Je ne vois pas pourquoi il me faudrait aller chercher tant de religions extraordinaires, au lieu de me rendre compte de la nature de ma pensée. Si le discontinu, la dissociation de l’espace et du temps, se posent à la fois comme objets et comme pensée, je ne vois pas pourquoi la pensée ne pourrait pas se penser elle-même, dans la relation entre les termes dissociés, relation qui n’est autre qu’elle-même. Au lieu de poser ma conscience en bloc, en une entité composée de deux pôles opposés, en face d’une pseudo entité inexistante, dénommée à tort « concept », puisqu’on ne la conçoit pas, dont on veut se persuader qu’elle n’est pas contradictoire dans sa nature, je ne vois pas pourquoi la pensée ne pourrait pas être simplement le témoin, le spectateur de son propre processus.
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Solange De Mailly-Nesle : Astrologie/science: chiens de faïence
L’astrologie est avant tout science de l’âme, science de l’être humain, et s’appuie sur le fait que l’image de l’homme est symbole à part entière ; elle ne se réduit pas à des concepts, des définitions, de longues chaînes de raison, car elle ne peut être saisie que par l’homme lui-même, l’homme de chair et de sang. Si elle se sert comme support de principes ou de corps physiques tels que les signes ou les planètes, elle ne les voit pas comme « objets » de démonstration, mais comme références de sens, d’abord collectif puis individuel. La plupart des personnes qui prennent rendez-vous avec un astrologue viennent quérir une assurance sur le destin, alors que l’événement extérieur n’a d’importance que dans la mesure où il nous renvoie à nous-mêmes, à la saisie de nous-mêmes dans notre relation avec l’universel.
Joël André : Astrospective
La conjugaison des cycles planétaires et des devenirs terrestres s’est-elle imposée à la manière d’une programmation cosmique ? Ou suffit-il d’y voir une astro-programmation de l’homme par l’homme ? Il est probable que sur le fond d’une résonance cosmique initiale, l’homme primordial a prélevé, parmi toutes les configurations astrales possibles, celles qui évoquaient le plus sa structure interne. Projection et auto-envoûtement auxquels l’espèce actuelle continue de répondre. Les stratégies originelles marquent pour des millénaires…
Nisargadatta maharaj : La conscience est partout
Quand le sentiment d’être apparaît il n’a aucunement l’impression d’être un corps ! C’est de ce sentiment d’être qu’est créé le cosmos tout entier. Au sein de cette création vous disposez également d’une forme, mais vous n’avez nul besoin de vous identifier à elle en tant qu’entité fonctionnant et se déplaçant indépendamment dans le monde. Le principe qui anime et propulse le corps est uniquement cet être, cela ne provient pas du corps. Ce grand spectacle cosmique se déroule dans la conscience et à la fin tout se dissoudra dans cette seule conscience. Méditez là-dessus sans vous identifier au corps et vous, conscience, découvrirez que vous soumettre à cette identité de forme humaine est l’action de Mâyâ, l’illusion.
Roger Godel : Un psychisme animal ?
C’est en témoin objectif et sans prêter à la bête ses propres émotions, que le biologiste observe la lutte. Mais parfois il se laisse entraîner dans les péripéties du drame ; s’identifiant aux adversaires il reconnaît en eux la peur, la colère, la ruse, l’hésitation. Quelle imprudence de langage ! Admettrons-nous de pareilles infractions à la règle ? Eh bien, je veux poser nettement la question une fois pour toutes. Est-ce verser dans l’hérésie qualifiée d’anthropomorphisme que d’attribuer au monde animal des émotions sensiblement homologues de celles que nous éprouvons ? Nous est-il interdit de découvrir chez la bête l’analogue de nos joies, de nos douleurs, de nos craintes, de la peur, de la colère ? Qui est le Grand Inquisiteur assez sûr de son jugement pour légiférer sur ce point ? En voulant ignorer la conscience dont la vie emplit ses créatures jusqu’à la plus infime d’entre elles, il tarirait, il dessécherait sa propre source d’entendement…
Carlo Suarès : La première réponse au présent : Naissance d’un moi
Ce que nous appelons conscience résulte donc d’un effort vers la conscience de soi : le moi graduellement devient conscient d’être lui-même, indépendamment de certains rôles qu’il joue, de leurs associations et dissociations ; en s’affranchissant de ces objets un à un, il affirme qu’il est un moi, même sans ces objets. Or, nous avons déjà vu, et nous reverrons en détail, que le moi n’est pas autre chose que des vibrations (associations-dissociations) entre deux pôles, qui ont pris le corps d’une entité ; donc plus le moi devient conscient de soi-même, plus il se défait : il se dévore véritablement. En effet la conscience de soi n’est qu’une illusion, l’affirmation « je suis moi indépendamment de mes rôles » émane de la perception de soi qui résulte de rôles sous-conscients, de rôles dont on ne sait pas qu’ils sont des rôles, c’est-à-dire encore que cette affirmation émane d’un personnage qui se compose de tout ce dont il n’a pas encore douté, d’un personnage qui n’est que partiellement défait. L’affirmation moi qui subsiste, s’appuie sur ce qui reste encore debout de son édifice croulant…
Jean Klein : Être dans la perspective de vérité
L’ultime désir est d’être le Soi. Dans les moments de plénitude l’état de non-désir, la notion d’un moi — comme d’ailleurs de tout autre objet — est complètement absente. La cause de la plénitude est souvent attribuée à un objet, aussi nous consolidons de plus en plus la conviction, suscitée en nous par un réseau d’habitudes où nous nous complaisons, que l’état de plénitude est quelque chose à acquérir, à posséder, à cultiver.
Jeanne Guesnée : D'étranges expériences (voyages conscients hors du corps)
Une question s’est toujours posée à mon esprit avec une grande acuité : celle de la mort. Qu’est-ce que la mort ? et, par voie de conséquence, qu’est-ce que la vie ? QUI SUIS-JE ? Un intense besoin de comprendre me poussa irrésistiblement à tenter l’effort insolite et dangereux de me séparer de mon corps, afin de savoir par moi-même si la vie cessait hors de lui. Je réussis après treize mois d’efforts quotidiens à le quitter sans que ma conscience d’exister soit interrompue.
Devarao Kulkarni : Différents aspects des trois états suivant le vedanta
L’on croit communément être né dans ce monde en tel lieu, tel jour de telle année, qu’on a grandi dans un environnement spécifique. Le monde, ou univers, est dit exister depuis des temps immémoriaux et, pense-t-on, continuera d’exister à jamais. Toutes les créatures naissent puis meurent, et chacun de nous est destiné à mourir un jour ou l’autre. Nous possédons un corps, des organes sensoriels, un mental, etc. Nous sommes assoiffés de connaître les bienfaits que nous offre le monde extérieur, mais voulons échapper aux choses et aux circonstances indésirées de l’existence…
Maurice Lambilliotte : L'aube du message de Roger Godel
Il est des êtres « bénéfiques » — c’était une expression de Roger Godel. Elle s’appliquait tellement à lui qui certainement ne l’aurait pas admis tant étaient grande sa pudeur, son oubli de soi et cette humilité qui sont l’apanage de certains êtres exceptionnels et qui n’en sont pas moins rayonnants.