Pouvons-nous faire abstraction de toute idée, de tout concept, de toute théorie, et découvrir par nous-mêmes s’il existe un objet de l’ordre du sacré, sachant qu’il ne s’agit pas du mot, car le mot n’est pas la chose, la description n’est pas l’objet décrit — il s’agit donc de voir s’il existe un réel authentique, […]
Étiquette : Observation
Le temps c'est la pensée, entretien avec Robert Powell
En somme, la conscience sans choix doit naître sans aucune pression de l’esprit, spontanément; autrement, elle n’est pas « sans choix ». Examinez tout d’abord la question de motivation, et voyez si votre conscience sans choix est le moyen d’arriver à une fin, ou si c’est une fin en soi pour vous. Si tel est le cas, vous serez en présence de justes assises. Ne tentez pas alors de « retenir votre jugement, » c’est impossible; si vous essayez de le faire, vous ne ferez que refouler la pensée et donner plus de force à l’esprit subconscient. N’essayez pas d’être conscient. Soyez-le. Faites-en l’expérience, jouez avec, et voyez ce qui se produit; personne ne peut vous le dire, et si quelqu’un vous le disait, cela n’aurait aucune valeur pour vous. N’en faites surtout pas un problème; nous en avons déjà assez comme ça !
Roger Godel : Laisser les formes s'effacer
Cela reviens à dire ceci : l’étude du champ d’observation nous livre des lois ; dans leur énoncé réside l’intelligibilité du champ ; mais on doit reconnaître aussi, à travers leur formulation, un attribut propre à ce champ. Et ma pensée formulante – comme, d’ailleurs, mon être entier – est une particularité du champ se révélant à lui-même en termes de conscience mentale. Je suis cela : l’observateur, l’instrument et l’objet d’observation tout à la fois. Notre cerveau en fonction est une singularité du cosmos. Il porte dans l’intimité de sa structure l’inscription de la loi qui a procédé à sa genèse et dont il est l’expression vivante. En déchiffrant le monde, il se déchiffre lui-même, car la loi cosmique figure dans son plan d’organisation. Elle est manifeste dans l’arrangement du réseau et dans son jeu fonctionnel aux degrés infinis de liberté.
Robert Powell : Si la conscience ne choisit pas, qui donc est conscient ?
Maharshi nous exhorte constamment à poursuivre l’enquête « Qui suis-je? », « À qui cela arrive-t-il ? », et ainsi de suite, non parce qu’un tel « Qui » existe, mais parce qu’au cours de cette même recherche nous découvrirons son irréalité et que cette découverte mettra fin à la prévalence de l’ego. Puisque l’observateur en tant qu’entité psychologique n’est rien d’autre qu’un flux de pensées activées et maintenues par le désir, on voit déjà qu’un examen de ce qui arrive à cette entité en poursuivant la recherche du « Qui suis-je ? » doit être essentiellement la même chose que le processus de connaissance du soi dans une prise de conscience sans choix. Les deux enseignements ont comme commun dénominateur l’injonction suivante : « Trouvez d’abord qui est l’observateur, et tout s’ensuivra naturellement. »
Jean Klein : Être attentif
Regardez votre fonctionnement dès que vous êtes confronté à un problème. Vous vous apercevrez que vous ne lui donnez pas la possibilité de s’exposer, de se dévoiler entièrement ; vous jugez, comparez, interprétez, cherchant instinctivement à vous trouver en sécurité devant la difficulté. Voyez-le ; dans cette attitude, vous ne pouvez faire un avec elle, vous restez obnubilé par vos réactions, vos résistances. Si vous savez rester dans la perception directe, telle qu’elle s’est présentée à vous, elle se réfère à votre totalité, non à l’image que vous avez créée ; elle se démasque, apporte sa solution et l’action juste.
