Denise Greindl : Une romancière définit le dépouillement

Le thème ? Une jeune femme médecin aime un reporter britannique rencontré à Hong-Kong, un reporter charmant mais affublé d’une épouse et de nombreux enfants. C’est tragique. Leur amour est profond, vrai. Leur désir de ne plus se quitter s’accroit chaque jour. C’est presque un prélude à la béatitude. Ils s’aiment, se découvrent en devenant l’un pour l’autre de plus en plus précieux. Ils s’aiment et cela suffit.

Maryse Choisy : Teilhard et l'Inde

Teilhard veut « psychiser » la matière, car la forme supérieure d’existence et l’état final d’équilibre pour l’étoffe cosmique est d’être pensée . Il veut donc sauver la pensée du monde et par là donner un sens nouveau au monde. Il veut rapporter la terre à Dieu et ainsi donner une valeur à la terre. Dans ce dépassement, sans le savoir, il rencontre les Oupanishads.

George Magloire : L'unité de la vie

Le dynamisme qui soulève la matière est l’Amour. L’univers dès lors n’est pas une énormité angoissante. Il n’est pas absurde. Il est une montée vers l’esprit, une Noogenèse, une histoire qui possède un sens et nous dirons avec le chrétien Pierre Teilhard de Chardin, une histoire qui possède un visage et un cœur.

Maryse Choisy : L'amour dynamique de l'histoire et son sens nouveau chez Teilhard

Pierre Teilhard ignorait totalement Vivekananda. Je lui soumis le texte qui suit, extrait du Bhakti yoga, en lui disant : « Voyez comme cet homme vous ressemble et vous imite, combien ce texte a des accents teilhardiens! » Il écouta attentivement : « N’est-il pas évident que cet univers n’est qu’une manifestation de l’Amour ? Qu’est-ce qui fait que les atomes s’unissent aux atomes, les molécules aux molécules et que les planètes se précipitent l’une vers l’autre ? Qu’est-ce qui attire l’homme vers la femme et la femme vers l’homme, les animaux vers les animaux et qui attire en quelque sorte le monde entier vers un Centre ? C’est ce qu’on appelle l’Amour ». « …l’Amour, unique force motrice qui soit dans l’Univers. » « … Chose curieuse à dire c’est au nom de ce même amour que le voleur vole et que le meurtrier tue. Dans ce cas l’esprit reste le même, la manifestation seule est différente. » Et le texte se terminait par : « L’Amour cette force de l’Univers sans laquelle l’Univers tomberait en pièces en un instant. » « Cet Amour est Dieu. »

Paul Chauchard : L'amorisation : un fait, un devoir

Dans le vivant, on peut parler d’un niveau biologique automatique et inconscient de l’amour de soi, cette force d’harmonisation et d’intégration qui pousse au maintien de la vie soit dans les régulations internes (sagesse du corps) soit dans les comportements instinctifs défensifs, un amour de soi qui est amour de l’espèce, se prolongeant dans les automatismes de la reproduction, l’amour au sens sexuel. Cet amour biologique est d’autant plus développé que l’être est plus complexement organisé, mais il se manifeste déjà chez les unicellulaires dont le comportement est un vrai psychisme inférieur. Viaud n’a-t-il pas montré que dans les tropismes, il y avait une part affective, la fuite devant le désagréable qu’il appelle du nom significatif de pathie ? Cet amour de soi inconscient se manifeste plus encore dans le développement où il s’agit de la construction et de la réalisation de soi.

Mariette Gerber : L'amour et la différence dans le couple

Il se peut que pour l’un des deux êtres cette négation du « soi » se poursuive au delà de l’acte d’amour : c’est l’abnégation, le renoncement à soi. Dans ce cas, cette passion aura porté en elle le germe de sa propre fin, puisque l’assouvissement du désir arrive à déterminer l’autre comme indifférent, détruisant ainsi le motif profond de son penchant. Pour survivre, il ne reste plus à l’« autre » détruit qu’à devenir le servant idolâtre du « soi » triomphant.

Maurice Lambilliotte : Voir et Aimer

Voir est un acte. Un acte constant. Il fait partie de notre vie à chacun. Il doit en être de même d’aimer. Et ici encore, les mots ne peuvent qu’édulcorer, sinon déformer, le sens d’un impératif que nous voudrions précisément faire percevoir par chacun comme impératif. Il ne suffit pas, en effet, de dire qu’il faut irriguer toutes les activités mentales, par un constant état d’amour, qui soit un état de reliance au plus intime de nous-même, au cœur de notre silence intérieur, avec la source irradiante de la Vie. Il ne suffit pas d’appeler chacun à découvrir en soi, cette extraordinaire présence de la Vie, de l’unité de la source d’où jaillit, d’où émerge toute création, et, bien au delà de nos catégories mentales qui, dès lors, doivent être ramenées à leur ordre de grandeur et d’importance réelle : ce qu’il importe surtout, c’est de rechercher les voies capables de faciliter, à chacun, cette perception de la présence intérieure de la Vie.

Robert Linssen : Krishnamurti

Comment arriver à la réalisation de cet état d’être naturel, extatique dans lequel l’individuel s’est peu à peu transmué en l’universel ? Comment le réaliser sans la méditation ? C’est la question qui se posent à tous ceux qui ont lu Krishnamurti. Cette question n’a pas à se poser. Krishnamurti ne nous a jamais dit de ne pas méditer. Mais sa position vis à vis de la méditation est différente des attitudes classiques. Et nous en déduisons arbitrairement qu’il s’oppose à la méditation. Bien au contraire. Pour lui, la vie doit être une méditation constante. Son appel continuel à un éveil de tous les instants, à une lucidité intensément éveillée à chaque seconde n’est-il pas la preuve d’une attention continuelle accordée au Réel.

Madeleine Groffier : Spiritualité et vie pratique

Lorsque nous croyons aimer un être, c’est nous que nous aimons à travers une image, c’est notre joie que nous servons lorsque nous souhaitons l’avoir auprès de nous. Nous pouvons dire que nous « aimons » quand le bonheur de l’être cher trouve en nous une égale résonnance, que ce bonheur lui soit donné par notre amour ou par celui d’un autre. Lorsque son départ vers une autre affection nous fait goûter l’extase que ne vient plus ternir aucune mélancolie, nous faisons l’expérience de la Totalité au-dedans de nous-mêmes et nous ne demandons plus à aucun guide le moyen sûr de la réaliser.

Frédéric Lionel : Le bonheur, un état d'âme

Le dictionnaire définit le bonheur comme une parfaite satisfaction intérieure, définition contestable, puisqu’elle fait penser à un égocentrisme vaniteux auxquels font appel politiciens, sociologues ou technocrates, proposant d’innombrables recettes pour l’atteindre, sans jamais être découragés par leurs insuccès. Le poète conseille de vivre caché pour vivre heureux, ce qui implique qu’une attaque extérieure pourrait détruire le bonheur. Est-il donc vulnérable et, dès lors, qu’est le Bonheur ?