Albert Low : Il n'y a pas de gradation entre l'ignorance et la sagesse

Vous savez, n’est-ce pas, que Bouddha a dit que « la vie, c’est la souffrance »! Nécessairement au fond de la souffrance, il y a le conflit, il y a contradiction et pour vraiment se réaliser; il faut aller au-delà de la souffrance et du conflit. Pour cela, il faut d’abord faire face au conflit. Avec la prolifération en Occident de différentes branches de l’hindouisme où, par exemple, le gourou est l’incarnation divine que l’on adore, n’est-il pas dangereux de succomber à un nouveau romantisme qui épargne justement cette contradiction fondamentale qui est au centre de l’humain?

Robert Linssen : Limites de l'analyse en physique et en psychologie

La preuve est, pour la plupart d’entre nous, le poinçon de la responsabilité intellectuelle. Nous voulons qu’on nous démontre la vérité. Nous ne voulons avancer que munis de nos certitudes parce que nous avons peur. Nous voulons appliquer au domaine du Réel les processus habituels de l’analyse dans l’espoir d’obtenir une assurance, une preuve. Certes, si la pensée est utile et peut créer des miracles dans la technique elle est absolument incapable de nous livrer quoique que ce soit du réel. La mission suprême de la pensée est de se démontrer à elle-même le bien-fondé de son silence devant la plénitude de l’Être.

Georges Krassovsky : Les difficiles fins de « moi »

Nous avons tous des problèmes… Nous en avons même tellement que nous n’avons pas le temps d’aborder celui qui consiste à se demander: pourquoi y a-t-il des problèmes ? Ce problème nous apparaît, en effet, comme étant essentiel, sinon unique, car si nous arrivions à le résoudre, les autres seraient résolus par la même occasion, mieux: ne se poseraient plus, s’élimineraient d’eux-mêmes. C’est ce que l’on appelle « remonter à la source ».

J. Krishnamurti : Ainsi parlait Krishnamurti

Il y a tout un ensemble de théories, de grandes, de nombreuses abstractions, et les gens vivent dans les traditions du passé : acceptent l’autorité. Tout cela n’est pas la religion. Tout cela ne conduit pas à la spiritualité. Ils peuvent aller dans les temples. Ils peuvent avoir d’innombrables rituels, des traditions historiques, non! des fictions historiques! Il y a tout un tas de gourous dans le monde entier, gagnant de l’argent, et avec toute une bande de disciples. J’espère que vous ne vous froissez pas de m’entendre parler ainsi.

Robert Linssen : Hommage à Carlo Suarès

Carlo Suarès est né à Alexandrie (Egypte) en 1892. Il suivit les cours d’architecture à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et obtint son diplôme d’architecte après la guerre de 1914-1918. Dès 1921 il prit contact avec Krishnamurti dont il fut longtemps l’un des amis et collaborateurs les plus proches. L’activité littéraire de Carlo Suarès débuta vers 1927. Il publia dès lors plusieurs ouvrages parmi lesquels : « La Nouvelle Création », « La comédie psychologique » et « Quoi Israël ». La « Comédie psychologique », œuvre monumentale publiée vers 1930 aux éditions Corti à Paris doit être considérée comme l’un des écrits les plus fondamentaux de l’auteur. Carlo Suarès y montre le carac­tère provisoire et conflictuel de la conscience de l’égo. Il y expose les trois phases de l’histoire de l’évolution psychologique du « moi ». Pre­mière phase : naissance. Seconde phase : maturité. Enfin et surtout, troisième phase : éclatement ou libération.

Robert Linssen : Mémoire et sciences électroniques

Nous avons toujours insisté sur l’importance de l’unité physique, psychique et spirituelle de l’homme et du monde. Nos arguments ont été, jusqu’à ce jour, beaucoup plus philosophiques et métaphysiques que strictement scientifiques. Les travaux récents de deux savants suédois, Holgar Hyden et Egyhazie, de l’Université de Gôteborg, ont comblé une lacune importante, existant dans les explications tentant d’établir les rapports entre les mondes physiques et psychiques.

