Konrad Lorenz : Ce que j'ai appris en regardant un singe penser

Le comportement exploratif et le jeu sont des composantes vitales du comportement humain. Le libre jeu des facteurs, sans objectif déterminé, sans finalité profonde prédéfinie, le jeu dans lequel rien n’est fixe en dehors des règles du jeu, a conduit aux processus qui sont à l’origine de la vie il est à la source de l’évolution et de la formation des organismes supérieurs à partir des organismes inférieurs. Ce libre jeu est très certainement la condition de tout processus véritablement créatif aussi bien dans le cadre de la civilisation que partout ailleurs.

Pierre D’Angkor : Itinéraire 8: A tâtons vers l'absolu

Nous disons donc que la Vie et l’Intelligence créatrice qui président à tout le développement d’un Univers se trouvent dès l’origine contenues potentiellement dans son énergie primordiale. L’Esprit se dégagea progressivement de sa gangue de matière. Voilà pourquoi les « Upanishads » nous parlent de la matière comme étant Brahman (on sait que pour la science moderne la matière c’est de l’énergie) : « il s’ensuit », écrit un penseur de l’Inde, « que Sat, Chit, Ananda, l’être, la conscience, la béatitude, sont dans la matière et attendent de s’y manifester… La matière a fait apparaître la vie, et la vie a fait apparaître le mental : maintenant le mental s’efforce de faire apparaître un principe supérieur, auquel Shri Aurobindo a donné le nom de supramental, et que les prophètes de jadis connaissaient sous le nom de « Vignâna ».

Alfred Herrmann : L'Homme, la Biologie et les machines

N’est-on pas obligé d’admettre que, par analogie, il doit exister un psychisme naturel, un psychisme de la nature, un psychisme cosmique, beaucoup plus intelligent au point d’être pratiquement omniscient, beaucoup plus puissant que le psychisme humain et très supérieur à ce dernier étant donné que grâce à un travail laborieux effectué pendant des millénaires et encore des millénaires, c’est ce psychisme cosmique qui a créé l’homme et le psychisme de l’homme.

Maurice Lambilliotte : Du bon usage de la conscience...

Si l’on accepte ce qui est plus qu’un postulat intellectuel, plus qu’une hypothèse, plus que le fruit d’une conception de l’homme et du monde, une réalité qu’il est loisible à chacun de percevoir, avec laquelle chacun de nous cohabite, mieux encore, qui est nous-même à son plus haut degré de singularité (par rapport au pluriel de nos facultés et de nos états collectifs), il est évident qu’il faut reconnaître à cette « conscience », le rôle éminent qui est le sien. Qu’il faut en faire (et volontairement) le centre vivant aussi, de toute intelligence car cette conscience est vraiment notre outil fondamental, le socle de notre personnalité, aussi bien que le réservoir de ses formes d’avenir, en fait, de tout notre potentiel d’évolution exhaustive et d’adaptation.

Maurice Gazan : Les résultantes psychologiques du fonctionnement nerveux

L’Univers entier est la réponse de nos organes sensoriels et de nos techniques, à une réalité extérieure qui nous est inconnue et que nous ne connaîtrons probablement jamais. Les ondes électromagnétiques, qui expriment un coucher de soleil au physicien, ne sont pas plus objectives que les brillantes couleurs perçues par le peintre. Les sentiments esthétiques engendrés par ces couleurs et la mesure des ondes qui les composent, sont deux aspects de nous-mêmes ; dans la première position nous sommes caractérisés par un état émotif, dont toute intellectualité est absente; dans la seconde, par un état intellectuel, dont toute émotivité est exclue. Il intervient dans ces deux aspects non seulement les relations entre nous et les phénomènes, mais aussi les rapports des phénomènes entre eux. L’ensemble de nos réactions intérieures envers ces phénomènes ou conditions extérieures s’établit et est possible seulement par la haute différenciation de notre système nerveux. Il semble bien que le système nerveux est le système organique et fonctionnel le plus important de l’homme, on serait tenté de dire qu’il est « l’homme lui-même ».

Robert Linssen : Krishnamurti: "la pensée n'est pas l'intelligence"

KRISHNAMURTI insiste également sur l’importance d’une perception directe et globale très différente de celle qui nous est familière. Pour être adéquate et parfaite l’attention implique des conditions qui sont rarement prises en considération. Pour être adéquate, la perception requiert à la fois une qualité d’intelligence et un élément d’affectivité de qualité supérieure. L’élément affectif, au sens où l’entend Krishnamurti, est dégagé du sentimentalisme et des impulsions qui nous sont familières. Pour Krishnamurti, l’élément affectif n’est pas séparé de l’intelligence. Pour cette raison il a utilisé pendant plusieurs années l’expression d’ «esprit-cœur ».

René Fouéré : Une compréhension du monde née d'une « intelligence » non intellectuelle

Etymologiquement, « comprendre » veut dire « saisir ». Ce que je traduirai par « prendre sur soi », en donnant à cette expression une signification non pas impérieuse et agressive, mais, en quelque sorte, affectueuse. Pour moi, comprendre le monde, au sens profond du terme — et ce sens devient profond quand il s’agit de comprendre la totalité du monde sous tous ses aspects —, ce n’est pas s’en donner une explication intellectuelle, tenue pour satisfaisante, en observant scrupuleusement les règles d’une logique admise. C’est ou ce serait prendre conscience de son vrai, de son intime rapport avec nous, avec l’essence même de notre être.