Les paradoxes de la complexité entretien avec Edgar Morin

Je suis parti de la théorie des systèmes et de la cybernétique en pensant que c’était nécessaire mais pas suffisant pour la théorie de l’organisation que je veux faire. Mais elle-même est nécessaire, comme théorie générale, mais insuffisante pour examiner une organisation spécifique comme le vivant. Il faut faire une théorie de l’auto-organisation. J’essaie de montrer à la fois l’unité et la diversité. Ensuite, certains phénomènes sont à la fois complémentaires et antagonistes.

Claudine Brelet : Ce que m'a dit le pr. Steveson sur la réincarnation

Il est certain qu’en Occident la porte est souvent fermée et les souvenirs étouffés par les parents. Mais, depuis quelques années maintenant, je reçois d’assez nombreuses lettres de parents (des mères pour la plupart) qui sont presque des copies les unes des autres, me disant : « Cher Professeur Stevenson, j’aurais bien voulu entendre parler plus tôt de votre recherche. Mon fils a maintenant treize ans. Quand il n’avait que trois ans, il disait avoir été aviateur et s’être écrasé au sol. Nous lui avons alors répondu : « Ne dis pas de bêtises ! » Maintenant, je le regrette, car j’ai oublié presque tous les détails et lui aussi. »

Radha Burnier : La théosophie et Krishnaji

La pleine signification et les implications du fait d »‘inconditionner » le mental étaient apportées aux grands auditoires partout dans le monde auxquels Krishnaji, puissamment mais patiemment, dévoilait les processus secrets du soi et la mystérieuse influence du temps. Il a montré, comme dans un clair miroir de cristal, que le conditionnement est connaissance, habitude, temps ; croyance, conformité, plaisir ; soif de pouvoir, solitude, et dépendance ; en fait, une hydre aux mille têtes. Le miroir montre en profondeur ce que l’esprit de l’auditeur, non accoutumé à soutenir la vigilance, a besoin d’apprendre au sujet de lui-même afin de se libérer.

Radha Burnier : Vérité et illusion

A ce propos, il est important de comprendre que les deux faces de la réalité ne peuvent pas être « expérimentées » en même temps. Une personne ne peut pas voir au même moment le même objet comme étant un serpent et une corde. Personne ne peut vivre les incidents d’un rêve et parallèlement les réalités de la conscience de veille. Le rêve doit cesser pour qu’une personne puisse avoir cette dernière conscience. Pour que la réaction change, il faut que la vision du serpent fasse place à celle de la corde. Ceux qui cherchent le spirituel ont le plus souvent l’impression qu’ils peuvent s’accrocher à toutes les choses du monde et en même temps avoir les choses spirituelles. Cela est impossible parce que la croissance en spiritualité correspond à un éveil à une nouvelle dimension de la réalité. La Voix du silence dit : « Le soi de matière et le Soi de l’esprit ne peuvent jamais se rencontrer. L’un doit disparaître, car il n’y a pas place pour les deux ».

Radha Burnier : La tradition universelle du yoga

Contrairement à la croyance générale, la tradition du yoga n’est pas confinée à l’Inde et n’est pas une activité ésotérique accessible à peu de personnes. Elle est liée à un courant universel de recherche et de pensée qui coule à travers les âges dans les diverses écoles qui s’occupent de la transcendance humaine. En Egypte et en Grèce, dans la tradition soufie, dans les enseignements des Bouddhistes et des Taoïstes, dans la tradition chrétienne, dans le Tantra et le Vedanta, on trouve au cœur des enseignements extérieurs des indications d’une manière de vivre et d’un entrainement qui sont en accord avec la recherche et la direction intérieures impliquées par le terme « yoga ».

Radha BURNIER : Critères moraux et intuition spirituelle

A toute époque de transition et au cours des périodes où se produisent de remarquables changements des conditions extérieures, le mental des gens est mis à l’épreuve. Ou bien ils tirent un nouvel élan du défi que leur oppose le changement rapide des circonstances et se mettent à la pointe de la croissance culturelle, intellectuelle et spirituelle de la civilisation dans laquelle ils vivent, ou bien ils sont dépassés parce qu’ils sont trop cristallisés et trop conventionnels pour réagir comme il faut au changement, et alors tout se met à dégénérer et à s’écrouler autour d’eux.

« Yeh, point germinal » : La rencontre du sacré

Le Maître invite l’homme à trouver son être par le dedans, plutôt qu’en se dispersant dans une multitude d’actes et de mouvements extérieurs. Les cinq couleurs, les cinq sons, les cinq saveurs ne font, dit-il, que désorienter l’homme. Avant tout, celui-ci doit purifier son regard pour parvenir à l’extrême du Vide. Le Vide (wou) est un des grands symboles de la pensée taoïste. Le sage connaît la loi suprême. Vidé de ses passions, de ses désirs, il est pleinement habité par le Tao.

Marie-Ina Bergeron : L'homme et sa parole

La Chine a saisi l’Univers comme un Tout vivant et mouvant grâce au jeu d’une bipolarité ciel/terre, visible/invisible, dedans/dehors, yin/yang, à laquelle la graphie n’a pas échappé. Elle aussi procède du yin et du yang « du dedans et du dehors ». Elle germe et se façonne dans l’intérieur de l’homme, royaume de l’intime, du caché, du Yin. Elle est Yang. A la fois yin et yang l’idéogramme est une totalité, à la limite un Tao : « un yin, un yang c’est le Tao ». L’idéogramme Tao « voie », conserve d’ailleurs le sens de « dire », d’enseigner, d’ouvrir à l’homme « la voie de la connaissance ».

Radha Burnier : Apprendre à être satisfait

Nous pouvons admettre que, pour éviter les grandes souffrances, nous devons nous libérer du désir insatiable. Mais les grandes souffrances ne sont que les formes concentrées de tous les petits moments de tristesse, de mécontentement et de manque que nous expérimentons jour après jour. Accumulés, ils deviennent visibles, mais quand ils sont le tissu de la vie quotidienne, nous ne remarquons pas ces petites choses et ne sentons pas que nos petits manques causent tous les problèmes. Cela ne veut pas dire qu’on ne doive pas se procurer ce qui est nécessaire. Une nouvelle bouilloire dans la cuisine peut être nécessaire, et on peut se la procurer. Mais si nous croyons que le fait d’avoir cette bouilloire va nous rendre plus heureux, c’est une idée complètement fausse. C’est une forme d’ignorance d’associer la bouilloire ou tout autre chose avec notre bien-être.

Marie-Ina Bergeron : La Chine et Teilhard

Toute la différence entre la Chine et l’Occident tient peut-être à ce renversement d’attitude à l’égard du monde, à cette inversion des rapports : ici, la nature soi-disant dénuée de toute valeur spirituelle en soi, n’a d’autre raison d’être, que de se plier à tous les caprices, à toutes les fantaisies, à toutes les « mégalomanies » de l’homme d’Occident; là, pour la Chine ancienne, le « ciel » ou nature, est un « maître », l’homme se tient à ses pieds « comme un ruisseau au pied de la montagne » ou « un disciple au pied du sage ». Il l’écoute, il cherche à comprendre son langage non pour l’asservir, mais pour entrer dans l’œuvre qu’elle lui propose d’accomplir de concert avec elle…