Joshua Stylman : Surfer sur la vague

Ce à quoi nous assistons n’est pas seulement un progrès technologique – c’est ce qu’Ivan Illich appelait la dépendance iatrogène dans son ouvrage précurseur, Némésis médicale. Illich avait forgé ce terme pour la médecine – des institutions qui promettent de soigner tout en créant de nouvelles formes de maladies – mais le schéma s’applique parfaitement à l’IA également. C’est exactement ce que je ressentais à propos de ces nouveaux outils – ils promettent d’accroître nos capacités cognitives tout en les affaiblissant systématiquement. Ce n’est pas la prise de contrôle hostile dont la science-fiction nous avait avertis. C’est l’érosion silencieuse de la capacité individuelle déguisée en aide.

Kristina Lerman et David Chu : L’intimité artificielle : La prochaine expérience sociale géante sur les jeunes esprits

Aujourd’hui, les compagnons d’IA soulèvent des préoccupations différentes, mais tout aussi urgentes. Les jeunes s’engagent dans des relations émotionnellement immersives avec des agents artificiels qui reflètent leurs moindres humeurs, assouvissent leurs moindres fantasmes et ne disent jamais non. Une fois de plus, nous déployons une technologie puissante à grande échelle sans comprendre ses effets sur le développement à long terme, en particulier sur les jeunes et les personnes vulnérables.

Claudia Chaufan : Enseigner la pensée critique ou fabriquer le consentement

Et il ne s’agissait pas d’erreurs temporaires commises sous pression — mais de trahisons institutionnelles envers le rôle normatif des universités, des trahisons dont les leçons exigent réflexion. Il n’était pas seulement question de politique sanitaire, mais de fabrication du consentement — paradoxalement au sein d’institutions dont la mission normative inclut de favoriser la pensée indépendante. Ce qui suit est le récit de la manière dont je suis arrivée à ce constat.

Iain McGilchrist : Réflexions sur la vérité

Notre culture a tourné le dos aux sciences humaines en général, dans le cadre de ce que je considère comme l’élévation exclusive d’une sorte d’apprentissage procédural consacré aux processus techniques au détriment d’un engagement intellectuel plus imaginatif, mais certainement pas moins important, avec le domaine des idées. Une fois qu’un tel processus est engagé, il crée une boucle de rétroaction positive qui menace de voir les sciences humaines s’étioler complètement. Il n’est pas possible d’envisager avec sérénité ce que cela signifierait pour les universités, voire pour la civilisation dont elles sont l’un des piliers. L’éducation n’est évidemment pas un gavage d’informations, mais l’exploitation et l’élargissement des pouvoirs de l’imagination intelligente et créative, ainsi que de la capacité à raisonner clairement, à s’exprimer clairement et à savoir où la clarté rencontre ses limites nécessaires.

Gérard Pinson : Cerveau, l’éducation de la sensibilité 2e chapitre

(Revue 3e Millénaire. Ancienne série. No 19. mars/avril 1985) À la fin de la première partie de cette étude (voir n° 18), Gérard Pinson évoquait la prépondérance actuelle du raisonnement déductif sur l’imagination, qui néglige la complémentarité évidente entre ces deux formes de pensée dans l’apprentissage. La notion de complémentarité, naguère hypothétique, apparaît aujourd’hui dans les études les […]

D. Marks : Pandémie d’enfants vaccinés, une tragédie en cours

27 juillet 2024 La vaccination des enfants comporte des risques inhérents dont les bénéfices sont discutables. Lorsque ma fille est née en 1980, la procédure courante était d’administrer le vaccin ROR (oreillons, rougeole, rubéole) avant l’âge d’un an et demi. J’ai réfléchi à l’impact de l’injection simultanée de trois virus atténués à un enfant en parfaite […]

Bert Olivier : Esclave ou maître de la technologie : Le choix nous appartient

Traduction libre 4/12/2023 Après avoir écrit le billet sur ce que Martin Heidegger peut nous apprendre sur la technologie, j’ai réalisé que certains lecteurs pourraient en conclure que tout ce qui touche à la technologie est « mauvais » — après tout, la conception de Heidegger semble très pessimiste. Il convient toutefois de préciser que le penseur […]

Gérard Pinson : Cerveau, Éthique et Éducation

(Revue 3e Millénaire. Ancienne série. No 18. Janvier/Février 1985) Mieux connaître ce que l’on sait du cerveau humain c’est déjà entrevoir à quel point celui-ci recèle des richesses potentielles que nous ne sommes pas encore capables d’exploiter. Là se cache encore les immenses possibilités de l’homme de demain. Celui que Dieu a peut-être vraiment fait […]

L’ambigüité humaine entretien avec le professeur Maurice Auroux

L’animal est agressif pour survivre. Tandis que dans notre agressivité… toutes les structures cérébrales sont représentées. Il n’y a pas une structure cérébrale qui ne soit en relation avec les autres. Alors notre agressivité va passer par notre néocortex et c’est paradoxal puisque notre néocortex est le siège de la raison, de la réflexion, de l’imagination, bref, de ce qui nous caractérise. Notre agressivité n’est pas celle de l’animal vis-à-vis d’une proie qui s’échappe et qu’il poursuit parce qu’il a faim : nous, nous sommes capables d’agresser parce que notre imagination, l’idée que nous avons de nous-même peut nous entraîner, via l’affirmation de soi, à devenir violent.

René Barbier : La création en éducation

L’impasse éducative prend sa source dans les fondements mêmes de la pensée occidentale depuis Aristote. Peu à peu, la richesse de l’imaginaire, qui s’exprimait encore chez les Grecs par la présence, en filigrane, d’une ingérence surnaturelle dans les affaires hu­maines (Dodds), a été réduite à la moindre expression par l’impérialisme d’une pensée logique dichotomique, non dialectique : dicho­tomies théorie/pratique ; agir/non-agir ; réel/imaginaire ; économie/idéologie ; scien­ce/poésie ; structure/changement ; expérimen­tal/clinique ; micro/macro, etc. Le sens de l’éducation, dans son déroulement historique, va de l’être au non-être comme le soutient Michel Juffe. Nous succombons sous le poids d’un mode d’existence psychique dominée par l’hémisphère gauche du cerveau qui impose les catégories du langage verbal, de la logique mathématique, du linéaire et du détaillé, du séquentiel, du contrôlé, de l’intellectuel, de la domination, du mondain, de l’analytique, du lire-écrire-nommer, de la sé­quence ordonnée, de la perception d’un ordre significatif, du complexe de séquences motrices.