(Revue Être. No 3. 1992) Extrait de « The mountain path », avril 1980. Mon père était très attaché à la religion. Il avait coutume d’adorer les images de Dieu et vouait un amour tout particulier à Çiva, qu’il adora en fait toute sa vie. Chaque jour il lisait Guru Charita de Saraswati Gandahar et […]
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Jacques de Marquette : Eschatologie ou perspectives finales

L’Hindouisme nous a fourni un tableau typique des divers étages des conceptions que les hommes se forment de Dieu. Au-dessus des petits dieux naturistes agissant d’une manière caractérisée en un lieu déterminé, au-dessus des dieux totémiques également attachés à un territoire, mais étendant leur empire à toutes les formes vivantes, au-dessus du Dieu tribal qui, tout en ayant un autel de prédilection dans la capitale du peuple, est plus attaché à l’ensemble humain de celui-ci qu’à son espace vital ; l’Hindouisme place les dieux plus ou moins démiurgiques qui régissent l’ensemble de l’Univers solaire qu’ils ont créé. Ces dieux, dans leur essence, sont inhérents à toutes les créatures grâce à la pression de leur activité créatrice, protectrice et rénovatrice qui les maintient en vie…
Jean Markale : Le conte populaire

Car tout conte populaire intègre des données d’observation concernant la lutte de l’individu contre le Destin. En fait, il s’agit presque toujours d’une transgression d’interdits. Le héros du conte populaire défie le temps, défie la société, défie la mort. Il lui arrive même de défier Dieu. Cet aspect blasphématoire n’est d’ailleurs ressenti comme tel que dans le cadre qui est le nôtre, c’est-à-dire celui d’une religiosité teintée d’un christianisme passif, entièrement voué à l’obéissance d’un Dieu tout puissant. Il en a été différemment dans d’autres sociétés, même des sociétés qui affirmaient leur christianisme, comme l’Irlande de l’âge des Saints…
Jacques De Marquette : Coup d’œil sur l'histoire des religions d'occident

Peu à peu dans les principales religions, en Égypte, en Syrie, en Mésopotamie, en Grèce, on vit émerger au-dessus de l’assemblée des Dieux-forces de la nature, puis des Dieux-incarnations d’attributs, un Dieu suprême, de qui tous les autres procédaient, et sur lesquels il régnait en monarque souverain. C’était le dieu solaire des Égyptiens et son char, le dieu lunaire masculin des Chaldéens qu’Abraham, après son père Terach, devait adorer à Ur, dans son enfance. Probablement à la même époque, tandis que le Mahabharata et la Ramayana résumaient les légendes mystiques des Indiens, les Brahmanes dont la sagesse allait étonner les conquérants Persans et Macédoniens, élevaient au-dessus de Brahma, Vishnou et Shiva, ces trois personnes de leur Trimourti…
Jean Markale : Des liturgies ambiguës

À des titres divers, le théâtre participe de ce Sacré. On a voulu écarter toute notion de sacré au nom d’un vague rationalisme. On a profané le théâtre en en faisant un divertissement. Cependant, il ne suffit pas de vouloir écarter le sacré pour l’anéantir. Plus il est refoulé, plus il a tendance à franchir des niveaux de conscience qui devraient demeurer obscurs. Plus on le combat ouvertement, plus il affirme sa plénitude, ne serait-ce que par les biais les plus subtils, les plus innocents en apparence. Huis Clos de Sartre est une tragédie religieuse. Les tentatives du Living Theater sont les balbutiements d’une nouvelle formulation dramatique où le sacré envahit l’univers psycho-social dans lequel on prétendait enfermer l’action humaine. Alors, allons-nous assister, à l’aube du troisième millénaire, à une résurgence de la dramaturgie sacrée ?
Daryush Shayegan : Le réel est toujours ailleurs

