Dominique Schmidt : Le yoga de Krishnamurti

Le yoga de Krishnamurti peut être résumé en ces termes : d’abord, un dépouillement psychologique, sans compromis avec ce qui est faux et avec le contenu de sa conscience, quel qu’il soit : nationalisme, statut social, vanité, etc… ; ensuite, un nettoyage total du cerveau : une clarification intérieure, Lute dissociation préalable avec toutes ses identifications (son mari, son compte en banque, sa religion etc..) afin de réaliser une vacuité complète de la conscience. Ce vide du mental est la clef de la mutation de la conscience, qui suscite une complète révolution en soi-même…

Robert Powell : Si la conscience ne choisit pas, qui donc est conscient ?

Maharshi nous exhorte constamment à poursuivre l’enquête « Qui suis-je? », « À qui cela arrive-t-il ? », et ainsi de suite, non parce qu’un tel « Qui » existe, mais parce qu’au cours de cette même recherche nous découvrirons son irréalité et que cette découverte mettra fin à la prévalence de l’ego. Puisque l’observateur en tant qu’entité psychologique n’est rien d’autre qu’un flux de pensées activées et maintenues par le désir, on voit déjà qu’un examen de ce qui arrive à cette entité en poursuivant la recherche du « Qui suis-je ? » doit être essentiellement la même chose que le processus de connaissance du soi dans une prise de conscience sans choix. Les deux enseignements ont comme commun dénominateur l’injonction suivante : « Trouvez d’abord qui est l’observateur, et tout s’ensuivra naturellement. »

André Niel : De l’illusion du transcendant à la découverte du réel

Les « libérés vivants » sont, à notre avis, les importants témoignages d’une sorte de lente maturation psychologique de l’humanité. En même temps qu’ils nous enseigneraient qu’une telle maturation est sans doute possible sur une plus vaste échelle. De toutes manières, la valeur de leur expérience est humaine, elle a une signification universelle, ou elle n’est rien.

André Niel : La liberté créative

De deux choses l’une : ou bien ce « sentiment profond » que nous avons de notre liberté n’est qu’un leurre de la nature, ou bien notre liberté elle-même doit être considérée comme un agent néfaste de désordre et de misère. En fait, ces deux possibilités se conjuguent pour nous accabler. Nous allons voir comment, si notre liberté n’est qu’illusion, cette illusion est en outre assez virulente pour nous avoir amené dans l’état de malheur qui est le nôtre.

André Niel : Message krishnamurtien et doctrine marxiste

Vous parlez de la « complexité de la vie », et des contingences où elle s’exprime. Mais cette complexité n’est justement qu’apparente. La vie des individus est d’une effarante simplicité, car elle se réduit pour chacun à n’être qu’un rouage dans l’immense superstructure de la contradiction de l’homme par l’homme. Chacun de nous ne pense et ne vit encore — tout à fait primitivement — que par contradiction à ceci ou à cela, à ceux-ci ou à ceux-là : on est contre la religion ou contre l’athéisme, contre la bourgeoisie ou contre le prolétariat, etc… La tendance est universelle et sans doute spontanée. C’est pourquoi il est si difficile d’y échapper ! Et pourtant, là serait notre seule chance de salut.

André Niel : L’humain absolu

Adorer ou condamner, c’est, en effet, également diviser l’humain. Et le plaisir qu’on y prend, c’est toujours celui de la division. Car diviser, puis condamner l’un des termes de la contradiction, cela donne à bon compte l’illusion et la satisfaction d’agir — et même d’accomplir de grandes choses ! Quelle perte de saveur pour l’existence, si nous ne pouvions plus ni juger ni honnir, respecter ou condamner, adorer ni brûler !

André Niel : Krishnamurti et la révolution fondamentale

Ainsi donc y a-t-il, d’une part, l’homme faible et mortel et, d’autre part, l’homme aveugle sur les moyens de se rendre moins faible et moins mortel. Seulement notre révolte n’avait encore jamais concerné que notre état de faiblesse et de finitude. Or, l’homme, ayant tout de suite déclaré la guerre à sa misère, n’a fait que s’élancer contre lui-même. Si, donc, nous sommes conséquents avec nous-mêmes, notre révolte doit, aujourd’hui, dénoncer une telle contradiction…

Le déploiement de la matière et de la conscience, interview de David Bohm

Dans le domaine psychologique, la chose à réaliser ne peut pas être distinguée de celui qui veut la réaliser. Lorsque vous êtes impliqué dans une situation que vous ressentez fortement comme la colère et la peur, l’esprit qui essaie de regarder est profondément affecté par ce qu’il est en train d’essayer de voir qui l’emporte sur la rationalité. Par conséquent, dans l’effort pour résoudre ce problème de séparation par l’introspection, ou en regardant, ou en posant un problème pour essayer d’obtenir un résultat, vous ne faites que continuer l’approche dichotomique qui cause le problème de départ.

Pierre D'Angkor : Itinéraire 6: Noms et symboles divins

Quoiqu’il en soit, au niveau spirituel ou nous nous tenons, il semble que le Divin représente un ordre de réalité dont l’accession, ou la simple approche même, demeure encore fort ardue pour notre esprit comme pour notre cœur. Principe, Essence ou Souverain Bien, quel que soit le nom que l’on imagine, la plupart des esprits religieux eux-mêmes n’ont de la Divinité, nous l’avons vu, que la notion la plus vague, loin d’en avoir la moindre perception réelle. Il semble d’ailleurs que l’immense majorité des croyants, aujourd’hui comme hier, éprouve encore le besoin d’adorer un Dieu personnel, un Etre suprême, et que pour aimer Dieu, ils doivent aimer un Dieu, et non une formule abstraite comme le Souverain Bien ou la Suprême Réalité.