« Au-delà des limites » Conversation avec le professeur David Bohm

Donc, en combinant plusieurs points de vue sur le cercle avec cet objet, nous obtenons la notion de cercle. En la combinant avec le point de vue scientifique, nous obtenons un autre point de vue, un cercle qui est fait d’atomes… Mais ensuite, un autre point de vue est que les atomes sont constitués de particules plus petites, et ainsi de suite… Plus nous obtenons de points de vue, que nous pouvons intégrer et rendre cohérents, plus notre compréhension de la réalité est profonde… Mais, je dis que la réalité, l’essence serait appelée l’être véritable… C’est ce que nous n’arrivons jamais à saisir, n’est-ce pas ? C’est illimité. Tout… toute vision est limitée. C’est comme un miroir qui regarde de ce côté-ci, de ce côté-là, de nombreux autres miroirs qui donnent chacun une vue, mais une vue limitée, n’est-ce pas ?

Dan Falk : Quelqu’un sait-il vraiment ce qu’est le temps ?

Le cerveau possède des mécanismes fondamentalement différents pour mesurer le temps à différentes échelles. Vous avez une horloge circadienne ; c’est elle qui vous guide lorsque vous avez faim, qui vous dit quand vous coucher, quand vous lever. Mais cette horloge n’a pas de trotteuse ; elle ne peut pas « dire l’heure ». Elle ne va pas vous aider à déterminer le tempo d’une chanson que vous écoutez. Donc, cette horloge est indépendante des autres. Nous avons aussi d’autres horloges, d’autres minuteries, qui guident notre capacité à avoir cette conversation…

John Torday : La membrane cellulaire comme « chaînon manquant » de l’évolution de la conscience

Bien que le professeur Torday soit d’accord avec Federico Faggin sur le fait que la mécanique quantique est essentielle à la conscience, il soutient que le rôle de la membrane cellulaire — qui sépare un organisme de son environnement — est essentiel à l’assimilation sélective ou au reflet des propriétés quantiques du cosmos dans la conscience différenciée de l’organisme. Cet essai est court, dense et peut être difficile à analyser. Mais il récompense largement l’effort du lecteur patient et déterminé. Les nombreuses références bibliographiques de l’essai offrent également un terrain riche pour des explorations ultérieures.

Charles Eisenstein : Intelligence Virtuelle

Avant l’ère industrielle, les objets matériels étaient aussi des vecteurs de relation. Soit vous les fabriquiez vous-même à partir de matériaux locaux, soit quelqu’un les fabriquait pour vous, quelqu’un avec qui vous étiez lié de nombreuses autres manières. Les relations économiques étaient étroitement liées aux relations sociales. Nourriture, vêtements et tout ce qui était créé de mains humaines circulait dans des réseaux de dons, ancrant donneur et receveur dans une toile de relations. Ils confirmaient : vous êtes là. Vous êtes connecté au monde, un participant et non seulement un consommateur. Vous faites partie du réseau. Les objets qui apparaissent de nulle part, via l’achat en un clic sur Amazon, ne vous connectent pas à un être humain, un lieu ou une communauté.

William Egginton : La conscience ne peut pas être téléversée

Téléverser des esprits dans des ordinateurs n’est pas seulement techniquement impossible — l’idée même repose sur une profonde méprise de la conscience et de notre place dans la réalité. C’est ce que soutient William Egginton, dont le livre récent explore les relations entre les philosophies de Kant, Heisenberg et Borges. Traçant un parallèle entre les esprits et les singularités de l’espace-temps à l’intérieur des trous noirs, il affirme que tenter de connaître de telles choses revient à vouloir aller au-delà des simples apparences vers la réalité en soi — un projet futile, selon lui. Et si les esprits ne peuvent pas être véritablement connus, ils ne peuvent certainement pas être copiés ni téléversés dans des ordinateurs. Des futuristes comme Ray Kurzweil et Dmitry Itskov, qui visent l’immortalité cybernétique, courent après un mirage métaphysique.

