Giulia Archer : Le théâtre religieux au Moyen Âge

‘Le dernier des soucis de l’acteur médiéval est le réa­lisme : son vrai souci est la vérité du sentiment en deux sens : le sentiment des acteurs d’accomplir un acte important pour la vie de la communauté, un acte religieux et non pas artistique ou de distraction – le sentiment suscité chez les spectateurs-fidèles qui devaient par­ticiper aux événements représentés ; raison pour laquelle par exemple celui qui représentait le Christ sur la Croix devait vraiment souffrir, pour que le sentiment de la souffrance devienne présent aux esprits.

Les origines du théâtre dans deux textes archaïques et primitifs

Parmi les formes de spectacle qui ont gardé à nos jours, dans quelque détail ou dans la structure générale, le caractère rituel des origines, le théâtre Nô japonais mérite une place à part (comme la mériterait le Mystère médiéval d’Occident, s’il nous avait été transmis dans sa forme originaire). Car le Nô n’est jamais devenu « spectacle ». Ce qui explique peut-être l’ennui du spectateur « non initié ». Le Nô est resté un rite religieux, au-delà et malgré la transformation de son public. Ce qui n’exclut pas qu’il s’agisse de textes dramatiques. Simplement ces textes et le code formel qui les soutient n’ont jamais été « théâtralisés ».

Marc De Smedt : Sotie sur la peur

D’abord, le silence peut cacher la crainte, quelle qu’elle soit. Et en la dissimulant aux yeux du monde, il couvre divers états qui ont pour nom : faiblesse, appréhension, affolement, effroi, voire panique… Les expressions populaires ne disent-elles pas qu’on peut se retrouver muet de terreur, sans voix, plus mort que vif, avec le souffle coupé ? Mais, silence gardé n’empêche ni l’émotion ni ses signes divers : boule dans l’estomac, jambes flageolantes, sueurs froides, yeux égarés, blêmissement très net… sans oublier les fameux cheveux qui se dressent sur la tête et les poils du corps qui se hérissent. Tout cela pouvant mener soit à l’évanouissement chez des natures chichiteuses, donc à un silence total, soit à la fuite, silence poltron, soit à une réaction de défense plus ou moins contrôlée, auquel cas le silence se mue en paroles plus ou moins criardes et, parfois, en coups et glapissements divers.

Michel Fournier : La grande peur de M Teste

M. Teste se nourrit uniquement de produits naturels. Il mange sans sel et pas trop épicé ; il a l’estomac fragile. Il ne boit que des grands crus, modérément, les autres vins sont trafiqués. Il a lu des choses épouvantables sur les conservateurs, les colorants et les renforçateurs de goût. Les revues de consommateurs le font frémir. Il a vendu sa voiture à cause des chauffards, des assurances, des voleurs et des vandales, des contraventions et autres tracasseries administratives ; d’ailleurs il ne sort plus que par obligation. Il ne voyage jamais : on est toujours déçu. Mauvaise alimentation, climats éprouvants, populations bizarres. Il n’a pas d’animaux, c’est sale, envahissant, on s’attache et cela implique des obligations fastidieuses. Préserver sa dignité est déjà une exigence à haute responsabilité, qui nécessite une vigilance de chaque instant.

Howard Brabyn : L'émotion dans le cerveau

On a pu constater que le cerveau était capable de détecter les caractéristiques structurelles des sons et que ces dernières déterminaient la dominance de l’hémisphère droit ou de l’hémisphère gauche. Ainsi les sons vocaliques humains, les sanglots, le rire, la stridulation des insectes et d’autres bruits naturels, qui comportent tous une modulation de fréquence et des combinaisons harmoniques, induisaient chez les sujets japonais une dominance de l’oreille droite (hémisphère gauche).

Emmanuel D'Hoogvorst : Réflexions sur l'or des alchimistes

Tout ici-bas, disent les Philosophes, n’est que poussière et cendres. C’est le monde de la génération et de la corruption. Seul de toutes les substances sublunaires, ce beau métal est inaltérable. L’hypothèse des alchymistes est donc la suivante : si l’or, soleil terrestre, est indestructible, c’est qu’il possède en lui un principe physique d’immortalité. Si les hommes savaient la puissance et la médecine qu’il a en lui, ils abandonneraient toutes leurs occupations pour se mettre à la recherche du secret que le Souverain Créateur a déposé dans les mines, afin d’y trouver cette guérison et régénération auxquelles aspire le genre humain.

Élie-Charles Flamand : Érotique de l'alchimie

L’alchimie affirme la nécessité d’une base matérielle pour l’édification d’une œuvre spirituelle. Selon ses concep­tions, les transformations que l’alchimiste fait subir à sa matière première sont analogiquement liées au pro­cessus initiatique qui s’opère spirituellement chez celui-ci. Du fait de l’Involution, la matière semble être ce qui demeure le plus éloigné du Divin. Pourtant, c’est au tréfond de la masse hyléenne déchue que l’opérateur trouvera l’étincelle du Feu incréé et pourra alors se transmuer spirituellement en communiant avec la trans­cendance. Le monde n’est en vérité qu’une forme illu­soire sous laquelle l’Absolu peut apparaître…

La Lumière

Jusqu’à ce que les chaînes de ta personnalité soient relâchées,
Tu ne pourras comprendre le profond mystère du Soi ;
Et elles doivent tomber pour que tu en aies la révélation.
Alors, tu la saisiras et l’emploieras à un noble service.
Ton cœur est la voie de la lumière pour tes yeux.
La vie changeante est constituée par le cœur des hommes.
Acquiers la connaissance, et tu posséderas la parole.

Guy Béatrice : Carl Gustav Jung et alchimie

Attentif à toutes les formes revêtues au cours des âges par la pensée humaine dans sa quête obstinée de la vérité, le psychanalyste zurichois n’avait pas été sans remarquer les analogies existant entre les rêves de certains de ses patients et les textes alchi­miques anciens dans lesquels, à l’encontre de ses confrères, il n’avait pas craint de se plonger afin de mieux appréhender les mécanismes de l’esprit.