La Tour de Babel devient une réalité non seulement en ce qui concerne les langues — encore que là aussi nous ayons des problèmes quasi insolubles — mais les mentalités. Délire religieux, obsession révolutionnaire, émancipation des femmes, régression vers des utopies de plus en plus fumistes, guerre des étoiles, résurgence des croyances obsolètes, se côtoient les uns les autres dans un kaléidoscope d’opinions, de croyances, et de visions du monde où personne ne sait de quoi il parle, ni quelles sont les prémisses qui fondent tel discours politique plutôt que tel autre. Alors que les souhaits et les espoirs renvoient aux croyances les plus émotivement chargées d’antiques traditions, les structures conceptuelles aptes à les articuler restent celles-là les rejetons les plus tardifs et les plus monstrueux d’une modernité incomprise. L’entre-deux devient en quelque sorte la norme de la vie ; on essaie de comprendre, d’analyser, mais à force d’expliquer les détails et les motivations coupables de part et d’autre, on rate l’essentiel ; à savoir les ruptures historiques qui ont fait de l’Occident un bastion de la modernité et des autres civilisations du monde de grands monuments du passé.
Biologie et foi
La science et la foi sont deux modes de connaissance. Mais elles diffèrent par leur source, leur méthode, leur objet. Les sciences de la Nature étudient la matière inerte et les êtres vivants. Astronomie, physique, chimie, biologie s’efforcent de découvrir les lois qui régissent ce qu’elles étudient. D’autres branches sont plus descriptives, comme la paléontologie. Mais toutes les sciences tentent de connaître comment les choses se passent ou se sont passées. Pour y parvenir, le moyen qui a fait ses preuves est la méthode expérimentale. Tout cela est bien connu. La foi se situe sur un tout autre plan. Elle ne repose pas sur une expérience de type scientifique. Elle n’est pas un catalogue de propositions résumées dans un Credo. Elle est d’abord adhésion à Quelqu’un dont la science ne me dit rien. L’objet de la foi, c’est Dieu se révélant. De même que les premiers disciples de Jésus l’ont écouté et suivi, de même le croyant accueille le message de Dieu afin d’y trouver le sens de sa vie. S’il s’engage dans la voie que Dieu lui propose, s’il fait « l’expérience de la foi », il éprouve alors la conviction d’être dans la vérité. Vous m’avez parlé de conflit entre science et foi. Je ne vois pas comment deux types de connaissance situés sur des plans aussi différents pourraient entrer en conflit.
Francine Kaufmann et Josy Eisenberg : Le judaïsme

Le terme même de « judaïsme » peut avoir une acception proprement religieuse : en tant que religion des juifs ; mais aussi socio-politique comme représentation globale de la population juive, c’est ainsi que l’on parle de judaïsme mondial ou de judaïsme français. Cette dualité exprime assez bien la complexité du destin juif, qui est tout ensemble civilisation et religion ou, simplement, communauté d’origine. Une telle ambiguïté provoque d’ailleurs parmi les juifs contemporains de nombreux débats autour de ce qu’on appelle communément l’« identité juive ».
André Niel : Les grands appels de l'humanisme contemporain
Ce message est celui d’un humanisme qui rassemble tous les hommes dans une seule action, progressive, unitaire et harmonieuse. Cette vision de l’homme n’est limitée par aucune finalité, elle est un humanisme intégral. Il n’existe plus aucun but extérieur au rapport essentiel qui rattache, originellement, l’homme à l’univers et les hommes entre eux. Vivre ce rapport originel est la liberté, la spontanéité créatrice, où s’exprime enfin sans entraves le conscient-existant fondamental.
Pierre Crépon : La guerre sacrée chez les Aztèques
Le 13 août 1521, deux ans après avoir débarqué sur la côte mexicaine, Cortès et ses compagnons s’emparent de la capitale de l’empire Aztèque, Mexico-Tenochtilan. Ils pénètrent dans la ville après un siège de plusieurs mois : déjà plusieurs dizaines de milliers de Mexicains y sont morts de famine, et bien d’autres ne survivront pas à la frénésie meurtrière des assiégeants. Le reste sera marqué au fer rouge de l’esclavage, et la ville se verra détruite de fond en comble afin que ne subsistent aucun des multiples temples qui s’élevaient à la gloire des dieux du Nouveau Monde. C’en était fini de Mexico, la cité royale, dont les Conquistadors eux-mêmes disaient qu’elle était « une ville plus belle que Grenade ou Venise ».