Albert Low et Monique Dumont : Créer la conscience

Car cela vient avec la pensée technologique, la pensée technologique est toujours à un seul niveau, toujours à la surface. L’idée de hiérarchies de significations ou de profondeur n’existe tout simplement pas pour cette pensée. Tout est réduit à un seul niveau. Tout est approprié à son niveau approprié. Ainsi, il n’y a rien de mal dans le fait de dire : « Supposons que nous pouvons comprendre l’être humain sans avoir recours à la conscience. Supposons que nous pouvons le voir comme une machine. Et voyons en conséquence jusqu’où on peut aller dans la compréhension ». Il n’y a rien de mal là-dedans. Mais le saut de « supposons » à « c’est ainsi » est ce qui constitue pour moi une pensée superficielle.

Krishnamurti : L'identification, la peur, le temps et la liberté

Donc, pouvez-vous ne pas vous identifier et pourquoi vous identifiez-vous ? Vous comprenez ma question ? Pourquoi ? Est-ce que, par l’identification avec un autre, vous vous évadez de vous-même ? Approfondissez cela, s’il vous plaît ! Vous évadez-vous ? Ou, vous pouvez vous identifier avec un autre, parce que vous êtes solitaire, ou vous avez peur de n’être rien. Vous comprenez ? Être absolument vide, psychologiquement, je ne veux pas dire biologiquement, s’agissant de la nourriture. Est-ce que ce sont là les raisons ? Ou le fait que vous ne vous êtes jamais posé cette question et, est-ce que, si vous vous la posez, vous avez peur de vous voir en face, tel que vous êtes réellement ? Par conséquent, l’identification avec un autre devient un moyen de vous évader de ce que vous êtes. Donc, vous demandez alors ce que vous êtes ?

William Briggs : La bonne et la mauvaise manière de faire de la science (électromagnétique) : Entretien avec Hans G. Schantz

La science requiert un équilibre entre l’induction, qui consiste à dériver des généralisations à partir de cas particuliers, et la déduction, qui consiste à dériver des cas particuliers à partir de généralisations. La tendance actuelle en physique est de créer des modèles déductifs toujours plus élaborés : essayer d’écrire des équations sur un T-shirt à partir desquelles toute la réalité pourrait être déduite. Le résultat est une multitude de modèles mathématiques abstraits qui – poussés à l’extrême – ne font qu’exprimer les préjugés de leurs auteurs sur la façon dont la réalité devrait fonctionner, sans grand rapport avec la façon dont la réalité fonctionne réellement.

Brandon Keim : Comment les animaux comprennent-ils la mort

Comment les animaux comprennent-ils la mort ? C’est la question qui anime ce récit. Un ami m’a raconté que son chien avait vu son plus proche compagnon canin se faire écraser ; depuis, le chien devient inconsolable et agité chaque fois qu’ils passent devant la rue où cela s’est produit. Quelqu’un que je suis sur les réseaux sociaux a soutenu qu’il est éthiquement acceptable de tuer des animaux parce qu’ils ne savent pas ce qu’est la mort. J’ai lu le témoignage d’une primatologue qui dirige un sanctuaire pour animaux au Costa Rica ; chaque année, une guenon qu’elle avait sauvée lui présente son nouveau bébé, mais une année lui a apporté un bébé mort. Peut-être espérait-elle qu’un humain qui l’avait aidée autrefois pourrait l’aider à nouveau. Pourtant, la primatologue ne pouvait rien faire, et après plusieurs heures, la mère singe, semblant admettre sa défaite, s’est mise à hurler.

David P. Barash : Même les vers ressentent la douleur

Qui ressent le plus de douleur, une personne ou un chat ? Un chat ou un cafard ? On suppose largement que l’intelligence animale et la capacité de ressentir la douleur sont corrélées positivement, les animaux les plus intelligents étant plus susceptibles de ressentir la douleur, et inversement. Mais si notre intuition était fausse et que l’inverse était vrai ? Peut-être que les animaux moins intelligents ressentent non seulement autant de douleur, mais même davantage.