R.P. Kaushik : L’origine de la pensée

Ce moi, ce penseur, n’a donc rien de noble ni de merveilleux ; ce n’est qu’une pensée limitée. Mais, dès que la pensée se préoccupe de sa propre survie, celle du penseur ou de l’âme, le chaos et la confusion commencent. Certains s’investissent dans leurs enfants, d’autres dans leur église ou leur temple, d’autres dans leur pays, d’autres encore dans des credo, comme le communisme ou le fascisme. Soit vous mourez pour vos enfants, soit vous mourez pour votre pays ou votre religion, et alors vous aurez la vie éternelle. La pensée est si rusée ; elle ne meurt que pour survivre. L’aspect le plus dénué d’intelligence de la pensée est qu’elle détruira le corps pour survivre elle-même.

Krishnamurti : Être libre, c’est ne pas s’identifier

Nous nous demandons s’il y a une chose telle que la liberté. Et, aussi longtemps que l’esprit, la pensée, la sensation, les émotions, s’identifient à un objet particulier, un meuble, un être humain ou une croyance, y a-t-il liberté ? Évidemment non ! Du moment que vous vous identifiez à quelque chose, vous niez la liberté. Si — parce que j’aime l’idée de quelque être suprême, avec tout ce qui s’en suit — je m’identifie avec cette chose, et je prie cette chose et je l’adore, y a-t-il liberté si peu que ce soit ? Donc, nous découvrons qu’il n’y a pas de liberté aussi longtemps qu’un processus d’identification se poursuit. D’accord ? S’il vous plaît, les mots sont dangereux ; si je puis le suggérer, ne traduisez pas ce qui est dit avec vos propres mots, dans votre propre langage, selon votre propre opinion, mais écoutez réellement les mots dont nous nous servons, parce que nous sommes alors en communication directe.

Krishnamurti : L’observateur est le mouvement du passé

Ainsi, il y a en nous-mêmes, cette division, l’observateur et l’observé, qui est dualistique. Vous suivez ? Et nous sommes conditionnés par l’éducation, la culture, et tout ce qui s’en suit, par la religion, la prétendue religion, à maintenir cette division, pour voir Dieu. Vous n’êtes rien. Vous suivez ? À maintenir toute cette division, qui est le corridor des opposés. Et quand il y a ce corridor des opposés, il doit y avoir conflit, effort, entraînement. Donc, il est absolument nécessaire de comprendre qu’il faut qu’il y ait seulement observation, non l’observateur essayant de contrôler, d’avoir la haute main sur l’observation, sur ce qui est observé.

Gary Lachman : La Bête du Bowery

Il n’est pas surprenant que j’aie découvert Crowley en jouant dans un groupe de rock. Presque dix ans plus tôt, les personnes les plus célèbres du monde l’avaient mis sur la pochette de leur album le plus célèbre. Il s’agissait bien sûr des Beatles, qui avaient placé Crowley — avec C. G. Jung et Aldous Huxley — parmi les « gens que nous aimons » sur la pochette de Sgt Pepper’s Lonely Hearts’ Club Band. Je connaissais l’album — je l’avais écouté religieusement à un moment donné — mais, avant d’emménager dans le Bowery, je ne savais rien de Crowley. Je n’ai pas tardé à le découvrir.

Krishnamurti : À propos de la guerre

Est-il possible d’avoir la paix sur cette terre ? C’est un cri qui résonne depuis des millénaires. Il y a deux mille cinq cents ans, le Bouddha parlait de paix, bien avant l’avènement du christianisme. Et nous en parlons encore aujourd’hui. Alors, en prenant conscience de tout cela, que pouvons-nous faire ? Les efforts individuels pour vivre en paix n’ont pas d’effet sur le monde entier. Vous pouvez vivre paisiblement dans cette belle vallée, tranquillement, sans trop d’ambition, sans trop de corruption, sans trop de compétition, simplement en vivant ici tranquillement, peut-être en vous entendant bien avec votre femme ou votre mari. Mais cela aura-t-il un impact sur la conscience humaine dans son ensemble ?