Jean-Louis Siémons : La science et le problème de l’après-vie

Au début, mes études au lycée m’ont porté vers la médecine, qui est une manière d’être humaniste, mais j’ai bifurqué vers la chimie biologique et finalement vers la physique sans renoncer à mes autres intérêts. La science ne nous oblige pas à renoncer à étudier ce qu’est l’homme et ce qu’il fait sur la terre. Donc, avec mes études scientifiques — j’ai deux doctorats — j’ai continué mes études spirituelles. J’ai étudié de très prés des livres comme la Bhagavad Gîta qui est considéré comme l’évangile de l’Inde, et pour mieux étudier ce livre profond, j’ai commencé à apprendre le sanskrit. De nos jours, il n’est plus surprenant de rencontrer des scientifiques qui s’intéressent à autres choses aussi. Oppenheimer a été pour nous l’un des premiers en Occident à s’intéresser à l’Inde et à la Bhagavad Gîta. De nos jours, on trouve des gens comme Fritjof Capra et d’autres. On n’a plus besoin aujourd’hui, en tant que scientifique, de justifier son intérêt pour des idées philosophiques et spirituelles.

Robert Linssen : Aspects concrets de la transformation

Nos propos risquent de heurter les adeptes de « Voies Abruptes ». Ils mettent en évidence la fréquence d’une confusion existant entre une compréhension intellectuelle de l’inexistence de l’égo et la plénitude de son dépassement total. L’auteur estime être bien placé pour dénoncer l’ampleur des obstacles résultant de la conceptualisation. Celle-ci est souvent inconsciente en raison de sa subtilité. Elle bloque cependant la route du méditant malgré sa sincérité. Certains attentistes déclarent que l’égo n’est qu’un mirage faisant partie du « Jeu Cosmique ». Une simple compréhension intellectuelle suffirait à nous libérer de ses exigences.

Carlo Suarès : Entretien avec Krishnamurti

Nous savons tous que notre époque est explosive, que les moyens de l’homme, demeurés à peu de chose près constants pendant des millénaires, sont tout à coup multipliés des millions de fois ; que les calculateurs électroniques, pour ne mentionner que cela, deviennent d’heure en heure plus fantastiques ; que demain on ira dans la Lune ou ailleurs ; que la biologie est en train de découvrir le mystère de la vie et même de créer la vie. Nous savons que les données les mieux établies de la science s’écroulent ; que tout est constamment remis en question et que les cerveaux sont contraints et forcés de se mettre en mouvement. Nous savons tout cela ; il n’est donc pas nécessaire de revenir sur cet aspect de notre époque. Dans la confusion actuelle, l’homme est à la recherche d’une sécurité matérielle qui ne peut être trouvée que par des connaissances technologiques. Les religions sont devenues des superstructures qui n’ont guère une réelle importance dans les affaires du monde, cependant que les questions fondamentales demeurent sans réponse: le Temps, la Douleur, la Peur…

Robert Linssen : Rapports entre le rêve extérieur et le monde intérieure

Prendre la responsabilité de présenter les rapports existant entre les dimensions contradictoires de l’univers dans un schéma est une tâche ingrate. Celle-ci offre d’autant plus de difficultés en raison du sujet traité qui fait appel à des énergies dont les processus et la nature échappent aux liens de causalité qui nous sont familiers. Chacun connaît les avertissements répétés du célèbre sémanticien Korzybsky : « le mot n’est pas la chose »… et « la carte n’est pas le territoire ». Autant vouloir exposer les rapports existant entre le rêve et la réalité ou encore entre l’univers concret familier et celui qui est abstrait, totalement inaccessible à la pensée. Or, c’est ce dernier que les antiques sagesses présentaient comme la source unique et souveraine d’une plénitude seulement accessible par le dépassement de la pensée.