David Moody : Que signifie « vivre les enseignements » ?

Nous devons d’abord savoir ce que nous entendons par « les enseignements ». Ce n’est pas aussi évident qu’il n’y paraît à première vue, car les enseignements sont immenses. Ils sont semblables à l’énergie qui traversait le corps de Krishnamurti, représentant une expression monumentale de cette énergie. Notre première tâche aujourd’hui est donc de formuler un modèle des enseignements, quelque chose qui suggère leur nature et leur complexité. J’utiliserai la métaphore d’un bâtiment, un bâtiment de quatre étages, pour décrire certains des thèmes majeurs présents dans l’œuvre de Krishnamurti. Veuillez garder à l’esprit qu’il ne s’agit que d’une approximation grossière.

Iain McGilchrist : Peut-on encore être humain ?

Je pense ici avant tout aux changements sociaux et politiques qui se produisent actuellement à un rythme très rapide, et qui ne sont pas nécessairement pilotés par les politiciens eux-mêmes, mais inévitablement exploités par ceux — qu’il s’agisse de gouvernements ou de multinationales — qui souhaitent exercer un contrôle total sur le corps, l’esprit et l’âme des êtres humains, dès lors que la technologie leur permettra de le faire. Il ne s’agit donc pas tant de machinations machiavéliques que d’opportunisme machiavélique. C’est ainsi que le mal prospère. Il est vrai qu’un contrôle et une surveillance importants sont déjà en place sur Internet, sans que cela soit évident pour beaucoup, mais le pire, bien pire, peut arriver.

Orlando Moreira : Le mythe d’Hector et la réalité du chien

Moreira soutient que Camus, aussi pénétrant fût-il, a manqué quelque chose de crucial : en défendant sa dignité face à un monde absurde, il est resté aveugle à une vérité émotionnelle. Ce qui peut finalement nous soutenir n’est pas la révolte courageuse de l’intellect, mais l’humilité et la vulnérabilité du doute et de l’incertitude. Car le soin apporté à l’autre ne commence ni dans la défiance ni dans la condescendance, mais dans le fait de permettre à l’autre d’être insuffisant, tout comme nous le sommes nous-mêmes.

Michael Mendizza : Expérience directe et théâtre imaginaire

Un thème récurrent est la distinction claire entre l’expérience directe et l’expérience créée par les métaphores et leurs images. Rappelons l’affirmation définitive de saint Jean de la Croix : « Si j’ai les mains sur les yeux, je ne peux pas voir le soleil. Si j’ai une image de Dieu, je ne peux pas voir Dieu ». Jean insiste sur le fait que toute image conceptuelle ou attachement sensoriel — même à Dieu — peut devenir un voile qui obscurcit la véritable vision spirituelle. De même que se couvrir les yeux empêche de voir le soleil, s’accrocher à des constructions mentales du divin bloque l’expérience directe du sacré.

Ulrich Mohrhoff : Science, technologie et spiritualité

La science présuppose un cadre métaphysique qui formule des questions et interprète les réponses obtenues par une expérience bien conçue ou une observation minutieuse. Un tel cadre n’est pas testable par les méthodes de la science. Si la science et le matérialisme sont régulièrement confondus, c’est parce que dans le monde académique, le matérialisme reste le présupposé par défaut. Le but du jeu est de sauver les apparences matérialistes. En réalité, nous avons le choix. Nous pouvons adopter un cadre de pensée matérialiste, poser les questions qui se posent dans ce cadre et essayer de donner un sens aux réponses que nous obtenons. Ou bien nous pouvons adopter un cadre de pensée spirituel, poser les questions qui se posent dans ce cadre et essayer de donner un sens aux réponses de la nature à ces questions. Dans le premier cas, c’est le matérialisme qui englobe la science, dans le second, c’est un cadre de pensée spirituel. Dans les deux cas, il s’agit d’une inclusion et non d’une intersection. Il n’y a donc pas d’« intersection de la science et de la spiritualité ».

Michael Mendizza : « C’est tellement simple »

Il est relativement simple de voir comment la perception primaire, l’expérience de notre corps en mouvement et en interaction avec l’environnement, génère l’apparence ou le sentiment qu’il y a un « moi » séparé à l’intérieur, qui ressent et fait tout. Cette impression a été créée par la formidable puissance de traitement du néocortex. Tout comme nous avons accepté et nous nous sommes identifiés à notre expérience sensorielle et à nos sentiments émotionnels intérieurs subjectifs, nous avons accepté et nous nous sommes identifiés à l’image-pensée abstraite d’un « moi », en ignorant que ce « moi » n’est qu’une image.

Emmanuel Vaughan-Lee : Hommage à Joanna Macy

À travers son œuvre et sa vie, Joanna a transmis une manière d’être qui ne se détourne pas de l’effondrement, mais écoute ce qui en émerge. Elle nous rappelle que le chagrin n’est pas un échec, et que ressentir de la peine pour le monde en flammes, c’est être éveillé à sa beauté : « Face à l’impermanence et à la mort, il faut du courage pour aimer les choses de ce monde et croire que les louer est notre vocation la plus noble ».

Iain McGilchrist : Une révolution dans la pensée ? Comment la théorie des hémisphères nous aide à comprendre la métacrise

L’hémisphère gauche a évolué pour prêter une attention en faisceau étroit, concentrée sur un détail que nous connaissons déjà et désirons, et orientée vers la saisie et l’acquisition, que ce soit pour manger ou pour un autre usage. En un mot, l’hémisphère gauche existe au service de la manipulation. L’hémisphère droit, quant à lui, est attentif à tout le reste qui se passe pendant que nous manipulons : partenaires, congénères, progéniture — et prédateurs, afin de ne pas être mangé pendant que nous mangeons. Son attention est large, soutenue, cohérente, vigilante, et non engagée quant à ce qu’elle peut trouver : exactement l’opposé de celle de l’hémisphère gauche. En bref, l’hémisphère droit est au service de la compréhension du tout contextuel, qui n’est rien de moins que le monde.

Orlando Moreira : Le sens n’est pas en vous

Dans cet essai très personnel et poignant, Moreira affirme que notre peur la plus primaire n’est pas la mort, mais la solitude. Comme il le dit, « un enfant ne pleure pas parce qu’il comprend la mortalité. Il pleure parce que personne ne vient ». Moreira redéfinit l’existentialisme pour le XXIe siècle. Il extrait et distille les questions fondamentales du sens dans un monde qui commence à percevoir la superficialité de ses voies.

Orlando Moreira : Franchir le grand vide solipsiste à l’ère de l’IA

« Si l’expérience est tout ce que j’ai, je suis peut-être seul, mais la nécessité émotionnelle essentielle de l’autre exige que je vive comme si je ne l’étais pas », affirme le Dr Moreira dans cet essai sincère. Il incarne la réémergence, attendue depuis longtemps, de la pensée existentialiste au XXIe siècle et, en tant que scientifique actif et performant dans le domaine de l’intelligence artificielle, dans les termes du XXIe siècle. Nous pensons que les mondes de la philosophie et de la culture populaire entendront beaucoup plus parler du Dr Moreira dans les années à venir…