’éternité…

Michael Mendizza : « C’est tellement simple »

Il est relativement simple de voir comment la perception primaire, l’expérience de notre corps en mouvement et en interaction avec l’environnement, génère l’apparence ou le sentiment qu’il y a un « moi » séparé à l’intérieur, qui ressent et fait tout. Cette impression a été créée par la formidable puissance de traitement du néocortex. Tout comme nous avons accepté et nous nous sommes identifiés à notre expérience sensorielle et à nos sentiments émotionnels intérieurs subjectifs, nous avons accepté et nous nous sommes identifiés à l’image-pensée abstraite d’un « moi », en ignorant que ce « moi » n’est qu’une image.