Jean Klein : Une observation non sélective
Pédagogiquement parlant, je vous conseillerais d’observer ce qui est perçu : votre corps, vos sensations, votre émotivité, vos pensées, votre entourage, tout ce qui fait partie de la manifestation ; vous verrez qu’en réalité, votre attention est distraite, partielle, meublée par la mémoire, par vos insécurités, vos peurs, vos anxiétés, etc. Cette constatation va aiguiser votre lucidité qui, par la suite, perdra son caractère volitif. Une fusion s’élaborera, à ce moment-là, entre l’observateur et l’observé. Si vous regardez avec plus d’acuité, un peu plus en profondeur, vous vous apercevrez que l’objet de votre intérêt existait uniquement parce qu’il était maintenu, alimenté par le méditant. Lorsque celui-ci perd sa qualité, l’objet en question ne trouve plus d’argument pour subsister et meurt en quelque sorte. Seule la disparition du contrôleur permet donc une véritable transformation.
L’ambigüité humaine entretien avec le professeur Maurice Auroux
L’animal est agressif pour survivre. Tandis que dans notre agressivité… toutes les structures cérébrales sont représentées. Il n’y a pas une structure cérébrale qui ne soit en relation avec les autres. Alors notre agressivité va passer par notre néocortex et c’est paradoxal puisque notre néocortex est le siège de la raison, de la réflexion, de l’imagination, bref, de ce qui nous caractérise. Notre agressivité n’est pas celle de l’animal vis-à-vis d’une proie qui s’échappe et qu’il poursuit parce qu’il a faim : nous, nous sommes capables d’agresser parce que notre imagination, l’idée que nous avons de nous-même peut nous entraîner, via l’affirmation de soi, à devenir violent.
Jean Klein : L'ineffable béatitude
Explorer à mon sens, signifie prendre note, discerner l’effet des choses sans passer par l’affirmation, la manipulation, l’organisation. Il est donc nécessaire d’occuper un poste d’observation non pollué par la pensée, la mémoire avec un lâcher-prise total vis-à-vis du connu. Cela correspond un peu, je crois, à un état d’admiration : nous sommes ouverts, réceptifs, accueillants. Maintenant, comment devenir conscient de notre mode de fonctionnement, dans notre investigation ? Nous constatons facilement notre distraction. De plus, nous sommes superficiels, peu tenaces dans nos résolutions et nous anticipons, évaluons, comparons, jugeons, concluons constamment. Au fond, nous ne connaissons pas beaucoup l’objet que nous étudions. En d’autres mots, nous avons quitté l’ouverture, l’état d’admiration. Lorsque vous aurez compris combien ce processus est illusoire, vous serez spontanément dégagé de tout schéma, renvoyé à vous-même. Au cours de ces quelques instants pendant lesquels votre mémoire n’est pas intervenue, vous étiez libre, parfaitement présent.
Jean Klein : Qui connaît la personnalité ?
Le moins ne peut discerner le plus, la personne est dans l’impossibilité de comprendre étant elle-même une perception. Je me demanderais à votre place : Qui connaît la personnalité ? Elle est en grande partie composée d’éléments qui assurent la survie en tant qu’individu, de choses apprises, d’éducation, d’expériences. C’est un produit de la société avec lequel vous vous identifiez. Je poserais plutôt la question d’une autre manière : Quelle est la lumière qui l’éclaire, qui est derrière toute représentation ? Vous ne trouverez jamais la réponse, mais vous serez saisi par un silence, présence ultime qui se suffit à elle-même.
Jean Klein : Écoutez sans interpréter
En tout cas, dans l’enseignement qui vous est ici transmis, les mots sont seulement une image, écoutez-les sans les interpréter, afin de sentir ce qui est derrière, ce qui passe par leur intermédiaire. Laissez vivre la formulation sans intervenir, sinon, ce que l’on a entendu devient intellectuel, on cherche à s’en souvenir ; or, ces phrases sont déjà mortes, la mémoire est un cimetière.