R.P. Kaushik : Le processus créatif

Si vous avez un but, il n’y a pas de mouvement, pas de vie d’instant en instant, il n’y a que la poursuite d’une fin. Avec une approche métaphysique de la réalisation de Dieu ou de la fusion avec la réalité suprême, toute cette vie devient dénuée de sens. Les mots deviennent alors importants. C’est ainsi que fonctionne la pensée : de sa limitation, elle projette une dimension illimitée. À partir de son impermanence, la pensée projette une structure permanente et essaie ensuite de rechercher le permanent. Elle cherche l’illimité, s’identifie à lui et dit : « Je suis rentré chez moi ». La pensée considère la structure permanente comme l’opposé de l’impermanent ou du temporaire. La pensée ne sait pas ce qu’est l’éternité…

nous-mêmes ?" : "Pourquoi sommes nous préoccupés

nous recherchons sérieusement pourquoi les êtres humains, avec ce monde merveilleux autour d’eux, la beauté, l’extraordinaire nature, la qualité de l’eau, les oiseaux, la mer et la terre, et le ciel et les cieux au-dessus d’eux, pourquoi ils ont réduit toutes ces choses à ce petit atome étroit, à cette petite chose, et pourquoi ils écrivent d’énormes livres à son sujet et cherchent comment s’en débarrasser, que faire, quelle pratique adopter, comment méditer, se sacrifier, se renier, s’interdire la nourriture, jeûner, faire toute chose pour se débarrasser du petit « moi ». Il y a cette futilité du sacrifice, cette futilité du déni du « moi » et de l’identification à quelque chose d’autre, à la famille, à la nation, à une croyance, à un dieu, à ce qui est international — vous suivez ? — ces innombrables formes d’identification qui ne résoudront pas le problème. Qu’est-ce qui dissoudra cette chose qui est si corruptrice, qui est toujours à la recherche du pouvoir, d’une position, de l’autorité, qui s’empare pour elle-même, de toute chose, qui utilise le savoir comme un moyen pour obtenir davantage de succès, davantage de pouvoir, davantage de satisfaction, etc. ?

Robert Linssen : Dialogue sur la Vie, l'Amour et la Philosophie

Nous devrions nous poser avec une grande force la question : « qui suis-je » ? Suis-je seulement ce corps né il y a quelques années et mourant dans quelques années ? Suis-je seulement cet ensemble de mémoires héritées ou acquises; suis-je seulement cet ensemble de pensées, de passions, d’aspirations nobles de désirs, d’émotions sublimes ou de voluptés ? Pour vous dire franchement le fond de ma pensée, nous sommes infiniment plus que cela !

R.P. Kaushik : Enquête sur le néant

Lorsque vous avez cessé de la décrire et de fuir par le plaisir, les rituels, les dogmes et les croyances, vous vous retrouvez face à ce néant. Regardons maintenant ce néant : voici ma solitude, voici mon néant. Je le vis totalement, complètement, parce que mon esprit a cessé de le décrire. Mon esprit reconnaît aussi la nécessité de l’affronter parce qu’il ne peut s’en échapper. Dès que mon esprit cesse de le nommer, de fuir, d’y penser, que se passe-t-il ? Qu’arrive-t-il à l’observateur ? Comprenez bien la nature de l’observateur. L’observateur est l’accumulation du savoir passé, des expériences, des émotions, des plaisirs et des rituels. Lorsque tous ces éléments disparaissent, où est l’observateur ?

Krishnamurti à propos du yoga

Si vous faites du yoga, vous ne devez faire aucun effort, ne pas forcer le corps. Si vous forcez le corps, ce n’est pas du yoga, donc faire quelque chose sans effort. Se tenir droit sans plier les genoux, toucher le sol peut prendre une semaine ou plus, mais ne faites pas d’effort. Dès que vous faites un effort, vous forcez les muscles, qui deviennent donc tendus, déformés.